Afrikipresse
    SportSports

    Taekwondo ivoirien : sur les traces de la française Marlène Harnois et des acteurs de l’ombre du succès

    Taekwondo ivoirien : sur les traces de la française Marlène Harnois et des acteurs de l’ombre du succès
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 6 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    Le 19 août 2016 est un jour qui marquera l’histoire du sport ivoirien ! Ce jour-là, à Rio, deux Ivoiriens remportent deux médailles olympiques, l’or pour Cheik Cissé et le bronze pour Ruth Gbagbi. Ces résultats viennent récompenser le travail de la Française Marlène Harnois, médaillée de bronze aux Jeux de Londres il y a quatre ans, qui a aidé au développement de la discipline en Côte d’Ivoire via sa fondation.

    Jusqu’à présent, la Côte d’Ivoire n’avait remporté qu’une seule médaille, l’argent, aux Jeux Olympiques de Los Angeles, en 1984, en athlétisme, sur le 400m avec Gabriel Tiacoh.

    Cissé et Gbagbi sont allés au bout de leur rêve olympique, sans grands moyens , ni aide excessive , car si le taekwondo est un sport très populaire en Côte d’Ivoire, la fédération de taekwando n’a pas d’argent, comme de nombreuses fédérations sportives. Le sport n’est-il pas le parent pauvre des politiques gouvernementales en Côte d’Ivoire ?

    Une réussite due à la Française Marlène Harnois

    Tout commence le 31 décembre 2014, moins de 2 ans avant les JO de Rio. En guerre avec la Fédération Française de Taekwando, Marlène Harnois décide, pour se changer les idées, de prendre quelques jours de vacances en Côte d’Ivoire et passer le réveillon du 31 décembre 2014 à Abidjan. Pour tous ceux qui s’intéressent aux arts martiaux, chacun sait qu’il existe, en Afrique, des combattants fabuleux, entraînés par des professeurs remarquables, que ce soit en judo, karaté ou taekwando. Il suffit de se rendre dans un dojo (judo) et dojang (taekwondo) pour se rendre compte du merveilleux travail accompli par les professeurs d’arts martiaux, alors qu’ils ne disposent d’aucun moyen. Jean-Yves Garnault, conseiller spécial du ministre des Eaux et Forêts, lui-même ancien professeur de judo, lui fait visiter plusieurs dojos pour lui montrer l’absence de moyens dans des clubs qui sortent pourtant de formidables combattants pourvoyeurs de médailles aux Jeux africains.

    Lorsqu’elle se rend, par hasard, dans le club d’entraînement de Cissé, Marlène Harnois fait le même constat. Parlant du taekwondo, elle découvre des combattants qui « s’entraînaient à même le béton, sans plastrons ni le moindre équipement et pourtant (…) hyper forts » avec le potentiel pour de « futurs médaillés olympiques ».

    Marlène Harnois choisit alors de s’installer à Abidjan, de s’y investir totalement pour promouvoir les valeurs du sport, de l’olympisme et du taekwondo. Elle offre des équipements, organise des stages, donne des conseils à ceux qui, dans les dojos, ont « la force d’y croire et de croire en eux-mêmes », comme Cissé ou Gbagbi.

    Marlène Harnois, une championne et une femme exceptionnelle

    Née à Montréal (Canada) Marlene Olivia Harnois, naturalisée française en 2008, sera médaillée de bronze en taekwondo, le 9 août 2012, aux Jeux Olympiques de Londres. Elle est également médaillée mondiale, double Championne d’Europe, Championne du Monde universitaire et Championne du Monde francophone.

    Athlète d’exception, elle devient, à la fin de sa carrière, ambassadrice de diverses fondations, dont la vocation est de promouvoir les valeurs du sport, de la culture et de l’éducation, au sein de la francophonie.

    En Afrique de l’Ouest, elle se consacre au développement du taekwondo et à la réalisation de bibliothèques sociales. Le sport est, selon elle, un formidable vecteur d’intégration et de promotion sociales. Les jeunes des quartiers défavorisés d’Abidjan, qui font preuve de courage et de volonté, méritent d’être encouragés et accueillis dans des stages de taekwondo qu’elle encadre bénévolement. Elle collecte des fonds pour financer l’achat de matériel sportif. Elle récolte aussi des livres et des cahiers scolaires. Chez Marlène Harnois, sport et éducation scolaire vont de pair et contribuent à donner à l’homme la part de dignité qui lui revient. Comment ne pas mentionner le président de la fédération Bamba Cheick Daniel, qui a organisé un championnat mondial de la disciple en Côte d’Ivoire. L’homme a cru en ces jeunes, et en l’avenir de cette discipline dans son pays. La Côte d’Ivoire lui doit une fière chandelle.

    Ruth Gbagbi, médaille de bronze le 19 août 2016 à Rio

    Déjà présente à Londres, Ruth Gbagbi, née à Abidjan, commence bien son tournoi dans les moins de 67 kg. Obligée de passer par les repêchages, elle gagne les combats suivants pour emporter la médaille de bronze. La taekwondoïste ivoirienne dira « être allée au bout de ses rêves ». Cette médaille vient récompenser des années de travail et de sacrifice.

    Cheick Cissé, médaille d’or le 19 août 201 à Rio

    Soutenu par le public brésilien, le taekwondoïste , va survoler sa catégorie jusqu’à la finale, où il est mené de 2 points à une seconde de la fin. Il tente alors un « high kick » : Coup de folie ? Coup de génie ? Peu importe Cheikh Cissé gagne son combat et devient le premier ivoirien médaillé d’or olympique.

    Cissé tient à rappeler la philosophie du taekwondo : « On travaille à l’entraînement ce genre de situations où il reste très peu de temps et où on est menés. Jusqu’à la dernière seconde, tu fais ce que tu sais faire. Il ne faut jamais renoncer, toujours croire en ses rêves », Toujours croire en ses rêves, c’est ce que lui a appris Marlène Harnois, Cissé tient à rappeler qu’il s’est entraîné sans moyens, « avec des bouts de ficelle ». Il y a 6 mois, il ne pointait qu’à la 60è place mondiale. Comme quoi, tout est possible avec du courage, de la volonté et de la discipline.

    Un premier champion olympique, une médaillée de bronze, soit deux médailles le même jour, en moins de 30 mn : grâce au taekwondo, la Côte d’Ivoire entre, le 19 août 2016, dans la légende du sport olympique.

    Les spécialistes se souviennent encore de Gabriel Tiacoh et de sa course légendaire sur 400 m à Los Angeles. YouTube diffuse encore les images de cette course. Médaillé d’argent, Gabriel Tiacoh est le premier athlète ivoirien, médaillé olympique de l’histoire.

    Ni Tiacoh, ni Gbagbi, ni Cissé ne doivent faire oublier la situation des sports mineurs ivoiriens , parent pauvre de tous les budgets d’État dans ses trois composantes : le sport de haut niveau, le sport loisir, le sport comme vecteur de santé publique.

    Au-delà du sport de compétition, les champions sortent toujours de la masse, la pratique du sport est pour tous les Ivoiriens, une question de santé publique.

    Quelles récompenses pour Gbagbi et Cissé ?

    Les deux médaillés ivoiriens ont dédié leur victoire au Président de la République , Cissé déclarant qu’il accrocherait sa médaille au cou d’Alassane Ouattara. On peut supposer que l’État ivoirien leur attribuera une prime qui leur permettra de vivre un peu plus décemment. Mais, après l’euphorie des victoires, vient souvent le temps de l’oubli. Rappelons que dans les arts martiaux, il n’y a pas d’argent.

    Charles Kouassi

    Réagir à l'article
    Recrutement ARSTM

    Publiés récemment

    Changement climatique, inondations : De nouvelles fonctionnalités d’anticipation dévoilées

    Changement climatique, inondations : De nouvelles fonctionnalités d’anticipation dévoilées


    Yopougon : Adama BICTOGO annonce une vaste opération de curage de caniveaux

    Yopougon : Adama BICTOGO annonce une vaste opération de curage de caniveaux


    Côte d’Ivoire : Le gouvernement consulte les usagers du transport aérien

    Côte d’Ivoire : Le gouvernement consulte les usagers du transport aérien


    Côte d’Ivoire et États-Unis : Une alliance renforcée pour la protection de l’enfance

    Côte d’Ivoire et États-Unis : Une alliance renforcée pour la protection de l’enfance


    LU POUR VOUS by CoolBee Ouattara : Liens de sang de Sékou Ouattara

    LU POUR VOUS by CoolBee Ouattara : Liens de sang de Sékou Ouattara


    Grand-Lahou : Une révolution agricole au service des jeunes et de l’environnement

    Grand-Lahou : Une révolution agricole au service des jeunes et de l’environnement



    À lire aussi