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    Interview : Alain Gouamené parle de son baptême de feu d’entraîneur avec l’Asec d’Abidjan

    Interview : Alain Gouamené parle de son baptême de feu d’entraîneur avec l’Asec d’Abidjan
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 6 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    Champion d’Afrique en 1992 avec les Éléphants de Côte d’Ivoire, Alain Gouamené est l’actuel entraîneur de l’Asec Mimosas, l’un des club les titres titrés du pays. Pour sa première expérience sur le banc de touche d’un club, le héros de Sénégal 92 a occupé la deuxième place au classement derrière l’AS Tanda, championne. Dans cet entretien, il fait son bilan tout en parlant du football ivoirien dans son ensemble.

     – Avez-vous des regrets de n’avoir pas gagné le titre et d’avoir perdu aussi la Coupe Nationale dont l’ASEC était détentrice ?

    On a toujours des regrets quand on ne gagne pas un titre surtout qu’on a mené le championnat de bout en bout. Mais l’AS Tanda mérite d’être championne. Elle nous a battue en opposition directe. On a vraiment des regrets parce qu’il y a eu des virages que nous aurions pu négocier mais nous ne l’avons pas fait. Il y a des regrets pour l’ASEC qui cherche un titre depuis des années. Pour moi, le fait d’être vice-champion et d’avoir qualifié l’équipe pour une coupe africaine est une très bonne chose. Quant à la Coupe Nationale, nous avons joué crânement nos chances mais nous avons été éliminés au stade des demi-finales.

    Pour la dernière journée du championnat national pensiez-vous que le coup était jouable au moment du déplacement de votre équipe à Gagnoa ?

    Dans les normes oui. Mais nous sommes en Côte d’Ivoire et nous savons ce qui se passe dans le championnat. Quand vous voyez la configuration des rencontres de la dernière journée, vous savez que tout état était déjà plié. Le CO Korhogo qui jouait contre l’AS Tanda n’avait plus de pression.

    -A quel moment avez-vous réalisé que le titre était perdu pour vous ?

    Nous avons vu les symptômes venir après le match de la 18ème journée contre le CO Korhogo où tout s’est écroulé alors que nous menions. Surtout que ce match intervenait juste après celui contre Sfax où nous avons fourni un grand jeu sans gagner. Après ça joue énormément. Il y a eu des choses vraiment bizarres au sein de l’équipe avec des menaces permanentes de départ de certains joueurs en plein milieu de championnat. C’était la chaise musicale des jeunes. Ça fait partie du football ivoirien.

    -Et pourtant il y avait encore huit journées au calendrier

    Oui mais après c’était le mano à mano où chaque équipe ne voulait lâcher du lest. C’était difficile. En fait, en championnat, quand vous avez l’occasion de prendre le large mais que vous ne le faites pas, après ça devient compliqué. Et c’est ce qui s’est passé malheureusement.

    -Mais il y aussi que l’ASEC a inscrit peu de buts

    Oui et la remarque est juste et même pertinente. L’ASEC est une très bonne équipe qui manque d’un grand attaquant et d’un buteur. Cela a énormément joué au décompte final. Mais si nous gagnions par 1-0 ou 2-1 toujours, nous serions premiers. Que devons-nous faire la saison prochaine ? Nous sommes en train de reconstruire l’ASEC.

    -Le calendrier ne vous a-t-il pas été aussi défavorable en jouant presque tous les trois jours enchaînant les matches de championnat, de la Coupe Nationale et ceux de la Coupe de la Confédération ?

    Oui parce que nous avons joué au football 12 mois sur 12 en 26 journées. Mais ce sont les aléas du football ivoirien. Quand vous n’êtes pas entraineur de première division ça passe mais aujourd’hui je suis dedans je vois les réalités. Je voudrais lancer un appel à la Ligue Professionnelle. Je souhaite qu’elle mette en place un calendrier de compétitions qui ne dure pas 12 mois sur 12 et qui prenne en compte les matches internationaux. Regardez un peu la France. Elle commence en août mais elle termine en mai. Cela peut se faire aussi chez nous.

    -Mais c’est ce qu’elle a toujours fait

    Mais avec ce que j’ai vu, nous avons joué toute l’année si nous prenons en compte le temps de préparation.

    -Serez-vous toujours l’entraîneur de l’ASEC Mimosas la saison prochaine ?

    Normalement oui si les dirigeants de l’ASEC jugent mon bilan positif. Mais tout cela avec l’accord de la FIF parce que je suis toujours sous contrat avec la FIF. Moi, je me donne deux ou trois ans pour reconstruire l’ASEC.

    -Tous les anciens joueurs de l’ASEC qui ont servi en tant qu’entraîneur ont gagné le titre avec le club. Vous, vous avez raté votre première expérience en ne gagnant ni le titre ni la Coupe Nationale. En êtes-vous conscient ?

    Bien sûr mais je ne suis qu’à ma première expérience. Mais n’oubliez pas aussi que j’ai réussi à qualifier l’équipe pour la prochaine Ligue des Champions ce qui n’est pas une mauvaise chose. L’ASEC a tout de même atteint un de ses objectifs.

    -Qu’est-ce qui constitue votre plus grand regret au cours de cette saison ?

    De n’avoir pas été champion pour ma première année sur le banc d’un club. Il y a aussi certains matches que nous avons ratés et dont le résultat nous a été préjudiciable. Je pense surtout à notre match nul contre le Denguelé d’Odienné lors de la 23ème journée c’est-à-dire à trois journées de la fin de la compétition.

    -Et quel a été votre plus grande satisfaction

    C’est l’ensemble de l’équipe. J’ai eu un ensemble de joueurs qui ont découvert beaucoup de choses cette saison. Ils ont été étonnés de voir que ceci existe au football et que cela par exemple n’existe pas. J’ai fait améliorer leur alimentation aussi bien à la maison qu’aux entraînements. Désormais, ils ne boivent que de l’eau minérale…Maintenant, je me pose une question après une grosse réflexion : pourquoi, les joueurs ivoiriens sont-ils toujours dans les essais dans les clubs professionnels ? Il faut mettre fin à tout cela parce qu’un joueur qui fait des essais, cela veut dire qu’il n’est pas bon.

    -Est-ce à dire que les joueurs ivoiriens ne sont pas bons ?

    Ils ne sont pas au haut niveau. Le travail à la base a bâclé. Les joueurs ivoiriens ne sont pas techniques ni tactiques mais ils sont physiques.

    -Pour de nombreux observateurs, l’effectif de l’ASEC n’était pas aussi riche . Êtes -vous de cet avis ?

    J’ai trouvé l’effectif sur place cette année. Mais j’assume aussi parce qu’il y a eu le mercato où j’ai fait recruter des joueurs. L’effectif n’est pas super bon mais avec cela vous avez vu le résultat avec le jeu que l’équipe a produit.

    -Est-ce à dire que des départs sont annoncés tout comme des arrivées ?

    Bien sûr. Au niveau local, il faut recruter des joueurs techniques. Mais aussi à l’étranger.

    -Comment avez-vous vécu votre première expérience en tant qu’entraineur de club ?

    Une très bonne expérience. Parce qu’elle m’a permis de comprendre beaucoup de choises. J’en ai tiré des leçons. En sélection, c’est le caviar, tu ne fais que de la détection c’est un fourre-tout. J’ai beaucoup appris.

    -Avez-vous eu une grosse pression ?

    Pas du tout. Je n’en ai pas connu ni avec les supporters ni avec les dirigeants. Ça été un challenge intéressant pour moi.

    -L’ASEC jouera la Ligue des Champions la saison prochaine. Comment voyez-vous déjà cette échéance ?

    Il faut faire des recrutements conséquents c’est le plus important. Parce que la Coupe d’Afrique demande beaucoup d’argent. C’est une réalité. Après, nous devons réussir à nous qualifier pour la phase de poule. C’est important. Il en est de même pour l’Africa Sports, l’AS Tanda et le Sporting Club, les autres représentants ivoiriens. Nous devons jouer à fond et ne pas se faire éliminer au premier tour. Si cela doit arriver c’est que ce n’est pas la peine. Nos performances doivent permettre à la Côte d’Ivoire de conserver ses quatre places en coupes africaines.

    Interview réalisée par Adou Mel

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