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    Handball : les raisons de la domination africaine de l’Angola , selon le Président de la Fédération

    Handball : les raisons de la domination africaine de l’Angola , selon le Président de la Fédération
    Publié le
    Par
    Adou Mel
    Lecture 5 minutes
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    Président de la Fédération Angolaise de Handball, Pedro Celestino Sousa Godinho était récemment à Abidjan dans le cadre du tirage au sort de la 33ème édition du Championnat d’Afrique des Clubs Vainqueurs de Coupe de handball. Il s’est prêté aux questions de afrikipresse.fr , pour parler des forces et des faiblesses de ce sport de son pays.

    Quel jugement portez-vous sur le tirage au sort de la 33ème édition du Championnat d’Afrique des Clubs Vainqueurs de Coupe de handball qui verra la participation d’un club féminin de l’Angola ?

    Dans l’ensemble c’est un bon tirage. Nous Angolais , nous n’avons pas d’inquiétudes. Nous avons un objectif clair quand nous nous engageons dans une compétition au niveau des dames : remporter le trophée quand bien nous avons du respect pour les autres participants. 

    Évidemment l’Angola chez les dames rafle pratiquement tous les trophées aussi bien en clubs qu’au niveau des sélections nationales. Quel est le secret de votre réussite ?

    C’est le travail ; rien que cela ! Nous donnons la même importance de travail aux cadettes, juniors et seniors. En 2014, nous avons perdu le titre en nations chez les dames parce que nous avons pris le risque, c’est le cas de le dire, de mettre six juniors dans le groupe senior. Dans notre pyramide, nous avons environ 40 clubs chez les cadettes des 12 à 13 provinces du pays, 25 clubs chez les juniors et quatre clubs chez les seniors en phase finale du championnat national. À tous les niveaux, nous prévoyons 30% de l’effectif qui doivent monter chaque année. En 2014 nous avons arrêté un cycle, nous avons changé d’entraineur parce que notre objectif était les Jeux Olympiques. Après les jeux, nous avons repris notre titre avec des jeunes filles de 22-23 ans. Nous avons remarqué que la plupart des pays africains ne s’intéressent qu’à leur sélection senior ; ce qui n’est pas le cas chez nous. En Angola, nous faisons en sorte qu’une joueuse participe au moins à un championnat d’Afrique de cadettes, un championnat d’Afrique des juniors et un championnat du Monde dans les deux catégories avant de monter en équipe senior. Cela nous permet d’avoir une sélection senior solide et forte , de pouvoir surtout la maintenir.

    Il y’a également d’énormes moyens financiers qui sont éjectés dans la discipline…

    Nous bénéficions de l’attention de l’État , et avons surtout la chance d’avoir un président de la République qui s’intéresse vraiment au sport à travers la création d’infrastructures sportives dignes de nom. Nous venons d’organiser la CAN dans un palais des sports de 20.000 places assisses. Cette salle est la 7ème ou 8ème meilleure salle du monde. De plus, nous bénéficions chaque année d’une subvention de l’État . Seulement chez nous, les grands sports ne s’intéressent qu’aux équipes féminines parce qu’elles réalisent de bons résultats.

    Pourquoi le handball masculin tarde-t-il à prendre son envol ?

    Chez nous, les dames font du handball leur première occupation et de manière permanente , alors que les hommes en font leur troisième occupation dans un pays où le sport n’est pas professionnalisé. De plus, contrairement aux dames, nous n’avons qu’un seul joueur professionnel évoluant en Tunisie, tous les autres évoluent en Angola. Les pays du Nord de l’Afrique s’occupent beaucoup plus du handball masculin et délaissent quelque peu le handball féminin. L’Afrique au sud du Sahara elle, s’intéresse beaucoup plus du handball féminin. Le grand Congo a dominé au début des années 80, la Côte d’Ivoire a régné entre 1986-1987 et depuis 1989 l’Angola est sur le haut du podium. En fait, le handball est la discipline préférée de la jeunesse féminine. Nous avons deux grands centres de développement qui sont à Luanda et à Benguela . Je peux affirmer que nous avons le plus grand nombre de licenciés au niveau du sport ; donc plus que le football et le basket-ball. Au niveau de la fédération, nous mettons les techniciens dans de bonnes conditions de travail à travers des formations. Mais ne l’oublions pas, nous mettons toujours en avant l’accent sur les cadettes et les juniors , c’est à dire sur la formation.

    Pourquoi selon vous, la sélection nationale angolaise qui domine tant le handball africain, n’atteint-elle pas un haut niveau en Coupe du Monde ?

    Comprenez que le handball angolais n’est pas professionnalisé. De plus, nous allons au Mondial avec seulement trois ou quatre grands matches de haut niveau et un stage d’un mois. La Tunisie, le Congo et le Cameroun vous donnent des matches de haut niveau mais cela n’est pas suffisant pour rivaliser avec de grandes nations européennes par exemple qui font environ 40 matches de haut niveau. Quelle est la différence ? Nous recevons des invitations pour de grands tournois en Europe mais les déplacements en Afrique coûtent excessivement chers. Pour un tournoi, vous pouvez dépenser 50.000 dollars (Environ 25 millions de F CFA) alors qu’en Europe vous pouvez vous déplacer en train ou en car. De plus les billets d’avion ne sont pas aussi chers. Au Mondial, une fois nous avons battu la France chez elle. Nous avons battu le Danemark en Chine et l’Allemagne et la Corée au Brésil. Si nous battons ces pays dans le même championnat, nous jouerons la finale.

    Quel est justement le budget de la fédération par an ?

    Nous bénéficions une subvention d’un montant d’un million de dollars (environ 500 millions F CFA) chaque année pour six sélections nationales hommes et dames qui sont présentes à toutes les compétitions. Pour une fédération africaine, c’est bon mais le coût des déplacements est tel que cela s’avère insuffisant.

    Entretien réalisé par Adou Mel

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