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    Kabinet Komara : [mon] histoire de démission avec Dadis Camara

    Kabinet Komara : [mon] histoire de démission avec Dadis Camara
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 6 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    En Guinée l’ancien premier ministre de la transition sous le pouvoir de la junte militaire , piloté par Moussa Dadis Camara, a vécu pendant son passage à la tête de la primature, des moments difficiles. À un certain moment, ses rapports avec son patron n’étaient pas au beau fixe.
    Très opposé à la stratégie de gestion du pouvoir avec son chef du gouvernement, Dadis Camara ne cachait plus son intention de limoger son PM, Kabinet Komara, {actuel Haut commissaire de l’organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal}. Le principal concerné, Komara a souhaité partager cette histoire lors d’un panel à Conakry, fin avril 2016.

    Éclairage !

    « Un de mes collègues ministres , dans un enregistrement audio, a dit : ”je vous ai toujours demandé de démissionner mais vous avez refusé. Écoutez ceci-ci, je crois que ça va vous pousser à démissionner”. Il m’a fait écouter la conversation. Le président s’énervait, parce que quelqu’un lui a dit que nous négocions sur les questions des mines. Le secrétaire général du ministère des mines était allé me voir parce que des citoyens de Dinguiraye sont allés se plaindre et que j’ai reçu d’investisseurs. Et le Président m’avait donné instruction de ne pas recevoir des investisseurs particulièrement les miniers. Il était dans tous ses états, il a demandé où est-ce que je suis. Est-ce que je suis venu ici pour m’enrichir ? C’est nous qui l’avons nommé… subitement il a lâché une phrase pour demander : ”où est-ce qu’il est ? ” Quelqu’un lui a dit qu’il (Kabinet Komara) est allé en Guinée-Bissau pour vous représenter aux obsèques de Nino Viéra.

    Quand le collègue ministre m’a fait écouter , j’ai souri. Et il était surpris, en me disant : « le Président vous insulte et vous souriez ? ».

    J’ai souri pour deux raisons : – « il a demandé où je suis, on lui a dit que je suis allé le représenter en Guinée-Bissau ». Cette histoire avait été enregistrée il y avait trois mois. Pourquoi la personne qui avait enregistré ne me l’avait pas fait écouter en ce moment-là ?

    Je dis qu’il y a trois mois , c’était certain pour tout le monde que j’étais partant. (…) Il y a trois mois ; les relations entre le président et moi était devenues une situation de Yalta. C’était chacun à son domaine, personne ne rentre dans le domaine de l’autre.

    Donc la personne qui a enregistré cette conversation est convaincue que, comme il n’est plus question de partir, il faut qu’on mette en circulation cet audio pour que je sois choqué, que mon amour propre soit souillé et que je démissionne. J’ai dit on ne m’aura pas de ce côté là, mais j’ai pas le choix.

    Et croyez moi, il était 18 heures, je suis allé au bureau du Président, il m’a reçu à 2 heures du matin, et il était seul avec le ministre Korka Diallo (RIP). Quand je suis entré, il m’a dit M. le Premier ministre ça va ? J’ai dit oui ça, mais c’est pour vous que je suis inquiet. Il me dit ah bon ! J’ai répondu, oui ! Il me dit pourquoi ? Je lui ai dit je ne sais pas si vous avez écouté ce qui circule dans les téléphones sur ce que vous avez dit sur votre premier ministre.

    J’ai dit moi, ça ne me gène presque pas parce que je connais votre nature, et je sais dans quelle condition vous avez dit, mais c’est pour vous que je suis inquiets. Parce que si quelqu’un peut entrer dans votre bureau, enregistrer ce que vous dites et sortir, ça veut dire que vous êtes en danger, mais pas en sécurité. Prenez des dispositions pour votre sécurité ! Embarrassé, il me dit je vais le faire.

    Je lui ai dit , mais par contre, (Dadis est très sensible aux enfants) j’ai dit que j’ai ma fille aînée au Canada qui est très choquée de lire sur internet tout ce qu’on dit sur son père d’autant plus que j’ai privé mes enfants de tout. Ceux qui étaient dans les écoles occidentales je les ramenais à Dakar et à Bamako. Vu qu’elle est choquée, puisque son père est traité de tout, elle ne pardonne pas.

    Il me demande s’il peut lui parler. Je dis bien sûr ! J’ai composé le téléphone à 2 heures du matin, j’ai immédiatement eu Doussou au téléphone. Il a commencé à sensibiliser Doussou. Il a dit : c’est toi qui est en train de m’opposer à mon grand-frère. Elle dit qui est votre grand-frère ? Il dit c’est votre papa, M. Komara le premier ministre non ? Elle dit : moi celui que j’ai entendu parler, ne peut pas parler comme ça à son grand-frère.

    Il dit, non non, ce sont les gens qui cherchent à nous opposer. Et demande, qu’est-ce que tu fais là-bas ? Et si je te nommais Ambassadeur ? Elle dit : moi Ambassadeur alors que vous traité mon père comme ça? Et c’est là qu’il s’est demandé : qu’est-ce que je peux faire maintenant ?

    La seule chose que vous pouvez faire pour nous ses enfants, si vous dites qu’il est honnête, intègre, reconnaissez-le en public.

    Comme ça, les gens sauront que ce qui est enregistré est différent de ce que vous dîtes de lui en public. Après avoir fini la conversation, il m’a tendu le téléphone, et m’a dit très bon Malinké, j’étais très surpris (…) « votre enfant que j’ai entendu parler est votre pur sang. Il est loin d’être un enfant d’autrui. Même si vous décédez aujourd’hui, soyez sûr que vous avez un digne enfant qui pourra vous continuer votre combat. Il dit, je vais rectifier (…) on s’est séparé. Après trois semaines, bizarrement, toute le communauté internationale était réunie à Koloma. Subitement, j’étais auprès de lui, il a dit, les gens essayaient de nous opposer, moi j’ai un premier ministre honnête,…

    Quand il a dit ça, j’étais convaincu que les gens qui n’étaient pas témoins de notre conversation n’auraient pas compris ce qui s’est passé.

    Je dis, M. le Président est-ce que je peux parler ? Il m’a donné le micro. J’ai dit monsieur le président, je suis venu vous voir il y a trois semaines, il y avait ça, ça et ça. Vous vous souvenez, quand vous m’avez fait venir, je vous ai dis si nous ne nous entendions pas, nous pourrions nous se séparer. Après ce qui s’est passé, vous n’étiez pas obligé, mais vous avez tenu parole (…) ça vous grandi, je vous remercie ! C’est pour vous dire qu’il y a certaines péripéties comme ça ».

    Décryptage : Aliou BM Diallo

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