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    France : Pour Valls, «l’unité du PS doit être plus forte que les différences»

    France : Pour Valls, «l’unité du PS doit être plus forte que les différences»
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 7 minutes
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    Le Premier ministre français Manuel Valls a tenu, dimanche 31 août, un discours devant les élus et les sympathisants du PS à La Rochelle. Un message de rassemblement et de fermeté du Premier ministre qui a été très applaudi lors de son intervention. Manuel Valls a demandé le soutien de tous à sa politique économique. Entretien avec François Miquet-Marty, président de Viavoice, institut d’études et conseil en opinions.

    RFI : Tout d’abord, que peut-on retenir du discours de Manuel Valls, ce dimanche matin ? 

    François Miquet-Marty : L’appel au rassemblement, au respect entre les différentes sensibilités du socialisme, et en même temps une continuité sur les orientations qui sont les siennes. Il a été applaudi, il a été aussi chahuté et sifflé lors de sa montée à la tribune.

    On a le sentiment au fond qu’aujourd’hui Manuel Valls cherche à tisser des liens entre les différentes familles du socialisme. Je crois que la séquence de ces derniers jours, depuis lundi dernier, présente un risque majeur. On est au-delà d’une simple guerre des gauches. Autrement dit, on a un véritable risque d’un schisme entre les familles politiques différentes, des idées différentes, des convictions différentes au sein de la gauche. Ce qui pourrait être extrêmement préjudiciable pour le Parti socialiste tout entier dans la perspective de 2017. Donc aujourd’hui Manuel Valls, d’une certaine manière, essaye de rappeler à l’importance de l’unité qui doit être plus forte que les différences.

    Manuel Valls a dit également que le débat était nécessaire et qu’il restait ouvert au sein de la gauche. Que penser de cette déclaration ?

    Oui, je crois que ce qui est assez frappant jusqu’à hier soir avec la déclaration de François Hollande, c’est la volonté d’affirmation d’une cohérence qui donnait parfois le sentiment d’une fermeture de la ligne Valls-Hollande sur elle-même. Le dernier événement en date, c’est la déclaration de François Hollande, qui déclare qu’être social-démocrate c’est être socialiste, et socialiste c’est être social-démocrate. Ça pouvait laisser entendre que d’une certaine manière il n’existe aucune autre légitimité du socialisme en dehors de la social-démocratie. Et à travers certaines des prises de position de Manuel Valls, depuis le début de la semaine, on pouvait avoir cette idée-là. Et on a vu apparaître, hier en particulier à La Rochelle, certains partisans de l’autre gauche tenir une idée selon laquelle c’est leur socialisme à eux, en particulier Christian Paul, proche de Martine Aubry qui incarne le véritable socialisme.

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    Je crois que le discours de Manuel Valls vise au fond à essayer d’éviter une implosion. Vous savez, ce qui est cœur d’une division institutionnelle d’un parti politique, c’est la prétention de plusieurs sensibilités à détenir le monopole des valeurs qu’incarne, en l’occurrence, le socialisme. C’est comme ça qu’au début du XXe siècle se sont créés les partis politiques. Donc il y avait jusqu’ici en germe dans tout ça, un risque d’implosion. On voit d’une certaine manière aujourd’hui un Manuel Valls qui essaye d’apaiser un peu tout ça.

    Il y a ce sondage IFOP pour le Journal du dimanche : 76% des Français prévoient l’éclatement du Parti socialiste. Est-ce qu’on peut s’attendre à un éclatement du PS selon vous ?

    Personne n’y a intérêt. Au fond, je crois que les tensions qui sont apparues ces derniers jours ont donné des résultats qui sont allés peut-être au-delà des intentions des différents acteurs. Personne n’y a intérêt, parce qu’au fond un Parti socialiste qui serait ouvertement divisé, institutionnellement, dans les mois ou voire dans les années qui viennent avant la présidentielle de 2017, ce serait une disqualification assurée pour le premier tour.

    Ce qui est un vrai paradoxe. C’est-à-dire qu’au fond, au-delà des rivalités idéologiques de perception, les jeux de personnes en vue de la présidentielle de 2017, ont conduit à atteindre ce point où effectivement la globalité du Parti socialiste aujourd’hui parait menacée. Ça s’explique par une raison très simple. On est au-delà des rivalités de la gauche traditionnelle, on dit souvent “depuis un siècle le socialisme est comme ça, divisé en plusieurs familles”. Aujourd’hui on a d’une part des positions beaucoup plus radicales que par le passé, – la ligne de Manuel Valls qui conjugue un soutien aux entreprises et puis une dimension d’autorité plus forte que celle qu’on a vue par le passé. Et d’autre part on voit une autre ligne, qu’incarne Arnaud Montebourg, celle du capitalisme coopératif, qui est elle-même très éloignée. On a deux gauches qui divergent et qui ne sont pas uniquement différentes. Et par ailleurs, cette volonté d’être à soi-même pour chacun, le monopole de toute la gauche. C’est quelque chose qui est extraordinairement fratricide.

    Donc pour le Parti socialiste aujourd’hui, je crois que tous vont prendre conscience qu’il est temps de temporiser et d’éviter le pire. Chacun voulant défendre son propre rôle dans l’histoire prend aussi le risque d’entraîner le naufrage de tous.

    Est-ce qu’on peut quand même parler d’un impact de cette crise pour le long terme ? Est-ce que vous pensez que ça peut impacter l’image du parti durablement dans la perspective évidemment de l’élection présidentielle de 2017 ?

    Les événements que nous sommes en train de vivre aujourd’hui sont peut-être aussi une forme de rénovation, de renouvellement. On en parlait tout à l’heure à propos des deux sensibilités différentes. Au fond Manuel Valls incarne une sensibilité nouvelle, même si elle a une histoire au sein de la gauche. Arnaud Montebourg incarne aussi une sensibilité nouvelle, même s’il a une histoire. Et puis on voit aussi des Français eux-mêmes, des personnes qui se déclarent de la gauche, des sympathisants de gauche qui aspirent aussi à d’autres valeurs. Peut-être à une volonté d’être plus en harmonie les uns avec les autres, à trouver une inspiration à une qualité de vie dans leur existence quotidienne. Autrement dit, je crois que ce qui est en effervescence dans tout ça, c’est aussi une prétention des uns et des autres, et d’une partie des sympathisants de gauche, à réinventer ce qu’a été l’identité de la gauche jusqu’ici.

    Ça peut être salutaire, je crois que c’est l’hypothèse positive pour la gauche dans toute cette histoire. C’est-à-dire qu’au-delà de ces tensions qui sont extraordinairement violentes aujourd’hui, émergent des lignes de forces nouvelles. Mais effectivement, comme vous le dites, qui s’imposeront davantage dans le long terme qu’à court terme.

    Sur la politique économique du gouvernement, Manuel Valls l’a répété, il n’y a pas de politique d’austérité, c’était important de le redire ?

    Oui, c’était important de le redire parce que les symboles sont essentiels. La politique d’austérité en est un, la nomination d’Emmanuel Macron en est un, l’idée d’une remise en cause des 35 heures en est un aussi. Tous ces éléments-là, qui peuvent en soi être d’une importance relative, en réalité sont fondamentaux parce que la politique se fait par des symboles. Ce sont des symboles et des valeurs qui animent au bout du bout les gens. Donc sur ces aspects-là, l’idée de mettre les choses en perspective, l’idée de dire qu’au fond il serait possible d’avoir des politiques d’austérité plus vigoureuses encore, de rappeler qu’il y a une intention de recruter dans l’Education nationale. Ce sont des choses qui permettent de remettre les choses à leur place.

    Je crois qu’aujourd’hui on a au fond dans le cadre de cette université d’été différentes personnalités de gauche qui essayent d’éviter le pire. Hier, Arnaud Montebourg aurait pu avoir une position beaucoup plus radicale, plus incendiaire ; il ne l’a pas fait. Et aujourd’hui on a un Manuel Valls qui cherche l’apaisement. Alors ce n’est pas ce qui va effacer demain matin les tensions, les rivalités qui ont été ouvertes ces derniers jours, mais je crois que tous ont conscience de la nécessité de ne pas aller malgré tout trop loin.

    avec Rfi

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