La capitale Conakry est sale. Il suffit de faire un tour dans certains quartiers de la ville pour constater les réalités, en ce début de la saison pluvieuse.
Dans cette ville de plus de 2 millions d’habitants, les ordures tiennent tête aux autorités à tous les niveaux, malgré les sommes déboursées pour rendre la capitale pure.
Reportage !
Au niveau des voies publiques, dans les marchés, le long de la mer, les tas d’immondices défient le ciel. Afrikipresse a sillonné un marché de la banlieue de Conakry, situé dans la commune de Ratoma (Cosa). Il est 9 heures 35 mn le mardi 12 mai 2015. Les étalagistes commencent à s’installer. Les clients arrivent à compte-goutte. Dans ce centre de négoce où des centaines d’hommes et de femmes se côtoient tous les jours, il ne fait pas bon vivre. Les ordures tiennent tête aux citoyens et aux autorités.
‘’Vous nous voyez dans cette boue, nous vivons, mais nous ne sommes pas en bonne santé’’, s’emporte une vendeuse de feuille de patate. Assises auprès des eaux stagnantes, plusieurs femmes étalent des aliments à consommation directe parfois à même le sol.
On y voit de l’huile rouge, des feuilles de patate et de manioc, de la pomme de terre, des oignons. Ces aliments sont exposés sous l’appât des mouches, des vers de terre, et tous autres microbes.
Les femmes sont-elles conscientes des risques sanitaires qu’elles encourent et celui de leurs clients ?
‘’C’est difficile pour nous aussi. On vend ici sans notre gré. Moi, mon mari ne travaille pas. Je n’ai pas étudié. Donc c’est à partir de ce que je vends ici que j’arrive à nourrir mes enfants et à subvenir à certains de mes besoins. La santé, ça appartient à Dieu’’, laisse entendre Aissata Sylla, sans trop de souci.
Les vendeurs dans le marché à Cosa payent des taxes quotidiennes estimées à 1300 francs guinéens par personnes.
À quoi servent ces taxes alors que le lieu de business reste dépourvu de toilettes publiques fréquentables.
‘’Tu vois, ils ne ramassent pas. On paie une taxe de 1300 GNF par jour pour qu’on aménage les lieux et qu’on ramasse les ordures. Mais ils ne le font pas. Comme tu peux le voir, tous nos pieds sont gâtés par suite de cette boue’’, se plait Yarie Touré.
‘’Compte tenu de notre santé avec la famille, on ne peut pas continuer à cohabiter avec ces ordures. Ce n’est pas possible. On n’a même pas de toilette. Dans le marché ici, tous les jours on paye la patente estimée à 1300 GNF par personne. Ça leur rapporte des millions par jour. Ils se retrouvent incapables de ramasser les ordures. On est très désolé. On dirait qu’il n’y a pas de gouvernants dans ce pays’’, a dénoncé une vendeuse, arrêtée dans la boue.
Le marché situé entre la route principale le Prince et les rails, encercle les eaux stagnantes. L’odeur des immondices est piquante. Les habitants qui voisinent avec ces ordures s’enflamment contre les autorités locales et gouvernementales.
‘’C’est de la merde. Ces ordures nous fatiguent. Nous qui cohabitons avec ça, nous souffrons tellement. Il faut que le gouvernement vienne voir ce marché pour chercher à le débarrasser de ses ordures. Il n’y a pas de santé avec ces déchets. Tous les caniveaux sont bouchés. L’eau ne passe plus. Regardez mon corps ! Les moustiques me piquent. (Elle montre les boutons et des tâches noirs sur sa peau). Ça donne du palu et ça fatigue les gens dans le quartier. On dirait qu’il n’y a pas d’État dans ce pays’’, s’est lamentée Fatoumata Binta Diallo, habitante de la localité.
Moussa Sacko, un père de famille enchaîne : ‘’nous sommes débordés de la situation. On a tout fait, impossible. Nous avons rencontré les autorités locales, le gouverneur de la ville, le maire… ils nous ont promis, mais jusqu’à présent, rien. Nous continuons à payer les frais’’.
A quelques mètres du marché central de Cosa, (est), se trouve une décharge d’ordures. Là, un sexagénaire avec trois gamins baigne entre les détritus. Les enfants dont l’âge varie entre 7 et 13 ans, ramassent des débris à récupérer.
Nfamara Camara qui dit être employé de la compagnie RUSAL, indique vouloir ‘’empêcher que les ordures ne se déversent sur les rails’’.
‘’Si tu vois que je suis là, c’est au compte de la Compagnie de Bauxite de Kindia (CBK), pour empêcher les uns et les autres de jeter des ordures sur les rails. Une fois ces ordures déversées sur le chemin de fer, elles peuvent même empêcher le train de circuler. Comme tu le vois, le marché et le quartier, tout le monde vient déverser les déchets à cet endroit. Malheureusement, les autorités au plus haut niveau n’ont jamais fait face à cette épineuse situation des populations malgré les nombreuses sollicitations adressées’’, a-t-il expliqué.
Pour M. Camara, sa santé se trouve dans les mains de Dieu. ‘’Tu peux tomber malade quand il (Dieu) le souhaite. Mais tout est avec le tout puissant car celui qui donne’’.
Malgré plusieurs tentatives, Afrikipresse.fr n’a pu rencontrer l’administrateur du marché pour avoir sa version des faits.
Aliou BM Diallo