Adou Marcel, le chef de la communauté Agni de Yao Séhi, quartier précaire de la commune de Yopougon à Abidjan a achevé son témoignage contre Gbagbo et Blé Goudé ce mardi 25 avril 2017, devant la Cpi. Une deuxième et dernière journée de témoignage marquée par le contre-interrogatoire des avocats de la défense. Un contre-interrogatoire qui a eu le mérite de sorti le chef traditionnel de ses gongs.
Face aux questions, le témoin a reconnu n’avoir relu sa déposition qu’une seule fois : « C’était en mars 2012, juste après le dernier jour de ma déposition. C’est ce jour-là que j’ai posé ma signature ». La défense de Gbagbo a posé cette question au témoin, en raison du fait qu’il ne reconnaissait pas avoir tenu des propos rapportés dans plusieurs passages du document déposé par l’accusation. En guise d’exemples, le document faisait état de ce que la visite du Candidat Ouattara à Yao Séhi pendant la campagne du second tour, le 27 octobre 2010, avait été soigneusement organisée par la chefferie. Un des propos que le témoin affirme n’avoir jamais tenus et qu’il a qualifié d’erreur commise par l’accusation. Selon lui, c’est la section Rassemblement des Républicains (Rdr, le parti de Ouattara. Ndlr) du quartier qui avait préparé la visite.
Plus loin, la défense de Laurent Gbagbo cherche à savoir les sources d’information du témoin. Me O’Shea lui demande alors si, en décembre 2010, il suivait régulièrement les infos à la télévision et à la radio. «Rarement !», répond-t-il. L’avocat de Gbagbo rebondit en lui demandant comment est-ce qu’il s’informait sur la situation du pays. « Je regardais France24 », répond-t-il. La défense de Gbagbo lui demande alors s’il était informé de l’avancée des rebelles sur Abidjan. Sur la question, le témoin s’enflamme : « Je ne comprends pas votre question. De qui parlez-vous lorsque vous parlez de rebelles ? Je pense que tous les généraux de l’armée ivoirienne qui m’ont précédé ici dans le box des témoins vous ont tout dit sur la situation qui prévalait en ce moment-là ».
Le juge-président monte alors au créneau pour recadrer le témoin : « Monsieur le témoin, répondez à la question de la défense. Ceux dont vous parlez sont passés ici, certes, mais aujourd’hui, il s’agit de vous. C’est vous qui êtes dans le box. Alors, dites-nous ce que vous savez. Etiez-vous informé ou non de l’avancée des rebelles sur Abidjan ? ».
À la suite de cette interrogation du juge-président, le témoin répond par un « non ! », avant de poursuivre : « Lorsque vous parlez de rebelles, sachez que les rebelles en ce moment-là, c’était nous », répond-t-il dans un premier temps. « Comment ça “nous“ ? Soyez plus explicite. Vous faisiez partie de la rébellion ? », insiste le juge-président. « Les rebelles, c’était nous qui étions autour de M. Gbagbo. C’était tous ceux qui combattaient pour M. Gbagbo, y compris l’armée régulière », a-t-il lancé à la cour. Aussitôt, le juge-président a demandé une pose. la suite du témoignage s’est déroulé à huis clos.
Le témoignage s’est terminé à huis clos, « pour des raisons que nous savons », a expliqué le juge-président.
Jean-H Koffo
