Paul Madys, membre de l’ex-collectif des artistes patriotes (sous le régime Gbagbo) est rentré en Côte d’Ivoire depuis plusieurs années , après un exil suite de la crise post-électorale. Il était l’artiste invité de la marche de protestation du Fpi le samedi 17 juin 2017. En marge de la manifestation, il a réaffirmé auprès d’Afrikipresse, son attachement au couple Gbagbo et profité pour annoncer son prochain album.
Quelle est l’actualité musicale de Paul Madys ?
Je suis entré d’exil en novembre 2014, après 4 ans d’exil. J’ai fait un an au pays et je suis reparti. Durant cette année en Côte d’Ivoire, j’avais débuté une œuvre discographique que je n’avais pas achevée quand je repartais. Là, ça va faire un mois que je suis revenu au pays, après un autre séjour de 10 mois à l’extérieur. Je suis là pour achever l’album. Il comporte 13 titres. Je suis donc là pour reprendre mes activités d’artiste. L’œuvre sera bouclée en juillet 2017. On va laisser passer la rentrée scolaire et le sortir dans la période des fêtes. Donc, vous aurez le tout nouveau Paul Madys en décembre 2017. Ce sera un missile sol air . À l’intérieur, nous allons donner des conseils aux jeunes face aux dangers que représentent l’immigration clandestine, le djihadisme. Deux fléaux qui ont pour dénominateur commun, la pauvreté, la misère. Et face à ça, nos dirigeants n’ont aucun programme d’insertion de ces jeunes, c’est pourquoi ils vont se faire tuer. Il faut mettre fin aux conflits dans nos pays qui poussent les populations sur les chemins de l’exil. Je plaide aussi pour l’insertion sociale des handicapés.
Pourquoi être reparti du pays, juste après votre retour d’exil ?
Je suis un artiste donc libre de mes mouvements. J’étais parti de la Côte d’Ivoire en 2011 parce que le pays avait des soucis en ce moment-là. Après 4 ans, j’ai vu que je pouvais rentrer pour poursuivre ma carrière. Si je suis reparti juste après, c’est toujours dans le cadre de ma carrière. Un artiste ne reste pas que dans son pays. La carrière musicale se fait dans le monde entier. Il doit bouger pour tisser ses relations. C’est ainsi que je suis reparti pour réactiver les réseaux. J’ai eu des contacts favorables. Donc, je suis revenu au pays pour boucler l’œuvre . Mon genre musical est beaucoup basé sur la tradition. Donc, il me fallait revenir, parce que les instruments de musique que j’utilise se trouvent pour la plupart ici.
Vous avez fait partie des artistes dits Patriotes, sous le régime Gbagbo. Comment avez-vous vécu la crise post-électorale ?
D’abord, il faut souligner que tout ivoirien qui aime son pays est patriote. Donc, Paul Madys ne va pas s’accaparer ce titre-là. Être patriote, c’est aimer son pays. Et c’est justement parce qu’on aime notre pays qu’à un certain moment de la lutte patriotique nous avons été là. Si vous nous voyez reprendre nos activités aujourd’hui, c’est parce que nous aimons notre pays. Car, à l’extérieur, ce sont les couleurs du pays que nous défendons. C’est pour cela que je suis encore là et que je travaille. La crise que nous avons connue a fait beaucoup de mal au pays. C’est ce que veux qu’on retienne.
Vous étiez l’un des artistes proches du régime Gbagbo. Aujourd’hui, le Président Gbagbo est à la Cpi, son épouse condamnée, son parti le Fpi est divisé par une crise profonde. Quel sentiment vous anime en ce moment précis où vous vous trouvez à une manifestation d’une tendance du parti …
D’abord, la politique, ce n’est pas mon feeling. Je ne suis pas un politicien, mais, plutôt un artiste. Je vais là où l’on m’invite. Mon travail est de chanter, me faire de l’argent pour gagner ma vie. Maintenant, le Président Laurent Gbagbo a été le Président de la Côte d’Ivoire. Il a été le Président des ivoiriens . Pour moi, Gbagbo n’est pas un Président, c’est mon père. C’est la même chose pour Simone Gbagbo qui est ma mère. Ce sont des personnes que je porte dans mon cœur. Aujourd’hui, mon voeux le plus absolu est de les voir libres. Voire tous les ivoiriens libres de leurs mouvements. Cette sale crise que nous avons connue n’a pas fait de victimes que dans un seul camp. Les gens sont morts de tous les côtés. Ne pas reconnaître cela, pour moi, c’est ne pas être ivoirien. Dans tout ce que je fais, j’ai une pensée pour toutes ces victimes. Elles sont mortes pour nous. Un penseur disait ceci, « certains meurent pour que d’autres vivent ». Ceux-là sont morts pour qu’on vive. Il faut donc reconnaitre leur combat et leur rendre hommage. Je suis à cette marche pour faire mon travail d’artiste. Ce n’est pas une activité partisane. Je n’appartiens à aucun parti politique.
Entretien réalisé par Jean-H Koffo