La thèse du blocage du désarmement contraste avec la volonté de l’ex-président ivoirien d’aller à la présidentielle de 2010. Au nombre des arguments soulevés pour apporter la contradiction au réquisitoire des jeudi 28 et vendredi 29 janvier 2016 de l’accusation, Me Nahoury Jennifer membre du Conseil des avocats de Laurent Gbagbo, a mis en avant lundi 1er février 2016 la bonne foi de son client dans la recherche de la stabilité en Côte d’Ivoire.
Selon elle Laurent Gbagbo était conscient de la fragilité de son pays et déterminé à assurer le bon fonctionnement de ses institutions. C’est à ce titre que dès son élection en 2000, il a constitué un gouvernement d’union nationale. « Au moment de la guerre de 2010, il y a dans ce gouvernement les représentants de différents partis politiques ivoiriens. Même le Rdr, le parti d’Alassane Ouattara, sera représenté. Le président Gbagbo ira jusqu’à nommer dans le nouveau gouvernement à partir de mars 2003, des rebelles au premier rang desquels le chef de la rébellion, Guillaume Soro. Il est important de noter que dans la plupart des gouvernements, des membres de l’opposition politique y seront en majorité », a expliqué Me Nahouri Jennifer.
Elle a ajouté : « Au prix de leur participation au gouvernement et de leur intégration dans l’armée nationale, les rebelles s’engagent à désarmer et à permettre le retour des autorités civiles dans le nord du pays. Mais ils ne respecteront jamais leurs engagements. (…) Nous soulignons que la seule possibilité de renverser le président Gbagbo passe par les élections, processus lui-même conditionné par le désarmement. Mais les autorités françaises s’opposeront jusqu’au bout au désarmement des rebelles. (…) Les autorités françaises font pression pour que les élections présidentielles aient lieu alors que la situation ne s’y prête pas ».
En octobre 2010, Laurent Gbagbo et certains de ses soutiens avaient finalement accepté d’aller à ce scrutin, convaincus qu’ils le remporteraient sans coup férir. Se prononçant sur la question dans une interview accordée à l’époque à un journal proche du Front populaire ivoirien (Fpi), Martin Sokouri Bohui, ex-directeur national de campagne adjoint de Laurent Gbagbo chargé des élections, avait déclaré : « J’ai toujours dit qu’il faut lever deux obstacles avant de fixer la date des élections. A savoir, avoir la liste électorale définitive disponible et achever le désarmement. Est-ce que les deux obstacles sont levés au jour d’aujourd’hui ? Pas tout à fait. Mais, ils sont sur la voix d’être levés. Nous sommes à 90% du chemin à parcourir pour la liste électorale et à 30 % du chemin pour le désarmement. Mais pour le désarmement, tous les acteurs s’activent pour qu’on passe rapidement à 100 %. Et j’ai foi en tous ceux qui interviennent dans ce processus de désarmement pour qu’on arrive aux élections dans un climat apaisé. Parce que tout le monde veut aller aux élections. Le camp présidentiel a toujours dit que c’est lui qui a intérêt à aller vite aux élections pour “rélégitimer’’ son pouvoir. Et comme l’opposition indique qu’elle veut elle aussi aller aux élections, j’espère qu’elle ne fera plus obstacle à la mise en place des conditions de transparence et de sécurité pour encore une fois faire reporter l’élection et accuser le camp présidentiel. Je voudrais donc me réjouir de la fixation de la date des élections qui sera sans doute, une date à inscrire en lettre d’or dans l’histoire de la Côte d’Ivoire ». Cette position n’était pas partagée dans son camp par tout le monde, notamment Mamadou Koulibaly, et même Pascal Affi Nguessan , déjà président du Fpi.
Alex A