Personne ne le prend encore vraiment au sérieux, ni chez ses amis et camarades du Fpi , ni du côté du Rhdp. Le Rhdp le laisse avancer lentement mais peut être sûrement parce qu’il estime qu’il ne constitue nullement une menace aussi sérieuse que les radicaux du camp Gbagbo, qui le rejettent sous prétexte qu’il serait à la solde de Ouattara.
Alors qu’Affi N’Guessan se rêve sérieusement en président de la République , et qu’il s’y est préparé dans l’ombre de Laurent Gbagbo, ses adversaires au Fpi ont tort de faire croire que s’il était par extraordinaire, élu président de la République , il refuserait de s’installer dans le fauteuil présidentiel sous prétexte qu’il est à la solde de Ouattara pour tourner la page Gbagbo.
Loin du regard condescendant du pouvoir au sujet de son ancrage électoral jugé faible, impavide face aux critiques des siens qui disent qu’il a trahi, Pascal Affi N’Guessan déroule son rouleau compresseur , de façon très réaliste mais déterminée.
Il sait que s’il n’avait pas eu le soutien de Ouattara ni le coup de pouce de la justice ivoirienne, il aurait sans doute presque disparu aujourd’hui du devant de la scène politique , emporté par la crise interne au sein de son parti.
Oui, si Affi N’Guessan existe encore politiquement il le doit bien à Ouattara et à la justice dite des vainqueurs. Cela n’est pas un tort, ni une tare. Il est même possible de considérer qu’il s’agit d’un talent de la part d’Affi N’Guessan.
Sa bonne fortune auprès du pouvoir fait suite à la décision forte et capitale prise en son temps, pour favoriser l’entrée et le maintien du Fpi à la Cei?
Toutefois avant cet épisode qui consacrera la rupture avec ses camarades du parti , Affi N’Guessan en portant les revendications des ultras de son camp, à savoir le boycott du recensement général de la population, la question de l’éligibilité de Ouattara, avait irrité le pouvoir Rhdp, et avait failli à nouveau retourner en prison, lorsqu’il fut convoqué à la brigade de recherches de la gendarmerie.
Dans cette période où il faisait encore feu de tout bois , Affi N’Guessan avait même été interdit d’accès à Odienné au Nord-ouest du pays, et à Abobo, un fief du Rdr à Abidjan.
Si depuis lors les malentendus avec le régime Ouattara se sont un peu dissipés, il ne faut cependant pas oublier que l’histoire des relations Affi-Ouattara n’a pas été un long fleuve tranquille.
Ceux qui en doutent, et qui parlent de trahison et de collusion, là où il est possible de voir du réalisme politique , ainsi qu’un choix de tactique et de stratégie politiques , devraient revoir leur copie.
Pour notre part, la vérité est pourtant simple : Affi N’Guessan n’est pas à la solde de Ouattara ; il est plutôt comme tout homme politique un opportuniste.
Son opportunisme dans son cas est doublé d’une grande foi, d’une grande ambition : réussir là où son mentor Laurent Gbagbo a échoué, à savoir battre dans les urnes Alassane Ouattara.
Affi N’Guessan estime que le moment de la campagne et de la bataille électorales est un moment où tout peut basculer. Il est également convaincu que rien n’est acquis d’avance , que dans cette période électorale à venir , le candidat Ouattara et la Cei ne pourront pas réussir là où Laurent Gbagbo a échoué, à savoir tripatouiller les résultats.
Affi N’Guessan veut gagner le match retour avec le même adversaire tout en reconnaissant la défaite du match aller pour mettre en confiance l’adversaire, le rassurer , lui faire baisser la garde et le surprendre alors qu’il croit avoir toutes les cartes en main.
Affi N’Guessan refuse contrairement à certains de ses camarades de parti , le combat violent et frontal, à travers la poursuite des palabres anciens, disant que c’est Gbagbo le vainqueur de l’élection passée.
Dans sa posture actuelle , le président du Fpi fait penser au Laurent Gbagbo de 1990 qui avait été lui aussi qualifié de traite face à Houphouët , lorsqu’il abandonna l’option du boycott prôné par les autres leaders de la gauche, pour ” légitimer “le vieux, selon des détracteurs, mais aussi pour leur ravir le leadership de l’opposition.
En 2000 Laurent Gbagbo joua également la carte de l’élection face à Guei, malgré tous les risques de la situation.
La divergence momentanée de stratégie et le coup de pouce de Ouattara, dans un combat qui n’a pas été bien mené par les autres , ne sont pas des marques de trahison , même si le pouvoir n’a pas choisi de soutenir le groupe de Sangaré qui aurait pu lui aussi, le cas échéant , être soupçonné de trahison pour des décisions favorables de justice obtenues sous la justice des vainqueurs
Faisons le pari : si jamais par extraordinaire ( pour ne pas dire par miracle) Affi contraignait Ouattara au second tour, Sangaré et les autres continueront-ils de le bouder, accepteront-ils de laisser Affi perdre alors qu’une défaite de Ouattara constituera une opportunité extraordinaire pour la libération de Laurent Gbagbo ?
Un vrai partisan de Laurent Gbagbo ne doit pas dire qu’Affi ne parviendra jamais à contraindre Ouattara à aller au second tour. Au contraire, il doit pouvoir laisser tomber les griefs, pour se ressembler autour du candidat Affi, en vue d’empêcher une victoire de Ouattara.
La voie de la révolution populaire et de l’insurrection , du coup d’État, ou de la rébellion est celle, face à l’adversaire actuel, est la seule qui reste ne dehors de la voie du dialogue vigilant choisi par Affi N’Guessan.
Lorsque l’on apprend que Charles Konan Banny a , au nom de la Coalition nationale pour le changement, écrit au président ivoirien pour demander un dialogue directe avec lui , il y’a lieu de déplorer le mauvais procès fait au président du Fpi.
Alassane Ouattara et son gouvernement étant en congés, aucune rencontre entre lui et la Cnc, n’est en vue avant la rentrée gouvernementale de Septembre 2015.
Nous serons alors à moins de 60 jours du premier tour de la présidentielle ivoirienne. Nous serons également au delà du 25 août 2115, la date butoir pour le dépôt des candidatures à l’élection présidentielle. Une date qui renseignera sur la stratégie de la Cnc, et sur sa capacité à déployer une stratégie gagnante.
Charles Kouassi