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    Interview-Cissé Bacongo : « l’interim au Rdr, le Rhdp, les grèves, les mutineries et moi-l’indiscipline c’est quand des chauffeurs empruntent le trottoir »

    Interview-Cissé Bacongo : « l’interim au Rdr, le Rhdp, les grèves, les mutineries et moi-l’indiscipline c’est quand des chauffeurs empruntent le trottoir »
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 25 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    Cissé Ibrahima, alias Bacongo n’est plus à présenter. Ex-ministre de l’Enseignement supérieur, puis de la Fonction publique, il a été Conseiller spécial du Président de la République chargé de la Reforme constitutionnelle. Il a été membre du Comité des experts chargé de la mise en place de la nouvelle Constitution. Connu pour avoir fait ses classes au Rdr ainsi que pour ses états de service dans le parti, il est également deputé-réelu à Koumassi sous la bannière Rhdp. Dans cet entretien accordé au quotidien l’Intelligent d’Abidjan et publiées jeudi 2 Mars 2017, Ibrahim Cissé Bacongo donne son point de vue sur les récentes mutineries, la grogne sociale, la question de l’agrobusiness, mais aussi l’avenir du Rdr et du Rhdp.

    Vous étiez membre du comité des experts chargé de l’élaboration de la nouvelle Constitution. Cette Constitution a été adoptée au référendum en 2016 avec 93, 42%. Quels sentiments vous animent aujourd’hui ?

    C’est un sentiment du devoir accompli. Nous avons entrepris l’élaboration de la nouvelle Constitution qui a donné naissance à la troisième République sous l’impulsion, les orientations, les instructions du Président de la République. La tâche nous a été agréable, facile puisque nous n’avions qu’à apporter un habillage juridique aux décisions politiques qui nous ont été dictées par celui qui a été porté à la tête de la Côte d’Ivoire à plus de 86% par les Ivoiriens. Donc, ça été une tâche agréable pour nous. Aujourd’hui nous sommes très heureux, je suis très heureux en ce qui me concerne, de noter que la Constitution de la 3ème République a trouvé son application, en tout cas l’une de ses applications à travers la nomination du premier Vice-président de Côte d’Ivoire en la personne de Daniel Kablan Duncan. C’est une très bonne chose. Nous sommes très heureux que les dispositions qui instituent la Vice-présidence aient été appliquées à travers la nomination de Daniel Kablan Duncan, qui est une satisfaction, qui porte émerveillement bien ses nouveaux habits puisque nous l’avons déjà vu en tant que Vice-président représenter le Président de la République dans les différentes rencontres au plan international. C’était cela l’objectif, faire en sorte que le Président de la République puisse s’appuyer sur un Vice-président qui le représente à différentes rencontres où sa présence est jugée indispensable. Puisqu’il ne peut pas être partout, il fallait trouver les moyens pour qu’il puisse s’appuyer sur un collaborateur qu’il connaît et en qui il a entièrement confiance, et qu’il sait être capable d’assumer la fonction de Vice-président.

    En plus de la Vice-présidence, la nouvelle Constitution prévoit la création d’un Sénat. Comment celui-ci sera mis en place et à quand exactement ?

    Comment le Sénat sera mis en place. La Constitution le prévoit déjà. La Constitution prévoit qu’un tiers des membres du Sénat sera issu de nomination sur la base des critères déterminés par la Constitution. Ce sont des femmes, des hommes d’un certain niveau, qu’ils soient scientifiques, sportifs, scientifiques, diplomatiques, ou de l’administration. Qui vont venir apporter leurs expertises et leurs expériences dans la mise en place de cette Institution. Les deux autres tiers seront issus d’élections. Le corps électoral est connu. Il s’agit des conseils municipaux et régionaux qui vont élire ces deux tiers. Concernant la date, selon le calendrier initial, le Sénat devait être mis en place d’ici fin mars pour que sa première session inaugurale ait lieu dans la première semaine du mois d’avril. Ce calendrier sera-t-il respecté ? Je pense que oui parce que rien n’indique le contraire.

    La Constitution a donné naissance à une 3ème République qui implique l’émergence d’un Ivoirien nouveau. Mais M. le ministre, du 5 janvier au 7 février 2017, on a assisté à des mutineries des militaires à Abidjan et à l’intérieur du pays. Toute chose qui a crée la psychose au sein des populations. Avec ce comportement des militaires que l’on pourrait qualifier d’Ivoirien ancien, ne peut-on pas dire que la 3ème République est mal partie ?

    Je crois qu’il faut distinguer les exigences que recouvre la notion, le concept d’Ivoirien nouveau et ce qui s’est passé à Bouaké à travers la mutinerie. Ce qui s’est passé à Bouaké comme les grèves dans la fonction publique et d’autres mouvements sociaux, ce sont des considérations à ne pas confondre avec la notion d’Ivoirien nouveau. L’Ivoirien nouveau, c’est l’Ivoirien qui se réconcilie avec l’hymne de notre pays. C’est l’Ivoirien qui se réconcilie avec la devise de notre pays.

    Dans l’hymne national, il est dit ‘‘Salut ô terre d’espérance’’. Terre d’espérance, veut dire que la Côte d’Ivoire est un endroit, une terre où on peut trouver le réconfort ou le refuge lorsqu’on a perdu tout espoir ailleurs, ou quand on n’a plus d’autres horizons où aller, ou lorsqu’on croit être perdu complètement. Notre pays est par définition une terre d’accueil. Le peuple qui constitue la population ivoirienne -je ne parle pas de la population autochtone- est venu d’un peu partout. Certains sont venus du Liberia, de la Guinée, du Mali, du Burkina, du Ghana, du Sénégal voire des pays encore plus lointains. Puisque des compatriotes libanais sont ici depuis les années 1980 et même avant. Donc, ceux-ci ont trouvé en Côte d’Ivoire des conditions d’une vie meilleure par rapport à leurs pays d’origine. C’est donc cette terre d’accueil que nous devons à réapprendre à aimer et non pas la terre des rejets, des hostilités d’inimité que nous avons installée au lendemain du décès du Président Félix Houphouët Bobigny. Donc, l’Ivoirien nouveau, c’est d’abord se réconcilier avec l’hymne national.

    Je crois que tous les Ivoiriens devraient réapprendre non pas à chanter l’hymne national, mais à réapprendre à écouter les paroles de l’hymne national, à se réapproprier, à les vivre. L’Ivoirien nouveau, c’est aussi l’Ivoirien qui se réconcilie avec notre devise : union, discipline, travail. On n’a pas besoin de faire une dissertation pour savoir ce que signifient ces trois thèmes. Union, parce que l’union fait la force, nous venons d’un peu partout et que nous devons vivre ensemble pour bâtir cette terre qui nous a accueillis tous. C’est à la fois un constat, mais aussi un vœu. C’est dans l’union que nous pourrons développer notre pays.

    Le Travail, là également on n’a pas besoin de faire un long discours parce que c’est le travail qui donne à l’homme toute sa dignité, son orgueil, tout ce qui fait de lui ce qu’il est. C’est par le travail qu’on se réalise et qu’on réalise aussi ce qu’on peut apporter à la société.

    La discipline est cardinale, centrale. Sans discipline, aucune œuvre humaine ne peut être entreprise avec efficacité. Malheureusement, nous avions désappris des enseignements qui sont dans ces trois mots. Nous avions désappris à être unis, à être des frères et des sœurs, à être des amis. Cela a donné ce que nous avons constaté avec regret : la division, la déchirure. Toutes choses qui ont atteint leur point d’orgue avec la crise postélectorale. Nous devons revenir à ce que nous n’avions jamais cessé d’être, c’est-à-dire des frères, des amis. Nous avions également désappris à être disciplinés.

    Aujourd’hui encore nous peinons à retrouver la discipline, la voie et les comportements de la discipline. L’Illustration la plus frappante de la discipline, c’est quand on voit des chauffeurs de taxis, de véhicules personnels , de wôrô wôrô emprunter le trottoir parce que la chaussée est encombrée. Alors que le trottoir est fait pour les piétons. C’est un exercice auquel nous sommes tous coutumiers . Il faut que nous fassions tous notre propre examen de conscience pour comprendre que sans discipline, absolument rien n’est possible. Donc l’Ivoirien nouveau, c’est celui qui s’approprie l’hymne national, c’est aussi celui qui s’approprie les trois mots de notre devise : Union, discipline, travail.

    Pour le reste, Je crois savoir que les mutineries auxquelles on a assisté, les mouvements sociaux, les grèves dans la fonction publique, dans l’enseignement supérieur reposent sur des revendications. Sont-elles des revendications fondées ou non fondées ? Mais il faut de l’écoute pour s’assurer que ces revendications sont justifiées ou pas. Si elles sont justifiées, leur apporter la réponse. Ou si ces réponses ne sont pas à portée de main, au moins dialoguer jusqu’à ce que les circonstances de la situation permettent d’y faire face. Cela n’a absolument rien de contradictoire avec le comportement de l’Ivoirien nouveau. Cela fait partie des règles du jeu en matière du droit de travail, que ce soit dans le secteur public ou privé.

    Parlant toujours des mutineries, est ce qu’on peut dire aujourd’hui que la Côte d’Ivoire dispose d’une armée républicaine ?

    Je ne vois pas pourquoi on ne peut pas dire que la Côte d’Ivoire n’a pas une armée républicaine. Je ne vois pas pourquoi cette question se pose ou pourrait se poser. Nous avons une armée qui est à notre service à nous tous. C’est cela la République. La chose publique. Respublica. L’armée n’est pas là pour un camp contre d’autres camps. Elle est là pour la Côte d’Ivoire, pour les Ivoiriens et tous ceux qui vivent en Côte d’Ivoire. Maintenant, qu’elle soit traversée par des convulsions, qu’il y ait des choses à dire sur les comportements qu’on observe ici et là, je dirai que cela se voit partout. Quand des militaires étrangers des pays développés sont accusés de pédophilie dans des pays où ils sont déployés pour faire du maintien de la paix, on ne peut pas dire que ces militaires ne sont pas républicains. On sait tous que les medias font état de ce genre de situations à longueur de journée, mais on ne met pas en cause le caractère républicain de l’armée.

    Vous parliez tout à l’heure de la grève des fonctionnaires, je voulais y revenir. Vous avez été vous-même ministre de la Fonction publique. Quelle lecture faites-vous de la grève des fonctionnaires en général et des instituteurs en particulier ?

    Il n’y a pas de jugement de valeur à apporter à une grève. Le droit de grève est un droit constitutionnel. C’est autorisé par la Constitution. C’est le droit syndical, le droit du travail. Donc, que les travailleurs aussi bien du public et du privé se mettent en grève, ne devait pas surprendre, choquer ou outrer. Les raisons pour lesquelles le travailleur peut se mettre en grève sont multiples. On peut avoir des appréciations bonnes ou mauvaises sur les revendications. Il faut avoir de l’écoute. Écouter ceux qui se mettent en grève. Par l’écoute on peut savoir si les revendications qui sont formulées sont fondées ou pas . Si elles sont fondées, on peut donc envisager avec des grévistes des solutions possibles. Si elles ne sont pas fondées, on peut dire à ceux qui sont en grève, arguments à l’appui, que leurs revendications ne sont pas fondées. Donc, je n’ai pas à juger tous ces mouvements sociaux auxquels on a assisté récemment. Je note avec satisfaction que le gouvernement a eu de l’écoute et c’est la voie à suivre. Quand on écoute, on apprécie mieux les motivations réelles des revendications. Dieu merci. Le gouvernement a eu l’écoute qu’il fallait. Les mouvements de grève se sont estompés. Il faut espérer que le gouvernement va rester toujours disponible, toujours dans la même posture d’écoute pour anticiper d’autres mouvements de grève.

    Partagez-vous l’avis de ceux qui disent que ce sont des partis politiques sont derrière ces mouvements ?

    Je ne souhaite pas cela. Des partis politiques sont-ils à la manœuvre derrière ces mouvements de grève ou ce sont des mouvements de grève déclenchés par des syndicats sur la base des revendications fondées ? Je note tout simplement que beaucoup de revendications qui ont été reformulées par les syndicats ont été satisfaites. Cela veut dire que ce n’était pas des revendications farfelues. Dire que des mains occultes sont derrière ces revendications me paraît un peu facile. Alors si c’était le cas, on ne devrait pas satisfaire ces revendications.

    La Banque mondiale a fait un rapport et relève qu’il y a un faible niveau d’éducation en Côte d’Ivoire. Un commentaire ?

    Je ne me sens pas capable de répondre à cette question dont je n’ai pas d’expertise, la meilleure compréhension. La Banque mondiale en l’occurrence travaille avec les différents ministères notamment de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur que j’ai eu la grâce de diriger pendant quelques années. Les rapports de la Banque mondiale sont rédigés à la fois par les fonctionnaires de la Banque mondiale et ceux de nos différents ministères. La Banque mondiale dit que le niveau de l’éducation nationale en Côte d’Ivoire est faible, c’est un constat qui est fait. On ne s’arrête à ce constat. Des solutions doivent être proposées pour corriger cette situation. Il faut aller au delà du constat.

    Il y a un autre sujet également qui défraie la chronique actuellement, c’est l’agrobusiness. Quel analyse faites-vous de ce phénomène ?

    L’agrobusiness est un sujet assez vaste. Je parlerai de la société Monhévea. J’ai eu certains proches qui se sont laissé avoir par ce projet, qui ont souscrit et qui malheureusement font partie de ceux qui n’ont pas pu être payés avant la suspension de l’opération. Je me suis donc informé auprès de ces personnes après avoir bien entendu relevé la légèreté avec laquelle ils se sont comportés, parce que comme l’a dit le ministre de l’Économie , il est illusoire de penser que l’argent placé pouvait rapporter un tel niveau d’intérêt. Il faut dire que cette affaire dure depuis 2012 . Monhevea est une société qui a été créée en bonne et due forme en 2012 dont les statuts ont été déposés, qui est connue aux impôts, qui est en partenariat avec toutes les banques de la place. Je dis bien toutes les banques de la place, les banques qui sont sous le contrôle de la Bceao, de la Commission bancaire. Au regard donc de ce partenariat, les souscripteurs font les versements à leur banque tout comme ils perçoivent leur retour sur investissement dans les banques. La société a fait beaucoup de campagnes publicitaires à travers des panneaux publicitaires, mais aussi des spots à la télé précisément sur la première chaine. Tout cela pour dire qu’en réalité, la société n’ayant pas vécu dans la clandestinité, pourquoi se fait-il que c’est maintenant son existence et son fonctionnement ont pu être remarqués . Voilà où j’en suis dans les informations. Et je me pose la même question. Comment se fait-il que depuis 2012 une société qui utilise l’épargne des populations ait pu échapper à tous les radars des banques, de la banque centrale, de la Commission bancaire ? Il semblerait même que la société avait suspendu ses souscriptions depuis octobre dernier et que jusque là aucune plainte d’un souscripteur n’a été enregistrée concernant son non payement. Je pense que les enquêtes qui sont en cours permettront de situer les responsabilités parce qu’il y a forcement des responsabilités. Au delà de l’opérateur et du promoteur, il y a des responsabilités à tous les niveaux.

    En attendant qu’on ait les résultats de l’enquête, le gouvernement a décidé de rembourser les souscripteurs.

    À partir du moment où les souscripteurs se plaignent, faute de retour sur investissement, il faut que leur souscription soit remboursée. Je ne pense pas quand même que ce soit une mauvaise idée de la part du gouvernement de procéder au remboursement des sommes engagées. Peut-être qu’il aurait fallu attendre que le promoteur lui-même rembourse tous les souscripteurs faute de pouvoir payer à tous le retour sur investissement. Après quoi, le gouvernement aurait pu demander des comptes sur la provenance des ressources qui permettent de payer 200%, 300 % de taux d’intérêts à des souscripteurs. En ce moment là, le gouvernement serait en meilleure position, meilleure posture que celle que dans laquelle il est aujourd’hui. Il y a véritablement anguille sous roche qu’on puisse payer 300%, 400% de taux d’intérêts à des souscripteurs. Malheureusement, le gouvernement a choisi une autre solution. Nous osons espérer que celle-ci va aboutir et que le résultat pourra calmer les souscripteurs.

    Face aux grèves, aux manifestations des souscripteurs, à la mutinerie, le président du Fpi a demandé la mise en place d’un gouvernement de transition. Qu’est ce que vous en pensez ?

    Le président de quel Fpi parce qu’il y en a deux ?

    Affi N’Guessan

    Le président Affi N’Guessan demande la mise en place d’un gouvernement de transition. Est-ce que c’est parce qu’il y a une affaire d’hevea.com ou il y a les grèves ? Dans l’un comme dans l’autre, je ne vois pas qu’il existe un lien entre les mouvements sociaux et la mise en place d’un gouvernement de transition. Est-ce que le gouvernement est incapable de gérer les différents mouvements sociaux, de gérer les agrobusiness et que lui Affi N’Guessan veut apporter son expertise ? La question mérite d’être posée. Affi N’Guessan a été premier ministre en Côte d’Ivoire de 2000 à 2002. Pendant qu’il était premier ministre, nous avons assisté à des mouvements sociaux. Toutes les organisations syndicales et professionnelles étaient en ébullition. On a assisté pour la première fois à la grève des avocats, des magistrats au point où Affi N’Guessan premier ministre avait été obligé de solliciter une trêve d’un mois pour 10 ans de bonheur, à l’Assemblée nationale. Pourtant l’opposition que nous incarnons à l’époque n’a pas demandé la mise en place d’un gouvernement de transition. Nous avons continué de faire notre travail d’opposition, c’est-à-dire à contester leurs choix, leurs méthodes et leurs manières de gouverner jusqu’à ce que nous arrivions à la situation regrettable de la rébellion de 2002. Donc, je ne vois pas de rapport entre les mouvements sociaux et un gouvernement de transition. À moins qu’Affi N’ Guessan soit en train de nous dire qu’ils sont en train de préparer un coup d’État en disant qu’il faut mettre en place un gouvernement de transition. Qu’il le dise. À ce moment là, nous allons aviser.

    Des observateurs estiment que le Président de la République doit prendre la parole pour calmer les esprits

    Le président doit prendre la parole pour calmer les esprits. Cette proposition me paraît surprenante. Pour calmer les esprits de qui ? Si ce sont des syndicats, ils ont des revendications. Il faut tout juste regarder , voir dans ces revendications ceux qui sont fondées et justifiées. Concernant les militaires qui ont revendiqué bruyamment, c’est la même démarche. Le Président, en tout cas c’est mon point de vue, n’a pas à prendre la parole pour venir calmer les esprits quand les esprits sont surchauffés pour des revendications. On regarde tout simplement ces revendications et on y apporte des solutions.

    Comment le Rdr se porte après les législatives ?

    Après les législatives, comme avant les législatives et comme pendant les législatives, le Rdr ne se porte pas bien. Avant les législatives il ne se portait pas bien. Pendant les législatives, on a pu le constater et après les législatives. Le Rdr pourrait aller mieux .

    Soyez plus précis M. le ministre ?

    J’ai répondu à votre question. Le Rdr pourrait aller mieux.

    En quoi est ce que le Rdr ne se porte pas bien ?

    Nous sommes tous contemporains de la vie politique de notre pays. Nous avons été tous animateurs de la vie politique. Le Rdr que nous avons connus avant qu’on arrive au pouvoir n’est pas celui que nous connaissons aujourd’hui ni par son fonctionnement, ni par son organisation, ni par sa méthode. C’est pour cette raison que je dis que le Rdr pourrait se porter mieux. Pour être plus précis, depuis 2011, le Rdr est dirigé par un secrétaire par intérim. Ce qui paraît préoccupant. Je ne sais pas de qui le secrétaire général est l’intérim. Depuis 2011 jusqu’à 2017, c’est-à-dire 6 ans c’est-à-dire plus de 5 ans qui est la durée d’un mandat. Le Rdr doit faire son congrès tous les 5 ans. Mais voir le parti dirigé pendant plus de 5 ans par intérim, c’est préoccupant.

    Les grognes au niveau de la base font-elles partie des maladies dont souffre le Rdr ?

    Il y a les grognes au niveau de la base pour justement dénoncer cette situation d’intérim. Les militants de base se sentent abandonnés. Certains militants en tout cas considèrent que le Rdr est devenu le cadet des soucis . Ils constatent que tout est fait pour que le Rdr meure. Beaucoup de militants se sentent trahis . Ils considèrent qu’ils ont été utilisés. Je parle de nous tous. Qu’ils ont été utilisés pour arriver au pouvoir et après on les a abandonnés. Tout cela fait partie du mal être, des difficultés du Rdr.

    La mise en place du Fond de solidarité et la série de décoration des militants qui se font actuellement n’est t-elle pas une réponse à ces problèmes ?

    Oui. La mise en place d’un fond de solidarité aurait pu constituer une réponse à ces récriminations. Autant que les cérémonies de décoration qui se tiennent actuellement. Il se trouve tout simplement que ces deux opérations n’ayant pas été conçues après une véritable analyse de la situation du parti, l’état de mécontentement des militants, les aspirations profondes créent au jour aujourd’hui beaucoup de problèmes qu’elles étaient censées résoudre. Les décorations se font pratiquement à l’emporte pièce. Les gens sont décorés au grand dam des militants qui ont tout donné au parti, quelquefois, qui ne sont même pas informés de la tenue de la cérémonie de décoration. Des gens ont été choisis pour constituer des points focaux du Fond, alors qu’ils ne viennent d’adhérer au Rdr qu’en 2016, quelquefois même en 2017. C’est ceux là qui deviennent des points focaux pour distribuer des fonds à des militants qui sont dans le parti depuis 1994. En pareille situation, les militants se sentent encore humiliés plus qu’avant. . Cela ne fait qu’ajouter la frustration à la frustration.

    Dans la foulée, le 3ème congrès ordinaire du Rdr est annoncé. Quelles seront les différentes articulations de ce congrès ?

    Je ne peux pas vous en dire quoi que ce soit. En tout cas le secrétaire général adjoint chargé de l’organisation, le ministre d’État Koné Kafana a annoncé la tenue d’un congrès dans les colonnes d’un de vos confrères il y a quelques semaines. Nous attendons que les grandes orientations de ce congrès soient définies. Nous osons espérer que ce congrès qui pour moi est un congrès du destin dans la mesure où il se situe dans la perspective de 2020 va aboutir à des résolutions fortes du point de vue de l’organisation du parti, la remobilisation des militants et surtout de la nouvelle vision que nous devons avoir . Nous osons espérer que ce congrès va nous permettre d’aller au fond des sujets qui vont être abordés , pour sortir les meilleures réponses aux problèmes pour que le Rdr soit plus fort que jamais et qu’il aille à la conquête du pouvoir d’Etat en 2020 avec de meilleurs gages .

    Ce congrès mettra-il fin à la situation d’intérim que vous décriez tantôt ?

    Lorsqu’on va à un congrès, on renouvelle les structures. Bien évidemment le Rdr va élire son président. Lequel président va nommer le secrétaire général de sorte à ce que le parti se retrouve sur ses jambes, sur ses pattes comme on veut. Si le président confirme le secrétaire général par intérim actuel, ce ne sera que justice. Ça sera une reconnaissance du travail qu’il a abattu. Les militants devront partager cette reconnaissance. Maintenant, si le président considère que le secrétaire général par intérim actuel a travaillé pendant plusieurs années, a beaucoup donné et que maintenant il faut le mettre à un autre niveau pour donner un nouveau souffle au secrétariat général, tout cela relève du pouvoir discrétionnaire du président.

    Quel avenir pour le Rhdp ?

    Un bel avenir je suppose. Ce projet est encore en cours. Il n’a pas encore abouti. Il faut souhaiter que ça aboutisse avant 2020 pour que nous allions en 2020 en rang serré avec une seule famille, un seul candidat que nous allons soutenir. Nous continuons de travailler. Les juristes du Rhdp dans le cadre du comité ad hoc que j’ai l’honneur de diriger ont fini de faire leur travail, c’est-à-dire l’écriture des textes, le statut , le règlement intérieur, le manifeste de ce nouveau parti , une note d’orientation qui dit comment ce parti est crée , pourquoi il est crée. Mais aussi le document qui définit la procédure de création de ce parti. Les juristes ont fini leur travail dans le délai qui leur était imparti à savoir septembre 2016. Ils ont remis une copie à qui de droit. Le reste est dans les mains des premiers responsables du Rhdp.

    Le Rdr et le Pdci sont allés aux législatives en rang serré mais on note l’existence de deux groupes parlementaires. N’est-ce pas un problème ?

    Effectivement je note avec vous, qu’étant parti sous la bannière Rhdp aux législatives 2016, je m’attendais à ce que nous ayons un seul groupe parlementaire dénommé Rhdp. Je note avec beaucoup de préoccupation l’existence de deux groupes parlementaires Pdci et Rdr . C’est avec beaucoup de préoccupation parce que je ne comprends pas très bien quelle est la logique qui sous-tend la mise en place de ces deux groupes parlementaires dès lors que nous sommes partis aux élections législatives sous la bannière du Rhdp et dès lors que nous œuvrons tous pour la mise en place d’un parti unifié avec la mise en place de deux groupes parlementaires Rdr-Pdci à l’Assemblée Nationale ? Je voudrais espérer que non. C’est pour cette raison je pense que le projet n’étant pas encore mort, devrait pouvoir aller jusqu’a son terme malgré ce gros point d’interrogation.

    On note aussi l’absence de Mabri et de Gnamien au gouvernement et ils ont formé leur groupe parlementaire

    Mabri et Gnamien sont sortis du gouvernement mais ils ont dit eux même qu’ils demeurent membres du Rhdp. On ne peut pas en dire plus car s’ils sont sortis du gouvernement, il faut savoir que la participation au gouvernement est une chose et la participation au Rhdp en est une autre. C’est vrai dans la plate-forme du Rhdp il est dit que nous combattons pour conquérir le pouvoir d’État ensemble et puis le gérer ensemble. Ayant fait effectivement tout qu’il a fallu faire pour que nous arrivions au pouvoir ensemble , leur sortie du gouvernement dans la situation actuelle peut conduire à se poser des questions mais bon, les deux ont dit l’un à la suite de l’autre qu’ils demeurent membres du Rhdp on ne peut pas en dire plus.

    Bref Monsieur le Ministre, des observateurs affirment que tout va bien dans le pays, que l’économie est en bonne santé avec une croissance à deux chiffres , mais d’autres disent dit qu’il n’y a pas encore de rétribution des fruits de la croissance…

    Zon, écoutez ! Je pense que c’est une perception. Elle peut être juste comme elle peut être fausse. Il faut chercher à comprendre. Il y a des amis du Président avec lesquels , j’échange souvent. Nous avons des compatriotes qui en 2011 n’avaient pas d’emploi, donc avaient 0 franc de revenu et qui, en 2017 ont eu un emploi donc un revenu. Quelquefois un gros revenu. Les compatriotes malgré tout ne sont pas contents. Et ils disent qu’ils ne sont pas contents. Il y en a qui sont des chefs d’entreprise, qui ont des marchés, qui ne sont pas contents parce que les marchés qu’ils ont ne leur paraissent pas ceux qu’ils ont espéré avoir ou qu’ils attendaient. Tout cela est une question d’appréciation. Je pense qu’il faut se donner un temps pour mener des réflexions là-dessus. C’est pourquoi nous nous attelons à la préparation d’une grande rencontre pour comprendre cette situation.

    Un dernier mot ?

    Je voudrais profiter de votre interview pour féliciter l’équipe de l’Intelligent d’Abidjan. Grace à son efficacité, le journal s’est imposé comme une référence sur la place. On ne peut que vous féliciter. C’est vrai que la perfection n’est pas de ce monde et qu’il y’a beaucoup de choses encore qui peuvent être améliorées . Mais avec vos différentes parutions nous comprenons un peu mieux la situation.

    Interview réalisée par Abdoulaye Touré

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