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    Nigéria : comprendre et tirer les leçons de la défaite de Goodluck Jonathan

    Nigéria : comprendre et tirer les leçons de la défaite de Goodluck Jonathan
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
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    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    AFRIKIPRESSE -Abidjan. Éradiquer totalement Boko Haram, mettre de l’ordre et de la rigueur dans la gestion des affaires de l’Etat, renforcer la lutte contre la corruption, voici ce que les Nigérians attendent de Mohamed Buhari, perçu comme un dictateur dans une vie précédente.

    Sa victoire signifie que les populations du Nigeria, ont besoin d’un chef qui a de la poigne. Avec Mohamed Buhari, les adeptes de la violence et les partisans de Boko Haram, pourraient mieux savoir à quoi s’en tenir. Musulman lui-même , Mohamed Buhari ne devrait avoir aucun complexe vis à vis de l’Islam, ni des musulmans radicaux. Face à lui, l’on a un chef d’Etat sortant qui part la tête haute, après avoir reconnu sa défaite. Goodkuck Jonathan aura payé entre autre le prix d’une certaine indolence dans la gestion du pouvoir. Il paie aussi à sa façon le bilan de 15 ans de son parti aux affaires ( 8 ans avec Obassandjo, la transition d’un peu plus d’un an du défunt Yar’Adua et les années Goodluck) . Le désormais ex-parti au pouvoir n’a pas su se régénérer, même si dans son message, le président sortant a salué le caractère transnational et transethnique de son mouvement politique. La corruption, la prévarication dans sa gestion d’une part, et les désaccords avec l’ex président Obassandjo d’autre part , ont fait perdre du terrain, à Goodluck Jonathan, qui aura été aussi victime de cette règle non écrite d’alternance entre le nord et le sud : après les deux mandats d’Obassandjo, la brève gouvernance de Yar’Adua et les années Goodluck, obtenir quatre années supplémentaires au profit de ce Chrétien du sud, qui n’avait pas réussi à devenir très populaire ni charismatique, semblait difficile comme pari. Le président sortant n’avait pas su, ni pu engager une bataille radicale contre Boko Haram, parce que justement il devait tenir compte de certaines susceptibilités locales et nationales. Une agression frontale et violente contre Boko Haram dès le départ, aurait pu être perçue ( ou avait été même déjà perçue ainsi ) par certains comme une attaque contre l’islam et les musulmans, alors que Boko Haram ne s’était pas encore radicalisé d’une part, et d’autre part, parce que les violences dans le Delta du Niger, avaient fait l’objet de dialogue, après les méthodes musclées employées en son temps, contre Ken Saro Wiwa. Pour sa part l’opposition politique au Nigeria a su dépasser ses divergences pour créer une coalition, autour du candidat Mohammed Buhari. Une situation qui fait déjà rêver les oppositions dans plusieurs pays africains, comme le Togo et la Côte d’Ivoire, estimant qu’il est possible de battre un chef de l’Etat en exercice . Selon ces opposants un chef d’Etat en exercice, peut être battu comme au Sénégal , et il peut même être déboulonné comme au Burkina Faso, et être encore vaincu comme au Nigeria. Les regards se tournent déjà vers le Togo, le Congo, la Rdc, le Burundi et tous ces autres pays devant aller à des consultations électorales cette année, ou plus tard. Cela dit, pour beaucoup d’observateurs, c’est bien aussi ce qui s’est passé en Cote d’Ivoire en 2010-2011, et surtout la réponse musclée de la communauté internationale dont la Cedeao à la tête de laquelle se trouvait alors Goodluck Jonathan, qui ont permis de réunir les conditions pour ces alternances apaisées et pacifiques en Afrique. « S’il n’y avait pas eu le cas ivoirien, et avant le cas Kenyan, s’il n’y avait pas eu la Cpi, la tentation aurait été très grande pour Compaoré hier, et aujourd’hui pour Goodluck, et demain pour d’autres, de se maintenir au pouvoir au mépris, de la volonté du peuple », explique un diplomate en poste à Abidjan, qui ajoute que « le temps de la tricherie, des tripatouillages et de la technologie électorale en Afrique est vraiment terminé ». Le Nigeria à la fois si loin, et si proche de nous, enseigne à nous tous, une leçon de tempérance, de détermination et de mobilisation pour la sauvegarde de la démocratie, malgré les imperfections du système, pointées par Churchill Winston : la démocratie reste le pire des systèmes à l’exclusion de tous.

    Charles Kouassi.

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