Côte d’Ivoire – Écrit et publié le 11 mars 2016 à l’avant veille de l’attaque de Bassam , Afrikipresse publie cet article de L’Intelligent d’Abidjan suite à la sortie du gouvernement de l’Udpci. Faisant un tour d’horizon plus large que ne le laissait deviner le titre à la une , le texte reste d’actualité et conserve sa pertinence huit mois après.
” Selon nos sources, le président Alassane Ouattara apprécie de moins en moins les éclats de voix entre les partis membres du Rhdp. Il pense que le Pdci et le Rdr doivent faire preuve de responsabilité pour éviter les polémiques inutiles.
Le chef de l’État aurait expliqué récemment qu’il y a un programme de gouvernement à réaliser, au lieu des batailles politiques, ou des schémas d’alternance qui mobilisent des énergies en ce moment parmi des cadres et militants du Rhdp.
Alassane Ouattara a fait connaître ce point de vue au cours d’un petit comité avec des proches collaborateurs, après le Conseil des ministres du mercredi 9 mars 2016.
À cette occasion, le Président de la République a précisé n’avoir rien promis au Pdci-Rda, et a laissé entendre qu’il n’a aucune dette à rembourser, s’agissant de l’alternance. Pour cette raison, il ne se sentirait redevable d’aucune dette à l’égard du Pdci-Rda.
L’on ne sait pas si le nom du secrétaire exécutif du Pdci-Rda, Maurice Kacou Guikahué a été clairement prononcé, mais les rares participants à cette rencontre aux côtés du Premier ministre Daniel Kablan Duncan ont perçu l’allusion claire aussi bien aux récents propos du numéro 2 du Pdci-Rda, qu’à ceux d’Amadou Soumahoro.
En dehors de la séance de travail d’avant hier, l’IA a appris que le président Ouattara a fait savoir à d’autres interlocuteurs, son refus d’une alternance ethnique et partisane, dans le cas où il faudrait malgré tout, aller à l’alternance pour sauvegarder le Rhdp.
Selon le chef de l’État, le critère de l’alternance ne doit pas être l’appartenance à une ethnie, à une religion, à un parti politique.
[ Alassane Ouattara met en avant son point de vue, en faveur du meilleur ]
« Si on décide de choisir sur la base du meilleur, ce meilleur peut être du Pdci, ou du Rdr d’une part ; et peut être du sud , du centre, du nord, de l’est ou du centre-ouest d’autre part, mais il ne faut pas demander que le choix se fasse uniquement au sein d’une seule ethnie , et d’un seul parti ; il ne faut pas exclure et prôner l’alternance ethnique », confie une source généralement bien informée.
[ Des DG et Pca Pdci menacés de renvoi ]
Dans la foulée des «off» du petit comité de mercredi dernier, l’IA a appris que certains conseils d’administration de structures ou entreprises d’État pourraient être renouvelés. Des présidents de Conseil d’administration et quelques DG issus du Pdci-Rda, pourraient subir déjà à leur niveau , la règle de la fameuse alternance qui fait débat et déchaîne les patients.
[ Bédié veut un parti unifié sans l’Udpci ]
Le président Bédié selon des observateurs , est pourtant totalement en phase avec son secrétaire exécutif , qui ne fait que traduire les aspirations de la direction du parti , et de celle des militants au sujet de l’alternance.
Notre SGBI ( Source généralement bien informée) estime que si Guikahué est effectivement dans le collimateur du chef de l’État , cela pourrait être le signe précurseur d’un réel malaise – toujours dissimulé – entre les présidents Ouattara et Bédié.
Entre-temps l’IA a aussi appris que le président du Pdci-Rda voit d’un mauvais œil la présence des partis comme le Mfa, l’Udpci et l’Upci dans le parti unifié.
Le Président Bédié estime que s’ils veulent continuer d’exister , il sera difficile pour ces partis d’y parvenir en intégrant le parti unifié.
Pour éviter des questions de réglage à l’avenir , le président du Pdci-Rda souhaite donc que le Rhdp soit transformé en parti unifié avec seulement le Pdci-Rda et le Rdr , comme fondateurs.
Ensuite ce Rhdp nouveau, ou ce parti unifié proposera une alliance, une coalition avec les autres parti.
[ Premier ministre or not premier ministre ? ]
Enfin , alors qu’aucune mouture n’est encore présentée , des agitateurs d’idées se battent pour maintenir le poste de Premier ministre , dans la prochaine Constitution de la Troisième République à venir , en dépit de la création du poste de vice-président. Cela n’existe pas au Ghana , aux États-Unis pays pris en exemple par le chef de l’État lorsqu’il a annoncé le projet de création d’une vice-présidence. Toutefois, ce dispositif existe au Kenya. Cela dit, ledit dispositif n’a été connu de tous, que lorsque le pays est entré dans une crise.
La surcharge des institutions , la confusion des rôles , le choc des ambitions , et d’autres obstacles sont mis en avant par ceux qui refusent le maintien du poste technique , opérationnel et exécutif de Premier ministre, face à un Vice-président chargé d’inaugurer les chrysanthèmes.
Selon eux , le renforcement du cabinet du Président de la République , et du secrétariat général du gouvernement suffit à assurer la coordination des actions du gouvernement, sans qu’il soit utile de maintenir le poste de premier ministre , après la création du poste de vice-président. En appui à cette option, ils avancent le fait que sous Houphouët-Boigny, la Côte d’Ivoire a été ainsi gouvernée durant trente ans.
De leur côté , les partisans du maintien du poste de Premier ministre assurent que la complexité des problèmes actuels commandent de ne pas supprimer le poste.
Selon eux , la crainte qu’un premier ministre technique et non politique , devienne un concurrent politique sérieux pour le vice-président , ou même pour le Président, ou tout autre prétendant (comme Ouattara le fut à l’époque face à Bédié) , ne doit pas faire reculer et faire disparaître le poste de chef de gouvernement.
Affaire à suivre !”
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[ Réaction du SG de l’Udpci ]
Laurent Tchagba : « Je ne sais pas à quel moment le Président Bédié a dit cela »
Joint pour une réaction sur l’existence du Rhdp sans l’Udpci, le Mfa et l’Upci souhaitée par le président Bédié, Laurent Tchagba, secrétaire général de l’Udpci a indiqué : « À quel moment le président Bédié a dit cela ? Moi je suis secrétaire général de l’Udpci et vice-président du Rhdp. Je ne sais pas à quel moment le président Bédié a dit cela. Je n’ai pas entendu le président Bédié dire cela. Je ne peux donc pas me prononcer sur ce qui n’existe pas ».
CK et TAB in L’Intelligent d’Abidjan du 11 mars 2016