À l’initiative de Môbali Productions, les amoureux du cinéma ont assisté Jeudi 23 Novembre 2023, à la projection de Mino en avant-première, au Majestic Ivoire d’Abidjan.
Réalisé par Prudence Maïdou, ce court métrage de 12 minutes, tourné en langue française, raconte l’histoire d’une petite fille éblouie par la beauté de sa génitrice. Tous les matins, celle-ci met énormément de temps dans la salle de bain avant de l’emmener à l’école. La fillette regarde sa maman avec les yeux remplis d’étoiles jusqu’au jour où, elle découvre des bleus derrière son maquillage. Dès lors, la jeune héroïne va défendre sa mère victime de violence conjugale.
Selon le rapport de l’Onu Femmes, près de 736.000.000 de femmes dans le monde ont été victimes de violence basée sur le genre ; environ 45.000 femmes et filles ont été tuées par leur partenaire ou un membre de leur famille en 2021, la plupart des survivantes, qui demandent de l’aide se tournent vers leur famille ou leurs amis et une minorité alerte les institutions compétentes.
A cet effet, Prudence Maïdou et Idriss Babanani, les cofondateurs de Môbali productions, une société de production de cinéma en République Centrafricaine, ont initié le « Mino film festival ». La première édition du festival a mis en avant le film Mino de la réalisatrice Prudence, qui aborde la violence conjugale. Les 3 acteurs principaux du film sont Jeanne Satou Baba, Philippe Di Nacera et Jessie Leban, la mère, le père et la fille.
« Étant petite, je vivais dans une grande famille où ces actes se produisaient régulièrement. Les membres de la famille estimaient que c’est quelque chose de normal. J’ai eu envie d’interpeller les parents sur le fait que les enfants sont aussi des victimes. C’était important d’initier un festival, afin de traiter ce sujet qui est banalisé dans notre quotidien. Mino signifie nos mères en Langue Fon du Bénin », a expliqué Prudence Maïdou.
« Brisons le silence sur les violences basées sur le genre et protégeons l’enfant, témoin de ce fléau ». Tel est le thème de cette édition qui s’est décliné en deux sous-thèmes : « Brisons le silence » et « Les actrices engagées ». Le Mino film festival s’attaque aux violences faites aux femmes, à travers des sensibilisations et la célébration de la résilience des tout-petits.
Ce n’est pas facile pour la victime de briser le silence. En ce qui concerne la reconstruction des survivantes, ces dernières doivent apprendre à maîtriser leurs émotions et à se réapproprier leur corps, qui garde en mémoire des violences subies.
Parler est l’une des clés essentielles pour se reconstruire. Cependant, plusieurs femmes victimes de violence ont déposé des plaintes déchirantes qui n’ont pas été prises en compte, elles ont partagé leur vulnérabilité dans l’insécurité.
Notons que les survivantes ont besoin d’un environnement sécurisant, d’un climat d’empathie, sans se sentir jugées. En Côte d’Ivoire, il existe des organisations féministes qui luttent contre les violences faites aux femmes notamment, l’association Stop au chat noir, l’Ong Akwaba Mousso et la League ivoirienne des droits des femmes.
L’ambition de Môbali Productions est de promouvoir le cinéma africain. Chaque année, un concours de scénario est organisé pour soutenir les cinéastes talentueux, en offrant la possibilité au lauréat de présenter son film lors du festival, qui s’étend sur les 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre.
Jessica MEDEBODJI