« On a fui les violences annoncées en Côte d’Ivoire pour le Libéria à la veille des élections présidentielles du 31 octobre 2020. Maintenant qu’on nous dit qu’il n’y a rien, nous retournons chez nous ». Ces paroles sont de dame Tahakoua Odile, une native du village de Tiobly dans le département de Toulepleu (ouest). Alors que nous effectuons une tournée d’évaluation postélectorale dans la région du Cavally du 16 au 21 novembre 2020 avec pour première étape, la localité de Toulepleu, nous décidons de visiter les villages frontaliers avec le Libéria, à savoir Pekan Barrage et Pekan village ce mardi 17 novembre.
En effet des rumeurs avaient fait déplacer plusieurs milliers de personnes vers cette zone en route pour le Libéria voisin. Après les villages de Zogouiné, Gueya, Tiobly et Klobly nous décidons de marquer un pas afin de passer toutes nos communications utiles. Pour cause, nous rentrons dans une zone non couverte par le réseau téléphonique, l’axe Klobly-Pekan barrage, le dernier village ivoirien à la frontière avec le Libéria.
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Poursuivant notre route nous croisons une famille qui à notre vue, s’enfuit dans la brousse. L’effet de la psychose de guerre vécue dans cette région en 2002 et 2010 est encore présent dans les esprits. N’est-ce pas la principale raison des nombreux déplacements vers le Libéria à la veille des élections ?
Après trois passées au Libéria dans le village de Toe Town non loin de la frontière avec la Côte d’Ivoire, dame Tahakoua Odile retourne à Tiobly son village avec ses six enfants et trois autres de son grand frère, lui resté au Libéria.
« Honnêtement, personne ne m’a dit quoi que ce soit. J’ai vu tout simplement les gens entrain de plier bagages et quitter le village pour le Libéria, voilà comment je les ai suivis (…) On a fui les violences annoncées en Côte d’Ivoire pour le Libéria à la veille des élections présidentielles du 31 octobre 2020. Maintenant qu’on nous dit qu’il n’y a rien, nous retournons chez nous. Aussi mes enfants au nombre de six et ceux de mon grand frère, doivent aller à l’école » raconte dame Tahakoua Odile.
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« Je suis maintenant rassurée qu’il y a la paix en Côte d’Ivoire. On m’a appris hier que les enfants ont repris les cours. Les miens sont en 6eme et 5eme. Nous retournons en Côte d’Ivoire afin qu’ils puissent poursuivre leur scolarité. Je suis également très heureuse de retrouver mon pays. Je vous informe qu’il y a encore du monde au Libéria. Mais je suis sûr que lorsque nous allons rentrer et que nous allons les rassurer que l’école a repris et que tout va bien, beaucoup vont revenir » a-t-elle lancé.
Philippe Kouhon, envoyé spécial dans le Cavally