Toute la Côte d’Ivoire subit les conséquences de l’entêtement de Laurent Gbagbo à rester au pouvoir, malgré sa défaite. En effet, Laurent Gbagbo a perdu le pouvoir depuis 2002, suite à l’attaque des Forces nouvelles contre son régime. Une situation qui a créé la partition de la Côte d’Ivoire en deux.
Deux territoires avec deux armées et une cohabitation : Laurent Gbagbo, président et Guillaume Soro, Premier ministre. Cohabitation qui veut dire perdre une partie de son pouvoir. Laurent Gbagbo disait qu’il préfère être borgne que d’être aveugle. Cette obstination de garder à tout prix la moitié du pouvoir l’a conduit à sortir du cadre réglementaire d’un État pour créer les milices, « les jeunes patriotes » avec leur corollaire de conséquences. Car, la situation que vit la Côte d’Ivoire tire sa source dans le comportement anti-démocratique de Laurent Gbagbo.
Si aujourd’hui, la Côte d’ivoire connait tous ces soubresauts, c’est la faute à l’ancien président. Tous les troubles que vit la Côte d’Ivoire en ce moment sont les conséquences de son refus obstiné de reconnaitre sa défaite depuis 2002 jusqu’à 2011. Les mutineries au sein de l’armée sont les séquelles de la guerre des clans imposés par l’ancien homme fort d’Abidjan. Les fameux 8400 soldats qui rendent si bavardent, en ce moment, la Grande muette sont la résultante du hold up électoral que Laurent Gbagbo et sa coterie ont voulu imposer au peuple ivoirien. Les stocks d’armes disséminés çà et là, à travers toute la Côte d’Ivoire, découle de cette politique du pire initiée par le candidat du FPI dans l’intention de se maintenir au pouvoir par la force des armes. Ce qui se passe à Bouaké comme dans certaines villes de la Côte d’Ivoire était prévisible.
En dix ans de règne, Laurent Gbagbo, en lieu et place de « refonder » la Côte d’Ivoire, a plutôt érigé les fondements du désordre dans notre pays. Pendant plus d’une décennie, les refondateurs se sont attelés à déstructurer les institutions et les acquis socioéconomiques de la Côte d’Ivoire. Personne n’a encore oublié la course à l’enrichissement illicite à laquelle s’adonnaient Laurent Gbagbo et son entourage, justifié par le slogan « c’est à notre tour maintenant ». La gabegie, le détournement des deniers publics, le clientélisme et le népotisme étaient les choses les mieux pratiquées sous l’ère de la refondation. Au point que les dix ans de la refondation ont laissé un pays exsangue et ruiné. Pendant dix ans, aucun projet viable et porteur n’a été réalisé. On était plutôt préoccupé à jouir des privilèges que confère le pouvoir et à acheter des « RAV 4 » aux Miss et aux petites maitresses.
Pendant ce temps, on compromettait l’avenir d’au moins onze générations d’Ivoiriens. Aucune perspective pour la jeunesse. Sinon la manipuler pour des intérêts politiciens en l’habituant à la facilité et au gain facile. Laurent Gbagbo lui-même le disait :« Dans la vie, ce n’est pas le diplôme qui compte ». On a fait croire à la jeunesse ivoirienne qu’on peut ne rien faire de ses dix doigts et avoir de l’argent. Pour donc entretenir cette politique hautement nocive qui cause aujourd’hui de nombreux dégâts au sein de notre société, la refondation a érigé un système de rentes dont le siège se trouvait même dans l’antre du pouvoir, c’est-à-dire au Palais présidentiel où des désœuvrés et autres activistes utilisés pour les besoins de la cause étaient rémunérés par les services financiers de la présidence de la République. Conséquence, beaucoup de jeunes ivoiriens croient encore à cette philosophie de la paresse qui laisse croire qu’on peut obtenir de l’argent sans travailler.
Cet état de délabrement avancé de l’Etat de Côte d’Ivoire a été accentué par les dérives de la crise postélectorale au cours de laquelle le FPI et Laurent Gbagbo ont délibérément pratiqué la politique de la terre brûlée dans le but de rendre plus difficile la gouvernance du président Alassane Ouattara. Entre décembre 2010 et mai 2011, tous les bureaux administratifs ont été pillés et saccagés. Dans les ministères jusqu’aux sous-préfectures en passant par les directions centrales et préfectures tous les véhicules, les ordinateurs et les équipements de bureaux ont été soit détruits soit emportés. Même les moquettes des bureaux ont été enlevées, sciemment, par pure méchanceté au détriment du contribuable ivoirien. Le résultat est que l’argent qui devait servir à faire avancer immédiatement le pays a été investi dans des choses qui n’auraient dû l’être.
Le président Ouattara, dès son arrivée, a été confronté à non seulement reconstruire ce qui ne devait être, mais aussi à rattraper le grand retard accusé par la Côte d’Ivoire, par la faute de l’incompétence des refondateurs. Le niveau actuel qu’atteint la Côte d’Ivoire ne relève que du simple mérite du président de la République. Il aurait été quelqu’un autre que le président Alassane Ouattara, la Côte d’Ivoire n’aurait réalisé une telle performance économique et de développement.
En seulement six ans, notre pays a fait un bond exponentiel jamais réalisé dans un pays qui sort d’une crise comme la Côte d’Ivoire l’a connue. Le pays tout entier est chantier. Les routes, les ponts, les écoles, les centres de santé, l’eau potable et l’électricité sont aujourd’hui le quotidien de tous les Ivoiriens, même dans les endroits les plus reculés du pays. Le niveau de vie et le pouvoir d’achat des Ivoiriens ont augmenté. Revalorisation des salaires avec le déblocage, relèvement du SMIG, du prix d’achat bord champ de l’anacarde, du cacao, etc. Certes, beaucoup reste encore à faire.
Mais, même si on n’aime pas le lièvre, il faut reconnaitre qu’il court vite. Le président Alassane Ouattara a déjà tant fait pour la Côte d’Ivoire. Si Laurent Gbagbo avait reconnu sa défaite depuis 2002 jusqu’en 2011, la Côte d’Ivoire n’en serait pas là aujourd’hui. Car, les conséquences de cette politique du pire se ressentent encore aujourd’hui même dans nos villages où la jeunesse désœuvrée est prête à tout pour se faire de l’argent. Certains jeunes en arrachant et vendre les terres.
D’autres en voulant être coûte que coûte, au mépris des règles coutumières, chef du village. Au-delà de la fâcheuse situation que vit la Côte d’Ivoire, c’est l’occasion d’interpeller tous les leaders africains qui voudraient s’illustrer comme Laurent Gbagbo sur les conséquences du refus du jeu démocratique. Se résoudre à un tel comportement, c’est hypothéquer l’avenir de son pays et plusieurs générations. Ceci est aussi un crime.L’exemple de la Côte d’Ivoire est suffisamment éloquent pour dissuader tous ceux qui seraient tentés d’emprunter cette voie.
Honorable Paulin Allomo Kouassi
Ancien Député de Bouaflé