Pour la énième fois, le président du Front populaire ivoirien (FPI) s’est retrouvé devant la presse nationale et internationale. Ce mardi, Pascal Affi N’Guessan a dépeint un sombre tableau de la situation sociopolitique en Côte d’Ivoire. Et a, à nouveau, proposé un gouvernement d’union pour une transition politique qui aura pour mission d’organiser les États généraux de la République. Afrikipresse vous livre de larges extraits de ses propos.
« …Le triste tableau de la situation nationale que je viens de présenter me conforte dans l’appel que j’ai lancé le 18 janvier 2016 pour la mise en place urgente d’un gouvernement d’Union Nationale et de Transition
En effet, Alassane Ouattara et ses gouvernements successifs ont échoué à restaurer la paix, la stabilité, et la prospérité dans notre pays.
Ils ont échoué à réconcilier les Ivoiriens, à restaurer l’unité nationale et la cohésion sociale. Ils ont échoué à promouvoir une justice indépendante, impartiale et crédible. Ils ont échoué à bâtir une armée républicaine unie dans un même esprit, à garantir la stabilité du pays et à assurer la sécurité des personnes et des biens.
Ils ont échoué à reformer l’économie, à conduire une saine gestion des deniers publics et à préserver le pays de la corruption, du népotisme et du clientélisme.
Ils ont échoué à améliorer les conditions de vie des Ivoiriens, à créer des emplois et à améliorer les revenus des travailleurs, à combattre la cherté de la vie, à démocratiser l’accès à l’éducation, à la formation professionnelle, aux soins de santé, à des logements décents, etc…
Ils ont échoué à restaurer l’image et le prestige de notre pays. Ils ont divisé les Ivoiriens. Ils viennent de faire exploser l’armée.
Leurs choix stratégiques dictés par le ressentiment, la soif de vengeance, la logique de prédation et l’esprit de clan ont conduit le pays dans l’impasse.
Un gouvernement clanique ne peut engendrer qu’un Etat clanique.
Un gouvernement des vainqueurs ne peut servir que les intérêts des vainqueurs au détriment de l’unité nationale et de l’intérêt général.
Un gouvernement de prédateurs et de profiteurs ne peut produire qu’un régime corrompu, violent et liberticide.
Un pouvoir autocratique ne peut produire un régime démocratique. Le malheur de la Côte d’Ivoire, c’est son gouvernement. Pour que le malheur cesse, il faut que le gouvernement change.
Dans les circonstances particulières que traversent la Côte d’Ivoire, pour que l’Etat soit neutre, impartial, démocratique et républicain, il faut que par la disposition des choses, le gouvernement ne soit pas l’otage et l’instrument d’un clan. Pour mettre fin à la division entre les fils et les filles de ce pays, aux affrontements intercommunautaires pour restaurer la confiance entre le peuple et les Institutions de la République, pour juguler la corruption envahissante, garantir les libertés et les droits de l’Homme, le Gouvernement de la République doit être l’émanation de tous. D’où mon appel pressant à la mise en place d’un gouvernement d’union nationale et de transition impliquant toutes les forces vives de la nation.
La neutralité et l’impartialité de ce gouvernement seront garanties par sa nature, sa composition équilibrée des différentes forces politiques et sociales.
La mission de ce gouvernement dont le mandat serait limité dans le temps (2 à 3 ans) serait :
Dans l’immédiat :
– Par sa composition, de restaurer la confiance des ivoiriens dans le jeu politique et dans la classe politique ;
– De conclure une trêve avec toutes les organisations politiques, militaires, syndicales et sociales impliquées dans la crise et d’engager les négociations en vue de la résolution durable des problèmes auxquels les populations ivoiriennes sont confrontées;
– d’assainir l’environnement, et de normaliser la vie politique et sociale à travers la libéralisation de tous les prisonniers politiques, civils et militaires ;
– d’organiser le retour de tous les exilés et déplacés de guerre, le dégel total des comptes bancaires et des avoirs de toutes les personnes concernées par ces mesures ;
– d’apaiser les cœurs et de préparer la réconciliation nationale.
A court et moyen terme :
– d’organiser les Etats Généraux de la Républiques (EGR), un dialogue national inclusif pour fonder la réconciliation nationale, proposer des réparations sans discriminations pour toutes les victimes des graves évènements que le pays a connu ces quinze (15) dernières années, ainsi que tous moyens pouvant contribuer à guérir des traumatismes subis ;
– de procéder à la réécriture de la Constitution ;
– d’adopter les reformes législatives nécessaires à la consolidation de l’Etat de droit ; de la cohésion sociale, des libertés et de la démocratie ;
– de Refonder les armées nationales et le Système de Sécurité nationale (RSS) ;
– etc.
Il y a plusieurs formes de transition : des transitions violentes et houleuses, voire insurrectionnelles parce qu’une des parties en présence refuse obstinément l’ouverture et des réformes attendues par tous ; des transitions pacifiques, fruit du bon sens de l’intérêt national et de l’amour de la patrie, pourquoi pas dans le respect des Institutions.
Je propose une transition pacifique à la paix, à la cohésion nationale et à la démocratie.
J’appelle au rassemblement et à l’action unitaire de toutes les forces politiques et sociales que la situation chaotique que vit notre pays afflige, afin de répondre, unis et forts, à l’ardent désir de changement de notre peuple.
Le peuple est dans la rue et crie sa souffrance. Là se trouve notre place pour la renaissance de notre pays ».
Une Sélection de Chris Monsékéla