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    Ouattara, Soro et Nyamsi : qui dit la vérité au sujet de 2020 et des propos de Bédié

    Ouattara, Soro et Nyamsi : qui dit la vérité au sujet de 2020 et des propos de Bédié
    Publié le
    Par
    Wakili Alafé
    Lecture 8 minutes

    Les grandes manœuvres, pour 2020, ont déjà commencé dans les journaux, sur les réseaux sociaux et en coulisses, mais pas pour tous sur le terrain politique.

    Les regards se tournent vers l’une figure centrale de la politique ivoirienne, le PAN( Président de l’Assemblée nationale)  , Guillaume Soro. Le magazine Jeune Afrique avait fait sa « Une » en titrant : « Guillaume Soro, une énigme ivoirienne ». Plus chacun s’explique, plus l’énigme Soro s’épaissit.

    Le dernier à avoir parlé de Guillaume Soro est le président Bédié, qui s’est exprimé encore dans les colonnes de Jeune Afrique (est-ce un hasard ?). Bédié s’est exprimé longuement et il a dit deux choses : d’abord, « Guillaume Soro est mon protégé (…). Je lui fais confiance », ce qui a, bien sûr, fait plaisir à Guillaume Soro ; ensuite, Guillaume Soro n’est pas intéressé par 2020, il est trop jeune, il est trop tôt, peut-être en 2025, voire en 2030. Il a ajouté, que d’ailleurs Ouattara n’a jamais dit à Soro qu’il serait son successeur.

    Cette partie de l’interview de Bédié n’a pas dû faire plaisir à Soro, d’autant plus que Bédié ajoute : il y aura un candidat unique RHDP en 2020 et ce candidat sera issu de mon parti, le PDCI. Guillaume Soro d’un côté et le RDR de l’autre ont dû sauter de joie en lisant Bédié….

    [ Une partie de billard à 3 bandes : Ouattara, Bédié, Soro ]

    Alassane Ouattara est aujourd’hui préoccupé par l’aggravation de l’insécurité politico-militaire et par la grogne sociale. Les deux phénomènes se nourrissent et engendrent un climat délétère : les revendications des « mutins » sont, en apparence, purement sociales, mais chacun se doute que certains mutins sont manipulés par ceux qui veulent créer un climat d’insécurité. Des caches d’armes sont découvertes, des bruits circulent selon lesquelles des « démobilisés » armés sont arrivés à Abidjan.

    Tous ceux qui ont croisé Alassane Ouattara lors de sa dernière visite à Paris ont vu un président plus serein, moins préoccupé, car ayant pris la mesure du danger que représentent les mutins et les démobilisés pour la sécurité du pays, il a décidé d’agir avec fermeté. Même si l’affaire des caches d’armes est couverte par le secret d’État, le gouvernement laisse « fuiter » des informations selon lesquelles il connaît le rôle de tous ceux dont les noms circulent à propos de cette affaire.

    [ La partition de Ouattara ]

    Dans sa rencontre avec Macron, Ouattara est venu s’assurer du soutien de la France dans le maintien de la paix civile en Côte d’Ivoire. Interrogé à son retour à Abidjan, dimanche 18 juin 2017 sur les déclarations de son allié et aîné, le chef de l’État ivoirien a dit n’en avoir pas encore pris connaissance, précisant ce qu’il a dit à Strasbourg : « 2020, ce n’est pas maintenant ».

    [ Bédié dans son Grand œuvre et Grand Dessein ]  

    Henri Konan Bédié, devenu le « Grand Sage » de la Côte d’Ivoire, cherche à consolider ce qui est son « Grand Œuvre » : le maintien de la paix civile, la réconciliation des Ivoiriens et l’unité nationale. Il reprend l’œuvre d’Houphouët-Boigny qui avait su rassembler 60 ethnies et consolider l’État-nation ivoirien. Bédié a sauvé deux fois la démocratie : en 2010, en appelant à voter Ouattara au second tour de l’élection présidentielle ; en 2014, en lançant l’appel de Daoukro, qui a permis une candidature unique, celle de Ouattara, sous l’étiquette RHDP. Bédié et Ouattara sont sur la même longueur d’ondes, ce qui les a conduits à vouloir aller vers le parti unique, une tentative de fusion entre le PDCI et le RDR qui a échoué. Mais, Bédié ne renonce pas à son « Grand Œuvre » de paix civile et il se mêle au débat de ce qui est l’« affaire Soro », soupçonné de vouloir s’emparer du pouvoir, en 2020, par tous les moyens.

    Bédié met d’abord en confiance Soro en disant « Guillaume Soro est mon protégé (…). Je lui fais confiance ». Mais, la seule préoccupation de Bédié, qui ne veut pas perdre la face devant les militants et les dirigeants du PDCI, est celle de l’alternance. Il considère que Soro n’est pas intéressé par 2020 et il repousse une candidature Soro à 2025, voire 2030, ce qui est considéré par la « Sorosphère » comme un affront. D’ailleurs, Guillaume Soro, dans la réponse qu’il fait à Bédié prend bien soin de ne pas s’exprimer sur le fond.

    [ Soro refuse de souffler le chaud, Nyamsi tente une explication de texte ]

    La réaction de Guillaume Soro, sur ses comptes twitter et facebook, est un modèle de langue de bois. Voici ce qu’il dit :   « Dans cette période d’épreuve pour moi, ma famille, mes proches et mes amis, où certains spéculent sur la meilleure façon de me noyer définitivement, le Président Bédié, qui est reconnu pour choisir ses mots avec soin, déclare au cours d’une récente interview ceci: “Guillaume SORO est mon protégé… Je lui fais confiance.”  La qualité et la profondeur de tels propos, comme vous l’imaginez, n’ont pu m’échapper.  Je tiens surtout à lui dire ma reconnaissance pour la confiance ».

    Soro se garde bien de répondre aux aspects importants des propos de Bédié, car il ne se sent pas engagé par les déclarations du président du Pdci-Rda. Soro reste une énigme. Le PAN veut diriger le pays en 2020 ? Comment y parvenir ? Cette question inquiète tous les Ivoiriens, mais aussi toutes les chancelleries. À cela s’ajoute l’inquiétude des bailleurs de fonds et des investisseurs. L’image de la Côte d’Ivoire s’est dégradée ces derniers mois. Le pays va-t-il plonger à nouveau dans ses errements du passé ?
    Les propos de Bédié sur Soro ne rassurent personne. En revanche, la non-réponse de Soro inquiète.

    [ Herméneutique d’une herméneutique ou comprendre Nyamsi ]

    D’autant plus que la réponse que lui-même n’ose pas à l’égard de Bédié , est donnée par son conseiller spécial Franklin Nyamsi. Dans une herméneutique très enthousiaste le conseiller spécial fait une lecture globalement positive et à l’avantage du « héros » Guillaume Soro ( lire Tiburce Koffi ). Néanmoins, d’une façon subtile et intelligente qui n’échappe pas à celui qui croit que le diable est bien dans les détails  , Franklin Nyamsi renvoie Henri Konan Bédié à la volonté du peuple d’une part, et d’autre part laisse entendre que l’opinion du Sphinx ( en convoquant le savant Newton sous l’autorité du Sage ), est comme toute autre qui peut être exprimée et non la Vérité, sans oublier un parallèle non anodin fait à Macron, par rapport à l’appel à la patience lancé par Bédié à Soro.

    « On n’imaginerait bien sûr pas le Président Bédié faisant valoir les mêmes lieux communs de jeunesse et de patience au nouveau Président Français, Emmanuel Macron, âgé de 39 ans, soient 6 années de moins , en 2017, que Guillaume Soro. Les aînés, en Afrique, aiment bien cette idée que les cadets sont toujours jeunes et peuvent toujours attendre. C’est une manière de leur souhaiter longue vie. Et les cadets, tout en étant devenus des arbres souverains, n’en concèdent pas moins à leurs aînés ces formules de politesse qui relèvent d’une chaleureuse parenté à plaisanteries que nous affectionnons tous. C’est aussi une manière de leur souhaiter longue vie. En réalité, c’est toujours, on le sait aussi, le peuple qui tranche en démocratie. Un grand peuple a toujours la responsabilité historique de choisir, à un moment donné de son histoire, celui de ses fils ou filles qui incarne le mieux ses aspirations les plus profondes. Cette réalité du terrain politique est de loin, bien connue du Président Bédié. Nul esprit sensé ne le démentirait.

    Disons donc que le Président Bédié, en fin et prudent politique, s’entendrait bien avec le dicton latin du savant anglais Newton, pour dire du dernier thème étudié de cette interview: Hypotheses, non fingo. « Je formule des hypothèses. Je ne dis pas que j’ai trouvé ».  Ainsi donc, au final, l’interview ainsi analysée du Président Bédié révèle au lecteur perspicace la profonde affection et la grande considération mutuelle qui lient Guillaume Soro et Henri Konan Bédié. Aux antipodes des espoirs d’animosité des ennemis de l’espérance républicaine ivoirienne qui s’acheminent de fait vers de nouveaux crépuscules des idoles, si l’on nous permet de parodier un grand ouvrage de Friedrich Nietzsche, penseur allemand de la fin du 19ème siècle ».
    Ambiance !

    Wakili Alafé

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