Au Plateau, une nouvelle polémique oppose les partisans du maire sortant à ceux de son principal challenger Fabrice Sawegnon. Tout est en effet parti de la publication, mardi 25 juillet 2023, des images des quatre écoles primaires publiques du Plateau fortement dégradées.
Le « Sans bruit » s’est transformé en « Sans bilan ». Depuis des semaines, les adversaires de Jacques Ehouo tournent en dérision son ancien slogan de campagne sur les réseaux sociaux. Le maire sortant qui affecte en effet sa sacro-sainte stratégie du dirigeant martyrisé par ses adversaires, avait néanmoins tenté de réagir la semaine dernière en publiant une vidéo le montrant en compagnie d’anciens « djosseurs de Naman » devenus, selon la propagande municipale, des vigiles de rue.
Ces anciens « djosseurs » sont payés au noir à 15.000 f/la semaine. Il n’empêche que pour les services du maire, au total cent personnes ont ainsi été sorties de la pauvreté. Mais au Plateau, une vidéo en chasse une autre et la dernière, publiée mardi 25 juillet 2023, sur les réseaux sociaux et sur les différentes plateformes de communication des résidents du Plateau est venue rappeler l’état de dégradation avancé des quatre écoles primaires publiques de la commune.
Ecoles délabrées aux plafonds troués, murs noircis par la moisissure, toits en tôles ouverts, latrines et couloirs glauques, cours jonchées de détritus et de tables-bancs vieillies… Cette nouvelle vidéo a frappé là où ça fait le plus mal puisqu’elle a déclenché la colère de ceux qui pensent que le bilan du maire sortant est « zéro pointé » tandis que les partisans de Jacques Ehouo ont accusé le ministère de l’éducation nationale et le District d’Abidjan d’avoir abandonné les quatre écoles primaires publiques de la commune à leur sort.
« Il y a un gouverneur à Abidjan. Il y a un siège du ministère de l’éducation nationale à Abidjan et il y a la direction des établissements publics à Abidjan. C’est de ce côté qu’il faut regarder pour situer les responsabilités. Autrement, c’est tout le gouvernement qui doit rendre sa démission au président de la République », a cru bien dire Pierre-André Touré.
La réalité est pourtant différente. En effet au terme de la décentralisation, la commune a la responsabilité de construire et d’entretenir des édifices publics tels que les dispensaires et les écoles. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’Etat ne s’est pas opposé au budget de réhabilitation des écoles publiques formulé par les autorités communales.
L’état d’exécution des travaux communaux au 30 avril 2023 montre en effet que la mairie du Plateau aurait financé pour 19,9 millions l’équipement en mobiliers des centres et établissements socio-éducatifs de la commune et pour 98,6 millions la remise en état complète des écoles primaires publiques du Plateau.
Et visiblement, ces déclarations sont démenties par l’état de dégradation avancé des quatre écoles primaires. « Le maire du Plateau ne travaille pas. Il faut sauver la commune en demandant des comptes sur la gestion des 70 milliards (pendant cinq ans) par la mairie », a réagi Maestro Bamba. Ton, en revanche, plus tranché chez Doumbia Kassim pour qui « le PDCI a toujours été un échec dans la commune du Plateau. Il faut en conséquence un vrai changement », demande-t-il.
Le Plateau est en effet dirigé depuis 43 ans par le PDCI. Ce qui alourdit vraisemblablement le bilan de Jacques Ehouo dont les partisans ont malicieusement tenté de détourner l’attention avec le post de l’observatoire démocratique de Côte d’Ivoire (renaissance) intitulé : le médicament des jaloux. Pour son auteur, « c’est perturbant de passer toute une journée à matraquer un homme qui ne dit rien et qui affiche toujours une sérénité déconcertante », peut-on lire au-dessus de la photo de Jacques Ehouo publiée par la plateforme.
Les pro-Jacques Ehouo ne sont d’ailleurs pas à une dissimulation près puisque le vendredi dernier, soit deux mois avant les élections municipales, le maire sortant a reçu à dîner un groupe d’hommes d’affaires avec qui il promet de créer un cadre permettant de trouver des emplois aux jeunes de la commune.
Jacques Ehouo a également reçu, mercredi, Charles Blé Goudé sur le perron de la mairie du Plateau. Cette brusque boulimie rompt avec la stratégie du « Sans bruit ». Preuve que rien ne va plus ?
Jacques Olilo