Dans la perspective du démarrage du permis à points en Côte d’Ivoire, des questions se posent. Cette interview avec Etienne Kouakou, du ministère des Transports, permet de tout savoir.
Afrikipresse publie la transcription d’une interview de Etienne Kouakou, Directeur de la Coordination et de la gestion intégrée des opérations des transports. Réalisée par radio Côte d’Ivoire, l’interview permet de mieux comprendre le processus de mise en place du permis à conduire à point en Côte d’Ivoire.
Question : Vous venez de terminer un atelier sur la sécurité routière. Le permis à point est l’un des points évoqués à cette rencontre. Que retenir ?
Etienne Kouakou : Le permis de conduire est l’élément de base. Donc, toute question concernant ce permis de conduire est une grande préoccupation pour le ministre des transports. La question du permis à points relève du processus de la réforme du secteur du transport mise en place par le gouvernement, selon la volonté du Président de la République Alassane Ouattara. Dans son ensemble, cette réforme engage beaucoup d’axes. En ce qui concerne la réforme du permis de conduire, il y a le volet de la formation à la base, il y a la sensibilisation, et le volet du suivi des conducteurs pendant qu’ils exercent la conduite sur les voies routières. Le permis à points est une étape dans la mise en œuvre de cette réforme. L’axe concernant la formation de base va se traduire, dans le cadre de cette réforme, par une automatisation de l’évaluation théorique, l’examen de code, avec la disparition de l’intervention humaine . Donc, l’introduction de l’informatique pour l’évaluation. Ensuite, la professionnalisation des conducteurs va se traduire par la formation à l’obtention du certificat d’aptitude de conducteur routier qui est le CACR. Maintenant, la gestion du permis en tant que tel, va se traduire désormais par un certain nombre d’actions qui vont être menées contre ceux qui commettront des infractions, à travers une allocation d’un capital points sur leurs permis de conduire. Cette allocation va diminuer à mesure qu’ils commettent des infractions. Les débats nous ont permis de voir qu’il fallait plutôt accélérer la mise en œuvre de ce projet. Et de façon consensuelle, les participants ont exprimé leur vif intérêt pour cet aspect de la réforme du permis de conduire.
Question : Avec ce mécanisme de retrait de points, à quel moment retire-t-on le permis de l’automobiliste ?
Etienne Kouakou : Tel que nous les avons classé dans le projet d’arrêté, le retrait de points se fait de la façon suivante : 2 points pour les infractions que nous jugeons pas très graves, 3 points pour d’autres, 4 et 6 points pour les infractions les plus graves. Le capital points affecté au permis de conduire au départ, est de 12 points. Donc, quand vous perdez 2 points, il va vous en rester 10. Le mécanisme sur lequel nous fonctionnons donne une possibilité de récupérer ces points perdus. Elle consiste pour le détenteur du permis à ne plus commettre d’infractions pendant un délai. Le délai pour les infractions de 2 points est de deux ans. Si le détenteur du permis ne commet plus d’infractions pendant ces deux ans, il récupère ses points et reconstitue son capital de 12 points. Si par contre, il perd deux points supplémentaires, le délai pour récupérer ces 4 points passe à trois ans. Si le détenteur épuise son capital de 12 points, le permis de conduire est invalidé et il ne peut plus conduire avec. Dès lors, il lui est retiré au prochain contrôle de police. Pour avoir un nouveau permis, il reprend dans des conditions prescrites par le décret sur l’usage des voies routières ouvertes à la circulation publique. C’est à dire qu’il reprend par une formation à l’auto école, un examen de code et un examen de conduite. C’est comme s’il n’avait pas encore eu le permis.
Cela contribuera-t-il à lutter contre l’incivisme sur nos routes ?
C’est l’objectif visé. Il s’agit de faire en sorte que le conducteur prenne conscience que son permis de conduire s’éloigne un plus de lui, à mesure qu’il commet des infractions. S’il vit de l’activité de conduite, cela signifie qu’il perd progressivement son emploi. Donc, il prend conscience. C’est l’une des bonnes actions du permis à points. La pédagogie qu’il développe, c’est d’amener le conducteur à s’autodiscipliner. Il doit comprendre qu’à l’allure où il va, il risque de perdre son permis s’il continue d’enchaîner les infractions. Le permis à points va emmener le conducteur à prendre conscience du fait que son permis est précieux pour lui-même. Et que son comportement est aussi-bien à l’avantage des autres usagers, qu’à son propre avantage. Parce qu’en étant prudent, il ne sera pas impliqué dans des accidents qui pourraient hotter des vies ou lui-même le rendre invalide. Ce permis, de par son caractère pédagogique, emmène le conducteur à s’autodiscipliner dans la circulation.
Ce permis à points vient-il remplacer le permis ordinaire ?
Il ne remplace pas le permis ordinaire. Chacun va garder son permis. Nous rassurons tout le monde à ce niveau. Seulement, il y a dans la plateforme mise en place par le ministère des transports, pour la gestion de tous les documents de transport, une copie électronique qui est associée à chaque document physique. Les points qui sont attribués aux permis, le sont sur la copie électronique qui se trouve dans la base de données. C’est à dire que rien ne sera ajouté sur le permis physique. Le design du permis restera le même. Mais le capital points qui est affecté se retrouve sur la version numérique du permis gérée par la base de données dans la plateforme du ministère des transports. C’est là-bas que le ministère agit pour le retrait ou la reconstitution des ponts dans le cas que nous venons d’énumérer.
Le permis à points va-t-il générer des points pour l’usager ?
Il ne générera aucun frais. Les amendes forfaitaires demeurent toutefois. Chaque fois que le conducteur commet des informations, il sera emmené à les payer comme d’habitude. Mais ce n’est pas du fait du permis à points. Il faut aussi comprendre que le retrait de points n’exclut pas les amendés liées à l’infraction et d’autres poursuites qui peuvent être faites. Mais pour sa mise en œuvre, le permis à points n’induit pas de frais pour le détenteur.
À quand la mise en application de ce permis à points ?
Le projet d’arrêté dit dans ses dispositions finales, qu’il entre en vigueur dés sa signature. Mais il y a des dispositions pratiques qui vont être prises. En temps opportun, le ministre dès transport avertira à travers une communication, du démarrage effectif de l’opération. Mais, l’objectif dans un premier temps, c’est de faire en sorte que nos compatriotes comprennent l’importance de cette disposition nouvelle qui vient accroître les dispositions qui sont déjà en place par rapport à l’amélioration de la sécurité routière.
Avez-vous un appel à lancer aux usagers concernant ce nouvel outil que vous mettez en place ?
Je voudrais tout d’abord préciser que ce permis à points sera mis en œuvre dans le cadre de la vidéo verbalisation. En d’autres termes, ce sont toutes les infractions vidéo spécialisées qui seront prises en compte dans le prélèvement des points. Avec le contrôle sur le terrain d’agents qui ont des terminaux qui permettent de lire les permis de conduire, et sont reliées à nos plateformes. Il va y avoir une massification de notre équipement en matériels de vidéo verbalisation et en terminaux de contrôle, de telle sorte que l’ensemble du territoire soit rapidement couvert de ces équipements, pour permettre d’avoir le contrôle sur tous les permis en circulation en Côte d’Ivoire. L’appel que je voudrais lancer aux usagers, c’est que le permis à points ne doit pas les effrayer. Il doit, bien au contraire, les rassurer, parce qu’ils deviennent eux-mêmes, propriétaires à part entière de leurs permis de conduire. Ils en ont la gestion, le contrôle, ils en ont le suivi au quotidien. Ils ont la capacité d’éviter des infractions et conserver le permis. Au nom du ministre des transports, je les invite à plus de responsabilités dans leurs comportements, à plus de comportement sécuritaire. C’est à dire, le respect de la réglementation, des règles de la circulation. Ils doivent être prêts à emmener leurs voitures à la visite technique, assurer le contrôle quotidien du véhicule, bref, au comportement …. un conducteur. Nous les invitons à un comportement courtois dans la circulation. Nous sommes en période de rentrée scolaire. Nous allons donc inviter l’ensemble des usagers de la route et l’ensemble des conducteurs, à beaucoup plus de prudence. Au respect des limitations des vitesses, au respect du temps de repos, car un temps de somnolence au volant, et c’est la catastrophe.
Propos transcrits par J-H Koffo