AFRIKIPRESSE-Dakar (Sénégal)- Couper l’internet par lequel on accède aux réseaux sociaux (Facebook, Twitter….) est aujourd’hui selon des observateurs , la méthode nouvelle de certains Gouvernements pour «mâter» l’ampleur des manifestations populaires, dont le Niger et la République Démocratique du Congo (RDC) ont été le théâtre récemment.
En Rdc le gouvernement est même allé jusqu’à perturber l’envoi des SMS via les téléphones portables. Ne s’agit-il pas d’un phénomène ancien qui a pris une nouvelle forme, tant les dirigeants ont toujours cherché et trouvé des astuces pour contrecarrer les soulèvements sociaux? Ainsi, certains gouvernants ont-ils eu à couper les lignes téléphoniques ou les signaux télé ou radios.
«C’est une première: les réseaux sociaux ont été bloqués plusieurs heures jeudi matin au Niger. Plus de Facebook, de Twitter , et aucun SMS possible. Les autorités gouvernementales nigériennes ont d’abord annoncé que le blocage durerait jusqu’au samedi avant de faire marche arrière à la mi-journée, sans explications», protestaient des Nigériens suite au blocage des réseaux sociaux lors de manifestations anti-Charlie dans le pays.
«C’est une atteinte manifeste à la liberté d’expression. C’est là une méthode nouvelle cynique et injustifiée», clame Modou Sidibé, expert en communication.
Malgré tout, il estime que ce blocage des réseaux sociaux ne peut en rien «tuer dans l’œuf des soulèvements populaires», donnant ainsi l’exemple libyen en 2011. «Dans la Lybie de Momar Khadafi, la liberté d’expression était quasiment inexistante, tout comme les réseaux sociaux. Toutefois, il y a eu le Printemps arabe dans ce pays», poursuit Dr Sidibé.
«Nous avons décidé de bloquer les réseaux sociaux pour encadrer la journée de prière, vendredi. C’est par les SMS notamment que les appels à la haine anti-chrétiens et les appels aux manifestations violentes ont été relayés à Zinder vendredi dernier, puis le lendemain à Niamey. C’est pour éviter de nouveaux débordements que nous avons pris cette décision», expliquait et justifiait le ministre de l’Intérieur du Niger, Massaoudou Hassoumi.
Pour Alpha Diouf, farouche défenseur de la liberté d’expression, au-delà des Gouvernements, il faut également condamner les opérateurs de téléphonie et d’internet «qui jouent sans vergogne le jeu de ces tueurs de la liberté d’expression».
«Ce qui s’est passé au Niger et en RD Congo fait honte au 21ème siècle. Quelle que soit la situation et la tension politique et sociale, il faut maintenir intacts les réseaux sociaux et la communication téléphonique», estime M. Diouf, soulignant que ces pays n’ont su la leçon tunisienne ou égyptienne qui, malgré la coupure d’Internet, ont subi le Printemps arabe.
«Aujourd’hui, couper l’internet s’avère inefficace car, les technologies offrent d’autres canaux de communication. Les gens peuvent créer des sites internet interactifs», explique Ndèye Aminata Sène, chef de la cellule informatique de la Commission de protection des données personnelles (Cdp) du Sénégal.
Ndiack FAYE