“Les plantations de palmiers à huile et d’hévéas constituent l’un des principaux moteurs de la déforestation. L’Afrique ne représente encore qu’un faible pourcentage de la production d’huile de palme ou de caoutchouc au niveau mondial, mais on assiste actuellement à une véritable ruée sur les forêts africaines” révélé un enquête sur les investissements du groupe Bolloré dans des plantations africaines.
Ce rapport intitulé: “menaces sur les forêts africaines” est publié par Greenpeace, mardi 23 février 2016.
L’étude souligne que les projets d’expansion des plantations de la la Société Financière des Caoutchoucs (Socfin) dans une dizaine de pays, majoritairement africains, menacent des forêts denses, écosystèmes indispensables à la préservation des équilibres climatiques, à la sauvegarde de la biodiversité ainsi qu’au maintien des conditions de vie des populations locales.
Au premier rang des planteurs en Afrique, la Socfin, une entreprise présente depuis plus d’un siècle sur le continent, dont les principaux actionnaires sont le groupe Bolloré et l’homme d’affaires belge Hubert Fabri.
De nouvelles investigations de Greenpeace France en République démocratique du Congo et à Sao Tomé-et-Principe, démontrent dans ce rapport, que les concessions de la Socfin incluent des forêts primaires, mais aussi des forêts secondaires ou en régénération qui stockent d’importantes quantités de carbone. “La Socfin est également impliquée dans de nombreux conflits avec les communautés riveraines”, accuse l’enquête, dont communiqué a été transmis à notre rédaction.
“Nous avons constaté que certaines concessions jouxtent des écosystèmes uniques comme à Sao Tomé où les plantations de la Socfin s’étendent au sein de la zone tampon d’un Parc Naturel national abritant une biodiversité remarquable. Or, contrairement à ses principaux concurrents du secteur de l’huile de palme, la Socfin n’a pas de politique visant à empêcher la déforestation dans ses projets”, souligne Cécile Leuba, chargée de campagne pour Greenpeace France.
A Sao Tomé, les analyses réalisées par Greenpeace montrent que l’ensemble du carbone stocké dans les zones déboisées par Agripalma, la filiale de la Socfin, s’élevait à plus de 600 000 tonnes d’équivalent CO2. C’est l’équivalent des émissions annuelles d’une petite centrale à charbon, souligne-t-on.
Greenpeace estime que Vincent Bolloré doit user de son influence pour que la Socfin s’engage immédiatement sur une politique de plantation “zéro déforestation crédible et respectueuse des droits des communautés locales”.
“Notre objectif est que les forêts africaines ne connaissent pas le sort des forêts indonésiennes et malaisiennes. Les investisseurs doivent s’engager dès aujourd’hui à adopter des politiques zéro déforestation et le Groupe Bolloré ne peut pas se dédouaner de sa responsabilité à l’égard des pratiques de la Socfin”, affirme Cécile Leuba.
Aliou BM Diallo