C’est en 2019 à l’Est de la République Fédérale d’Allemagne que Worilagnon e. V., (porteurs de messages) l’association d’écrivains ivoiriens résidant en Allemagne a vu le jour. En moins de 5 ans l’association aux membres très prolixes n’est pas que le porte-drapeau de la littérature ivoirienne au pays de Goethe.
À côté du soutien au monde littéraire en Eburnie : les activités littéraires, d’éducation et d’excellence en Côte d’Ivoire, l’association se sera fait remarquer cette année par son soutien à Emma Lohoues de passage à Cologne (RFA) pour présenter son œuvre littéraire. Dans cette interview qu’il nous a accordée, le président de Worilagnon e. V., David Landry So présente le bilan littéraire de son association.
Bonjour Monsieur David Landry So. Voudriez-vous bien vous présenter ainsi que l’association que vous présidez ?
Bonjour à vous. Merci beaucoup pour l’occasion que vous nous offrez de nous présenter à l’auditoire ivoirien. Je suis David Landry So, doctorant en histoire contemporaine, enseignant de collège et lycée (allemand-histoire-sport) et écrivain.
Worilagnon e. V. que je préside est une association d’écrivains ivoiriens résidant en Allemagne. Nous comptons en notre sein des écrivains en devenir, des amis et sympathisants du livre et de la littérature.
Pourquoi Worilagnon ? D’où vient le nom, d’où tire-t-il son origine ?
Worilagnon est en langue locale (Dida) et signifie « porteurs de messages » Cette désignation répond le mieux à la vision que nous épousons, celle de porter des messages.
Projetez-vous avec le temps de vous ériger en la voix des sans voix ou alors votre rôle de porteur de messages vous comble-t-il ?
Reprenant Sartre, on écrit quand on a quelque chose à dire. Nos ouvrages ne se contentent cependant pas seulement de porter des messages. Nos messages sont incisifs et d’actualité brûlante. Ils concernent presque tous les genres littéraires et abordent diverses thématiques contemporaines de sorte que nous nous voyons comme médiateurs et défenseurs des sans voix.
À maintes égards nos ouvrages peuvent être vus comme engagés. À juste titre, nous étions en novembre dernier à Berlin (Afrika Haus) pour parler de littérature engagée dans nos ouvrages (NdR : 11.11.2023 a eu lieu la 2eme rencontre littéraire de l’association à Berlin).
Pourquoi est-ce à l’Est de la RFA, dans la ville de Bruchsal que Worilagnon e.V. voit le jour ?
L’idée a pris forme, lors d’une audience avec SEM Mangou Philippe, ambassadeur de Côte d’Ivoire près la République Fédérale d’Allemagne une année auparavant. Le diplomate nous avait fortement recommandé de nous ériger en une association littéraire. Sitôt dit aussitôt fait.
Une année plus tard en 2019 nous nous sommes rencontrés à Bruchsal sur trois jours, chez Yao Seyi, le premier secrétaire et avons élaboré les objectifs, la vision et les statuts de l’association, qui sera officiellement reconnue par les autorités allemandes et par les institutions ivoiriennes en Allemagne (Ambassade)
Prévoyez-vous de plus en plus de privilégier la langue de Goethe, la langue allemande dans vos travaux ?
Pas spécialement. Quoi que… Deux de nos écrivains ont publié des romans intégralement en langue allemande (Djé César et Tiémoko Eric). Quelques-uns ont, selon leur inspiration quelques poèmes en langue allemande dans leurs ouvrages. Conformément à nos objectifs, il nous incombe de présenter la littérature ivoirienne à l’Allemagne. Ainsi, il serait bien de produire quelques ouvrages en allemand pour permettre au public allemand de nous cerner. D’ailleurs, il y a une forte demande. Nous envisageons d’ailleurs des traductions de nos ouvrages et nous donnons par occasion des conférences en langue allemande pour parler du contenu de nos ouvrages et de la littérature ivoirienne.
Combien de membres comptez-vous à ce jour ?
Nous avons une dizaine d’écrivains, cinq membres bénévoles, passionnés de littérature sans production pour le moment, une quinzaine d’écrivains qui participent à nos anthologies et une centaine de sympathisants.
Quels sont vos grands faits d’arme depuis que l’association a été portée sur les fonts baptismaux ?
Depuis notre création, nous encourageons la création littéraire. Nous produisons en moyenne chaque deux ans un collectif qui permet aux aspirants de faire leurs premiers pas en littérature. Nous publions en moyenne chaque année un ouvrage personnel. Nous soutenons les activités littéraires, d’éducation et d’excellence en Côte d’Ivoire. Nous participons aux foires et salons du livre (Salon du Livre Africain de Paris et Meeting International du Livre et des Arts Associés).
Nous organisons notre rencontre littéraire annuelle à Berlin. Nous soutenons d’autres écrivains Ivoiriens et Africains en Allemagne. En Septembre 2023 à Cologne, nous avons pris une part active à la présentation du livre de Madame Emma Lohoues. Nous participons et nous faisons la promotion de nos ouvrages et partant de la littérature ivoirienne. Nous participons à chaque activité de la FAIRA, la faîtière des associations ivoiriennes en Allemagne qui nous le rend bien.
Quel est votre bilan pour 2023 ?
Ce fut une année très productive. Nous avons publié quatre ouvrages, participé au Salon du Livre Africain de Paris, et avons participé à la MILA á Abidjan. Ensuite nous avons organisé notre sortie littéraire à Berlin. Financièrement, nous avons soutenu le Festival Ivoirien de la Création Poétique chez les Jeunes, nous avons soutenu la Journée d’Excellence du CoDe – JERM en collaboration avec le Club d’Allemand du Département allemand de l’université Félix Houphouët-Boigny.
En somme, malgré un calendrier professionnel, familial et personnel variés, nous avons pu tenir nos rencontres mensuelles et conformément à notre vision, mené à bien quelques-uns de nos objectifs. Pour 2024, nous espérons continuer sur cette lancée.
Combien d’auteur/es compte exactement l’association en son sein ? Ont-ils été tous/tes suscités par l’association ? Pourriez-vous en présenter quelques-unes/uns ?
Nous comptons onze écrivains (qui ont au moins une publication dans notre bureau exécutif. Certains membres ont des tapuscrits en cours. La plupart a été motivé et encadré par Worilagnon pour leur publication. Mais quelques-uns avaient déjà fait leurs premiers pas en littérature avant leur adhésion. Voici une vue des membres et de leurs œuvres :
Ano Koffi Cédric (deux anthologies)
Dacouri Rachel (une anthologie)
Dally Wilfried (Odyssées affectives et trois anthologies)
Djé César (Rache im Paradies = Vengeance au paradis)
Kamakou Lynda (Dis oui et deux anthologies)
Kouamé Tiémoko Eric (Mein Lebensweg et deux anthologies)
Kouassi Véronique (Esther – Mémoire d’une vie = Prix MILA du Livre francophone 2022)
Seyi Yao (Elima, Enfance noyée et une anthologie)
So David Landry (Souvenir d’un passé récent = Prix GNK du livre de l’année 2019, Amour, haine et religion avec Aicha Soro, VENI VIDI VIXI – Je suis venu-j ’ai vu-je suis mort = Prix GNK du Livre 2020, Douces poires d’angoisse et quatre anthologies)
La deuxième édition de votre rencontre littéraire le 11. 11. 2023 à Berlin aura marqué les esprits et suscité beaucoup d’espoir dans le milieu très éclectique des amis des belles lettres. Qu’est-il prévu pour combler les attentes et les espoirs ?
L’objectif le plus brûlant de l’association est de mettre sur pieds le Salon du Livre Africain de Berlin pour mieux représenter la littérature noire en Allemagne et débattre industrieusement sur les questions existentielles des sociétés africaines à l’ère de la mondialisation.
Qu’attendez-vous des pouvoirs publics à côté d‘initiatives personnelles comme celles du parrain, Roger Doudouahi pour accompagner votre association ?
C’est l’occasion de remercier M. Roger Doudouahi, président d’honneur de la FAIRA pour son soutien. Nous attendons beaucoup des pouvoirs publics. Nous avons réalisé nos projets jusqu’ici sous fonds propres en plus de réfléchir pour produire des ouvrages et organiser des activités littéraires. Aussi au niveau de la mobilisation nous souhaiterions colliger nos efforts à ceux des autorités pour une plus large diffusion de nos ouvrages et activités et pour plus de participation de la société.
Quel est votre mot de fin ?
Bonne et heureuse année 2024 à toutes et à tous.Au nom de toute l’association, nous tenons à remercier IA/Afriki pour la perche que vous nous tendez de nous faire connaitre. Nous profitons aussi de cette tribune pour dire aussi merci à tous nos partenaires, nos lecteurs et à tous ceux qui nous soutiennent et qui nous donnent la force de continuer à promouvoir la littérature ivoirienne et de contribuer ainsi á l’éducation de toutes les personnes qui ouvriront nos ouvrages. Nous exhortons nos compatriotes, les enfants, les jeunes et les adultes à s’intéresser davantage à nos écrits afin de, ensemble, hisser le niveau de la littérature ivoirienne à son périgée. Merci et tous nos vœux de succès pour la suite.
Desiré-Christoph Oulai, Correspondance en RFA