Pas enchanté de la manière dont le scrutin présidentiel du 11 octobre 2015 s’est déroulé et du volte-face de ses ex-alliés politiques, Cellou Dalein Diallo n’a pu contenir son agacement.
Dans son discours de nouvel an 2016, le principal opposant est largement revenu sur cette étape de l’histoire démocratique de la Guinée.
“Conscients de l’état de déliquescence dans lequel sombrait notre pays, vous aviez fait le choix de rompre, le 11 octobre dernier, avec un régime incapable de répondre à la demande sociale et d’exercer une gouvernance vertueuse et efficiente. L’extraordinaire mobilisation dont vous avez fait preuve pendant la campagne et le jour du scrutin reflétait, à n’en point douter, votre désir de changement et votre souhait de voir enfin émerger une Guinée nouvelle, une Guinée Démocratique, Unie et Prospère”, a-t-il affirmé dans un discours à ses compatriotes.
D’après l’opposant, la suite des événements, ”nous la connaissons tous”. “Par la grâce des trucages électoraux et des magouilles de toutes sortes, la potion amère de notre éminent professeur nous est resservie pour cinq nouvelles années”, regrette M. Diallo.
À ses partisans, le leader de l’UFDG déclare: “je sais votre déception face à la confiscation de nos votes et à l’étouffement de nos droits et libertés les plus élémentaires. Je comprends votre frustration, somme toute légitime, lorsque si près du but, vous êtes sommés de rebrousser chemin et de vous soumettre au verdict d’une parodie électorale sans précédent. Malgré les épreuves et les incertitudes de l’avenir, malgré les difficultés et les obstacles qui se dresseront sur notre chemin, j’ai l’intime conviction que notre détermination à faire vivre la démocratie, et l’état de droit dans notre pays demeure intacte et inaltérable. Cette détermination est d’autant plus forte qu’elle se nourrit aux sources de l’injustice, de la discrimination, de l’indifférence et du mépris affiché par ceux qui prétendent nous diriger”.
L’opposant prévient qu’il n’acceptera pas que les sacrifices consentis demeurent vains. “Je lutterai aussi longtemps que nos droits et libertés seront bafoués et négligés”.
Le chef de l’opposition souligne, bien que sa détermination soit sans faille,que la lutte n’aura de sens que si elle revêt une dimension collective. “Alors tous ensemble, nous devrons être courageux pour assumer jour après jour la mission qui nous est impartie de défendre nos libertés, la démocratie, et la justice. Tous ensemble, nous érigerons la dignité humaine au rang de valeur suprême de notre action politique. Elle est le point de départ de toute humanité. Cette dignité humaine qui a été encore une fois sérieusement malmenée lors des récents événements de Kouroussa et de Kintinian”.
Transhumance et recomposition politique!
Le cas de certains de ses anciens alliés politiques, tels Sidya Touré, Mamadou Badiko Bah… ayant déserté l’opposition au profit du camp présidentiel, ne laisse pas Cellou Dalein indifférent. “Au moment où je vous parle, le paysage politique de notre pays est en voie de profonde recomposition. La transhumance politique, le fléau le plus nuisible des jeunes démocraties africaines bat son plein”, dit-il.
Toutefois, l’opposant assure qu’à l’UFDG, leur position est claire : “notre engagement politique repose sur des principes. Il obéit à une éthique et non à l’appétit du pouvoir ou à la politique du ventre”.
Sans citer nommément quelqu’un, la figure proue de l’opposition tacle: “ceux qui veulent aller à la soupe sont libres de le faire. Quant à nous, le pouvoir pour le pouvoir ne nous intéresse pas. Ce qui nous anime, c’est le rêve d’une Guinée nouvelle cultivant avec passion les vertus de l’unité et du mérite, du savoir et du droit ; une Guinée moderne où il fait bon vivre pour tous les citoyens quelle que soit leur ethnie, leur opinion politique et leur religion”.
“Débarrassée des faux alliés et des faux compagnons, l’UFDG va dès maintenant se remettre au travail avec les opposants sérieux et sincères pour appeler toutes les forces vives de la Nation à se rassembler et à se mobiliser pour la défense de nos droits et libertés”, a rassuré le prétendant du Palais Sékoutourea.
Aliou BM Diallo