Dans notre chronique de la séminaire du 28 novembre 2022, notre expert en transports maritimes Sékou CAMARA revient sur les conséquences du développement des transports maritimes et toutes les révolutions technologiques constatées. Selon lui, le développement du transport maritime a induit le développement de secteurs économiques telles que les ressources animales et végétales d’origine aquatique.
Ces ressources d’origine aquatique désignés sur le vocable de Produits De la Mer (PDM) ont connu, poursuit Sékou CAMARA, une évolution durant cette période tant dans leur capture, que dans leurs acheminements pour différents buts, à savoir la consommation directe, la transformation, le conditionnement, etc…. Cette évolution a concerné également les différents acteurs impliqués dans ce commerce international actif. Ci-dessous ses observations.
Les premières analyses issues des recherches (effectuées sur 20 ans, de 1984 à 2004) révèlent que le volume de PDM objet des échanges, est de l’ordre de 35 à 40% de la production mondiale, avec une tendance à la hausse de ce taux quantitatif.
La deuxième remarque majeure est que l’on constate également un changement au niveau des sens de circulation des produits ; les pays du nord (Etats Unis, Norvège, Canada, Danemark, …) qui étaient les principaux exportateurs se sont vus remplacés par les pays du Sud et d’Asie (Thaïlande, Chine, Vietnam, Indonésie, Chili, etc…)
Toutes ces mutations s’expliquent par les facteurs suivants :
– Changement au niveau des consommations ;
– Espèces par zone géographique ;
– Surproduction ;
– Forte urbanisation dans les pays du Nord et pays développés ;
– Etc…
Un autre constat majeur est que les échanges au niveau des PDM se font des pays du Sud (pauvres) vers les pays du Nord (riches). Cela ne signifie nullement que les pays du Nord ne sont pas exportateurs (comme les USA, l’Espagne, la France, etc…) et que aussi les pays du Sud ne sont pas importateurs. Il faut aussi noter les échanges inter-régionaux (intra-africain/intra-asiatique).
Comme toute activité commerciale, l’évolution du marché des PDM est basée sur l’adéquation de l’offre et de la demande. Ainsi les importations sont induites vers les régions à forte demande tant en quantité qu’en nature par rapport aux besoins de la consommation. Au-delà des facteurs liés à la nature et à la spécificité de ce marché, l’on relève d’autres intervenants dites facteurs externes à l’environnement halio-aquacole et qu’on peut qualifier de « facteurs humains ». Les stratégies pour certains, les décisions et actions pour d’autres vont réguler et/ou influencer le secteur ; ce sont entre autre les acteurs, l’évolution technologique et les inégalités géoéconomiques :
1. Les acteurs
– Les Etats aux travers de l’élaboration et l’application des règlementations en matière de pêche ;
– Les Industriels (sociétés de transformation et distribution) suivant leurs stratégies commerciales ;
– Les ONG et autres organisations environnementalistes qui constituent des groupes de pressions dont l’idéologie influe le secteur.
2. Les évolutions technologiques
Les PDM ont la particularité d’être des denrées hautement périssables et un des défis majeurs est leur conservation depuis la pêche jusqu’au niveau du consommateur et/ou des transformateurs. Alors se sont succédées une série de révolutions dans le secteur agro-alimentaire pour relever ce défi : l’appertisation (début du 19ème siècle) en passant par la réfrigération plus tard, pour aboutir dans la deuxième moitié du 20ème siècle, à la congélation. La généralisation de la congélation a par conséquent permis l’extension du marché avec les progrès enregistrés en matière de transports.
3. Les inégalités géoéconomiques
Les disparités économiques (en matière salariale, fiscale, règlementaire, …..) entre les continents d’une part et entre les pays d’autre part, dans le contexte de la mondialisation constitue un facteur influençant les différents segments du secteur à savoir la pêche, le transport et la transformation.
L’évolution des échanges de PDM appelle à nous intéresser aux problèmes et enjeux alimentaires, économiques, sociaux, environnementaux et territoriaux. Un clin d’œil particulier aux questions de sécurité alimentaire avec l’internationalisation du marché ainsi que la labélisation pour le respect des normes sanitaires.
« Cette réflexion met en évidence l’intégration totale de la pêche et l’aquaculture à l’économie mondiale » conclut Sékou CAMARA.
Philippe Kouhon
