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    Référendum , réconciliation , universités : l’autopsie sans concession d’Ahipeaud sur les vrais problèmes ivoiriens

    Référendum , réconciliation , universités : l’autopsie sans concession d’Ahipeaud sur les vrais problèmes ivoiriens
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 5 minutes
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    Invitant à Abidjan une poignée de journalistes dans les locaux de l’Union pour le développement et des libertés (Udl), son parti politique créé en 2006, Joseph Martial Ahipeaud avait à cœur, à « travers ces échanges fraternels », de faire un tour d’horizon de l’actualité nationale, notamment la question du référendum qui divise la classe politique ivoirienne en ce moment.
    « (…) J’ai entendu dire que ce référendum rentrera en application en 2020. Si tel est le cas, on n’a pas besoin d’appeler les populations à un référendum aujourd’hui. Je veux dire que si on considère que la promulgation va se faire en 2020, on n’a pas besoin d’avoir un référendum en 2016. Ça c’est le premier point. Deuxièmement, si on veut respecter les règles, le gouvernement nomme un comité d’experts qui met en place un projet qu’on dépose devant le parlement. Et comme on a les prochaines législatives qui viennent ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu’on aura un parlement constituant. Et dans ces conditions, tout le monde sait que l’une des tâches du prochain parlement, c’est de sortir une constitution impersonnelle et objective. Cela va organiser les batailles en amont et que ceux qui arriveront au parlement soient habilités véritablement à assumer leurs responsabilités. Mais là n’est pas le cas. Donc, quand je mets tout cela ensemble, j’ai l’impression qu’il y a une espèce de volonté du président de faire un passage en force. Et je pense que ce n’est pas la bonne voie qu’il est en train d’amorcer. On connaît la suite des événements. On sait que l’issue de ce vote ne sera pas celle qu’on a connue il y a quelques années en arrière. Parce que là, il sera question de la Côte d’Ivoire de demain et je crois que cela va davantage recréer des conditions de tension. Alors qu’il est supposé qu’il finisse son deuxième mandat pour partir, je ne vois pas quel est l’intérêt du président Ouattara de rentrer dans cette dynamique conflictuelle. (…) J’ai l’impression qu’on veut faire quelque chose qui n’est pas du tout catholique. C’est pour cela que pour nous, ça ne sert à rien de consulter les populations », a déclaré l’actuel président de la Coalition nationale pour le changement (Cnc).

    Donnant ses recettes pour une véritable réconciliation qui, selon lui, passe par la libération «totale des prisonniers politiques », il a dit : « Nous, nous avions dit qu’on ne peut pas aller à l’émergence comme le président le souhaite sans faire de réconciliation nationale parce qu’économiquement pour qu’il y ait une dynamique de croissance, il faut qu’il y ait la sécurisation à long terme des investissements. Or sans réconciliation, on peut certainement se dire que si on est dans une perspective dictatoriale, on peut avoir une espèce de croissance mais cette croissance-là n’est pas sécurisée à long terme. Pour nous, il était question, maintenant que le président est dans le cadre de son dernier mandat, que l’on puisse réunir les conditions d’une réconciliation….Et les vraies conditions sont : discuter avec l’opposition et trouver les solutions des problèmes que nous avons. Vous savez par exemple qu’aujourd’hui, il y des gens qui sont en prison pour des actes politiques. Car bien sûr qu’il y a des prisonniers politiques en Côte d’Ivoire. Je ne vais pas aller loin. Je vais prendre le cas de mon jeune frère Samba David qui était mon vice-président au niveau de la Cnc qui est en prison aujourd’hui. Et il y est pour quelle raison ? Le pouvoir lui reproche un certain nombre de choses. Il n’est pas en prison en sa qualité de vendeur de tomates. Si donc je prends le cas uniquement de Samba David, cela traduit qu’il y a bel et bien un problème, et il faut que le gouvernement se rende compte qu’on ne peut pas régler les problèmes politiques de cette façon là. Donc, quel que soit l’objectif qu’on va se fixer, il faut qu’on trouve des solutions à ce problème crucial. Surtout que la plupart des prisonniers politiques n’ont pas été jugés et même s’ils l’ont été, l’on a vu la tournure que prennent les procès. Ils laissaient entrevoir beaucoup de failles. Même les procédures au niveau de la CPI sont un peu tirées par les cheveux. Parce que c’est à l’accusation de prouver que l’autre est coupable, et non le contraire. Ce que l’on n’arrive pas à faire et c’est un peu gênant. Pour nous, tout cela résulte des problèmes politiques et on voudrait que le président ait de la hauteur. Qu’il s’engage véritablement sur la question de la réconciliation pour qu’on trouve des solutions sur des questions de fond. Et puis d’ailleurs, c’est son dernier mandat. Pourquoi va-t-il donc maintenir des pressions inutiles ».

    Pour clore ses échanges avec la presse l’ancien leader estudiantin aujourd’hui enseignant, a livré ses sentiments sur la situation dans les universités ivoiriennes : « En tant qu’enseignant à l’Université de Bouaké, je pense que la situation dans les université est une catastrophe, et vous le savez très bien parce que qu’aujourd’hui, ce que nous sommes en train de faire est un génocide intellectuel. Car, nous n’avons pas la capacité d’enseigner les jeunes comme il le fallait, ou comme nous aussi avions été formés. C’est cela le premier point. Dans une école où, il n’y a pas de possibilité de faire des TD pour des étudiants qui sont dans des facultés de Sciences, c’est qu’il y a un problème. Pour moi donc, il y a autant de problème que le président Ouattara devrait résoudre avant qu’on ne parle de ce qu’on pourrait appeler en Anglais ‘’his legacy’’ (traduisez : son héritage). Mais nous amener sur des terrains d’un référendum pour le changement de la constitution, ce n’est pas véritablement ce que nous recherchons».

    Claude Dassé

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