En Côte d’Ivoire , des tirs ont été entendus, le mardi 7 février 2017, dans la matinée, à Adiaké, localité située à 90 km à l’Est d’Abidjan. Cette situation a contraint les opérateurs économiques de ladite localité à cesser toute activité. Les rues de la ville étaient totalement désertes. Dans la foulée, a-t-on appris des éléments des Forces spéciales, repositionnés pour lutter contre la menace terroriste, ont également manifesté en tirant en air à Tengréla, à environ 700 km au nord d’Abidjan et à 6 km de la frontière avec le Mali.
Cette situation inquiète les populations dans le pays et donne le sentiment que le gouvernement est incapable de contrôler les « mutins ». Elle pousse à s’interroger sur les conditions d’une solution durable, car ces mutineries intempestives constituent une véritable menace contre la paix et la stabilité dans le pays.
Le moment n’est-il pas arrivé de trouver une solution durable, à travers un langage de vérité, un parler vrai. Le pays peut-il continuer de vivre sous la menace constante des armes des mutins. Un audit sur la situation de l’armée et les conditions de vie des militaires est à faire.
Le Chef de l’État ivoirien doit savoir ce que veulent les mutins, puis prendre une initiative ferme pour dire « non » à cette manière de revendiquer.
Il est clair que les populations ivoiriennes ou non , ne peuvent pas continuer de se contenter de tenir un discours naïf de ce genre : ” Les mutins ne remettent pas en cause la légitimité du Président de la République qu’ils considèrent comme leur papa et le seul chef légitime, ils ne réclament que des meilleures conditions de vie, des primes et des maisons “.
Ce discours, qui constitue un déni des réalités, ne peut plus prospérer, car le prix à payer pour garantir les besoins et les “caprices” de ces enfants “gâtés” du Président de la République, risquent de faire plus mal qu’un véritable putsch !
Aujourd’hui, les finances de l’État sont « plombées », les retards de paiement et des salaires , après les factures se multiplient. Les investisseurs s’inquiètent. Le pays semble redevenu faible et fragile.
Chaque jour qui passe, sous la menace des « mutineries », donne le sentiment d’un brusque retour en arrière avec des investisseurs qui s’inquiètent de la situation.
On a l’impression que les autorités actuelles ont trop compté sur ces forces militaires en action, sans penser qu’ils deviendraient une sorte d’« État dans l’État ».
Certes, ils ne font pas, – pour l’instant – de coup d’État, ils ne réclament pas le départ du chef de l’État Alassane Ouattara , mais ce que ces soldats font ,ce que ces “enfants” font à la République de leur papa Ouattara est désastreux, car ils créent une atmosphère de peur.
Ce n’est pas parce qu’ils ne revendiquent pas un changement de régime, qu’ils peuvent se permettre de créer les conditions du chaos et de la déstabilisation, à travers l’utilisation des armes pour revendiquer !
Faire fuir les opérateurs économiques, retarder l’émergence, contrarier la difficile marche vers la réconciliation nationale, détruire l’image du pays, effrayer les populations, prendre le risque de faire des morts parmi les civils, retarder la consolidation de la démocratie : voilà le résultat. Le pays risque de glisser lentement vers l’instabilité.
Il est temps que le gouvernement ivoirien hausse le ton. Et le fasse savoir, même si la peur semble encore tétaniser la société civile et la classe politique, qui tardent à donner de façon permanente de la voix, pour dire non à ces mutins qui sortent les armes, alors même qu’ils n’ont pas d’ennemis en face d’eux ! Ils sortent les armes contre le gouvernement !
Alice Ouedraogo