Dans la plus petite cellule d’organisation humaine c’est-à-dire la famille, les membres se donnent des règles de vie commune pour être et rester unis et solidaires, pour aller vers la prospérité et la longévité des membres. Pareillement, une entreprise sérieuse se fixe à travers son règlement intérieur, des règles de bon fonctionnement en vue de rester pérenne.
Toute proportion gardée pour un pays, la constitution, à travers ses articles lois, permet de se donner une boussole dans la conduite de la vie de la nation. Cette boussole permet de connaître les orientations à adopter face à diverses situations que pourraient vivre un Etat. Cette boussole couvre l’ensemble de la vie politique, économique et sociale de la Nation.
Si les règles mises en place par la famille n’ont pu maintenir la cohésion et la paix en son sein, si les membres de la familles ont été divisés par la mise en application des règles qu’ils se sont fixés, s’ils ne sont plus unis comme autrefois, alors en toute responsabilité, les patriarches doivent revoir et corriger les textes afin d’assurer aux frères et sœurs une entente parfaite, une union dans la paix totale.
Une entreprise qui a du mal à respecter et à faire respecter son règlement intérieur fonctionne difficilement. La recherche et l’atteinte de ses objectifs sont subordonnées au respect strict des règles de fonctionnement qu’elle s’est donnée. Ce qui est vrai à l’échelle de la famille, de l’entreprise ou de toutes autres organisations humaines, l’est aussi à l’échelle d’un Etat.
Notre pays la Côte d’Ivoire, après plus d’une décennie d’une guerre militaro-politique ayant entraîné des milliers de morts, des déplacements massifs de populations, des pertes et destructions de biens matériels, de biens meubles et immeubles, etc., mérite bien de se doter de nouvelles règles de gestion et de fonctionnement de l’Etat. L’adoption d’une nouvelle constitution est impérative au moment même où le pays, après avoir retrouvé sa stabilité, amorce une nouvelle phase de son développement.
Toute organisation humaine, la plus petite qu’elle soit, a donc sa constitution c’est-à-dire ses textes et règles de fonctionnement, qui lui permet d’anticiper sur toutes les situations à venir, de prendre les meilleures décisions, de faire les meilleurs choix pour la paix, le progrès et le bonheur des populations.
Des avancées notables pour une nouvelle constitution qui n’est pas immuable
La nouvelle constitution ivoirienne qui sera soumise à référendum le dimanche 30 octobre prochain, n’est sûrement pas, à l’instar de toute œuvre humaine, parfaite. Sinon, l’un de ses articles ne traiterait pas de sa révision et des conditions de celle-ci.
La nouvelle loi fondamentale n’est pas non plus immuable, face à un monde qui bouge, une société qui change, dans l’environnement de plus en plus dynamique dans lequel nous évoluons. Les textes d’aujourd’hui ne seront pas forcément ceux dont le peuple aurait besoin dans 15, 20 ou 30 ans. Il est dès lors difficile de comprendre l’acharnement de certains compatriotes pour un ou deux articles qui ne leur conviennent pas dans la forme ou dans le fonds qu’ils auraient voulu.
Comparativement aux textes de novembre 1960 et d’août 2000, la nouvelle loi fondamentale de 2016 consacre des avancées notables pour toutes les couches socio-économiques ivoiriennes. Elle tient compte de l’évolution des réalités socio-économiques de notre société.
Elle est composée de 184 articles et il serait difficile d’obtenir un consensus, une unanimité totale sur autant d’articles dans un pays de plus de 22 millions d’habitants. Les différents acteurs politiques étant plus préoccupés par deux ou trois articles portant sur les conditions d’éligibilité et de succession à la magistrature suprême, de création de Sénat et des conditions pour y être membre, etc., et ce, en faisant fi de l’ensemble des autres articles qui restent pourtant l’essentiel qui gouvernera notre vie quotidienne ainsi que celui de nos progénitures.
La meilleure approche qui est d’intérêt public reste une analyse globale du texte fondamental. Est-il extirpé ou non de ses articles personnels, sujets à interprétation et conflictuels qui nous ont conduits à la guerre? Nous est-il débarrassé ou pas des lois qui avaient été, selon certains, faites pour régler le cas de personnes bien ciblées ? La nouvelle constitution consacre-t-elle une avancée notable pour la paix, la cohésion sociale et la stabilité dans notre pays ? Les droits des enfants, des journalistes, l’école obligatoire, l’égalité, la modernité, les droits des femmes, de la famille, la terre, le foncier et sa propriété, les droits de l’homme, les libertés individuelles et collectives, les libertés politiques, la force et le rôle de la société civile, etc. sont-ils assurés ?
Vive la 3ème République !!!
Autant de questions dont la nouvelle constitution apporte des réponses pour ceux qui ont pris un peu de temps pour la lire car ils sont nombreux qui se prononcent sur la base de leur lecture rapide de deux ou trois articles ou sur la base du ouï-dire.
Pour ma part, je me lèverai et j’irai voter « OUI » le dimanche 30 octobre 2016, dès après ma partie de football hebdomadaire de 7h car j’ai compris. J’ai compris qu’il faut faire table rase du passé et faire un pas, qu’il faut se tourner vers l’avenir. J’ai compris qu’il faut avancer même lorsqu’on n’est pas gagnant sur toute la ligne ou qu’on n’est pas d’accord sur 184 articles, utopie d’ailleurs de l’être, mais sur l’essentiel, l’essentiel pour nous, nos populations et notre pays qu’on aime tant.
J’ai compris que la Côte d’Ivoire a besoin de tourner définitivement les pages sombres de son histoire en s’octroyant de nouvelles règles, de nouveaux textes pour une nouvelle gestion, pour de nouveaux savoir-faire et savoir-être des concitoyens, pour un autre fonctionnement. Voici pourquoi je célèbre déjà cette nouvelle constitution et je lui dis « Oui », je dis « Vive la 3ème République de Côte d’Ivoire » !!!
Par Mohamed Younouss
Auteur de l’ouvrage « Côte d’Ivoire : en route vers l’émergence »
Mail : mohamedderuoth@yahoo.fr