Plusieurs politiques publiques sont de nature à maintenir les pauvres dans la pauvreté. Étrangement ce sont des politiques qui au premier abord pourraient paraître attractives. On peut en citer au moins sept.
Etendre le champ de l’État providence
La première recette consiste à créer des incitations qui poussent les pauvres à prendre des décisions qui les empêchent de sortir de la pauvreté. Une étude réalisée en 2012 par le secrétaire à la protection sociale de la Pennsylvanie a analysé les décisions auxquelles sont confrontés les individus et les familles inscrits dans divers programmes d’aide sociale étatiques. L’étude a par exemple montré qu’une mère célibataire ayant deux enfants âgés de 1 et 4 ans, disposant d’un salaire annuel de 29000$, serait éligible à des aides gouvernementales d’environ 28 000 $ (Medicaid, chèques-logement et garderie subventionnée). Ainsi, si elle trouve un travail mieux rémunéré, ou travaille plus d’heures, elle risque de perdre des aides substantielles. Face à cette situation, de nombreuses personnes choisissent naturellement de recevoir des prestations plutôt que de tenter d’augmenter leurs salaires. D’évidence, ce «filet de sécurité sociale» crée des incitations économiques perverses, et piègent les bénéficiaires dans la trappe de l’assistance sociale. S’enlisant dans le segment des emplois de bas niveau, ils deviennent inaptes au travail. C’est un cycle vicieux qui maintient les gens pauvres et dépendants de l’État.
L’Etat providence a en plus un impact négatif sur la cellule familiale. Les programmes d’aide sociale on tendance à diviser les familles. L’argent injecté par le gouvernement dans le budget familial rompt une certaine dépendance au sein des couples pour subvenir aux besoins de la famille. Depuis que l’on a renforcé les programmes d’aide sociale dans les années 1960, le taux de naissances hors mariage a triplé. En Caroline du Nord, les familles ont environ cinq fois plus de chances de vivre dans la pauvreté lorsqu’il n’y a pas de père à la maison.
Instaurer une politique fiscale progressive
Autre recette pauvreté : l’État providence par le biais de taxes punitives pour l’emploi et la création de richesse. En effet, l’ingrédient essentiel de la croissance économique, et donc du recul de la pauvreté, réside dans les gains de productivité réalisés grâce à l’investissement en capital. Les impôts élevés prélevés sur les entreprises rentables et les petites entreprises découragent les investissements en capital. Les entreprises préfèrent donc ne pas trop développer leurs activités ou s’expatrier dans des pays plus favorables à l’investissement. Ainsi, les opportunités d’emploi se tarissent.
Augmenter le salaire minimum
Le salaire minimum imposé par le gouvernement est aussi facteur d’augmentation de la pauvreté. La loi de l’offre et de la demande nous dit que plus le prix d’un bien ou d’un service est élevé, moins il sera demandé (toutes choses étant égales par ailleurs, bien sûr). L’augmentation du salaire minimum rendra de plus en plus cher l’embauche de personnes peu qualifiées. En même temps, les salaires plus élevés attireront davantage de demandeurs d’emploi disposés à fournir leur main-d’œuvre à un prix plus élevé. Les employeurs pourront être plus sélectifs dans leur recrutement et, en tant que tels, les demandeurs d’emploi peu qualifiés seront encore une fois évincés par des candidats plus qualifiés et moins nécessiteux. Les lois sur le salaire minimum sont un outil efficace pour exclure ceux qui ont le plus besoin d’acquérir une expérience professionnelle.
Soutenir des politiques «d’énergie verte» restrictives
Les initiatives du gouvernement en matière d’énergie verte rendent l’énergie plus chère. Les initiatives étatiques et fédérales qui imposent une énergie «renouvelable» plus coûteuse signifient que les factures de services publics monteront en flèche. Les pauvres sont directement touchés.
Augmenter le fardeau de la réglementation des entreprises
Autre recette pauvreté : imposer de nombreuses réglementations coûteuses aux entreprises. Ces restrictions strictes découragent la création et le développement des entreprises. Cela signifie : moins de possibilités d’emploi. Les lourdes exigences légales obligent les entreprises à dépenser des ressources rares pour être en conformité plutôt que d’investir dans leurs entreprises et de créer des emplois. La dépense en postes d’employés hautement qualifiés, pour des besoins de conformité, consomme des salaires qui pourraient potentiellement être consacrés à des opportunités pour les demandeurs d’emploi peu qualifiés. Les pauvres restent encore sur la touche.
Gonfler la masse monétaire
Le jeu de la Banque Centrale qui crée de l’argent à partir de rien est aussi un potentiel outil de pauvreté. La masse monétaire gonflée érode alors la valeur de la monnaie et donc des revenus et de l’épargne. Les pauvres sont les plus durement touchés par cette inflation, car leurs ressources limitées les empêchent de faire face à la hausse du coût de la vie. L’impact est plus fort sur les plus pauvres.
Imposer des tarifs douaniers élevés
Enfin, la politique qui consiste à maintenir des droits de douane élevés sur les produits étrangers pour limiter les importations, est aussi créatrice de pauvreté. Certes, les industries domestiques protégées de la concurrence par ces tarifs peuvent prospérer, mais à quel prix? Prenons l’exemple des tarifs douaniers sur l’acier étranger. Ils peuvent aider les 170 000 travailleurs américains employés par l’industrie sidérurgique, mais la hausse des prix de l’acier nuira aux industries qui utilisent l’acier comme intrant. Ceci aura donc un impact négatif sur les 6,5 millions de travailleurs employés dans le secteur. Notons également que les hausses de prix qui se répercuteront sur les consommateurs nuisent de manière disproportionnée aux ménages à faible revenu. Ainsi, moins d’opportunités d’emploi et coût de la vie plus élevé créent un duo favorable à la pauvreté.
Cette analyse en 7 points devrait inspirer le continent africain qui enregistre encore un taux de pauvreté inquiétant. Si l’on souhaite vraiment réduire la pauvreté, seule l’économie de marché, malgré ses imperfections, peut y aider. Comme le disait Milton Friedman: « L’histoire montre clairement que, jusqu’à présent, rien n’a été plus capable d’améliorer le sort des gens ordinaires que le système de la libre entreprise.»
Brian Balfour, vice-président exécutif de l’Institut Civitas, organisation de défense du marché libre à Raleigh – Caroline du Nord (version élaguée).
Article publié en collaboration avec Libre Afrique