Propriétaire de la marque Salif’C, Salif Compaoré est un modéliste et styliste-créateur burkinabé. Résidant à Dakar depuis plusieurs années, il a parrticipé à la première édition du Festival des Arts et du Rire de Labé (FAR), administré par le comédien guinéen, Mamadou Thug. Son métier, sa vision de la mode en Guinée, son impression du FAR de Labé ont été quelques points évoqués dans cet entretien accordé à Afrikipresse.
AFRIKIPRESSE : Qu’est-ce que vous faites concrètement en matière de mode?
Salif COMPAORÉ: Je suis créateur de mode et styliste de formation. Je fais l’art vestimentaire. Je suis plus dans le vêtement. Je crée des tenues; je fais la confection dans le dessin. À travers ça, j’arrive à faire mes collections, des défilés des modes. J’arrive aussi à habiller des personnalités un peu partout en Afrique et en Europe.
Comment l’idée vous est-elle venue?
Pour moi, ce n’était pas une idée mais je suis né avec. Mon père était un créateur; ma mère, elle, tricote des habits de bébés , en plus elle fabrique des tissus appelés communément pagnes tissés du Burkina. Je suis né dans la mode. J’apprenais à marcher pendant aussi que j’apprenais à pédaler la machine à coudre . Mais j’ai perdu mon père quand j’avais cinq ans. Donc, du coup, je n’ai pas appris ce qu’il faisait. J’ai fait l’école du stylisme au Burkina, en Côte d’Ivoire. J’ai travaillé avec des stylistes de la Martinique. J’ai fait aussi la formation à l’école du Stylisme de Dakar : à l’Institut de Coupe de Couture de Mode de Dakar -ICCM-.
Alors que votre pays le Burkina Faso n’est pas loin, pourquoi évoluez-vous toujours à Dakar?
Je suis à Dakar, parce qu’après ma formation à l’Institut de l’ICCM, après avoir présenté quelques défilés de mode, beaucoup de personnes se sont intéressées à ce que je fais. Quand je rentrais au Burkina, beaucoup de gens me rappelaient à Dakar. Donc, je misais beaucoup là-bas parce que c’est là que beaucoup de gens m’ont accueilli. Mon travail fait plus de buzz là-bas. J’ai plus d’ouverture à Dakar. C’est ce qui a fait que je suis resté à Dakar.
Vous dites avoir habillé beaucoup de personnalités européennes et africaines. Quels sont les festivals auxquels avez- vous assisté en Afrique et ailleurs?
En Afrique, il y a déjà le Festival de la Mode Africaine qui m’a sélectionné en 2015 pour que je représente le Burkina au Festival de la Mode Africaine -FIMA. J’ai représenté le Burkina dans la catégorie défilé panafricain où il y avait plus de 25 jeunes qui étaient venus de plusieurs pays. C’est le festival que j’ai fait à Niamey. Si je parle du côté de l’Europe, il y a la France où l’Association des créateurs burkinabé de Paris m’a invité plusieurs fois pour la nuit du Faso Danfany à laquelle je me prépare déjà pour le mois de juin prochain. À part ça, au Sénégal, et dans plusieurs pays, je ne fais pas mal de prestations de mode aussi. Bien entendu au Burkina, il y a Ouaga Fashion Week, Folie de Mode, des événements de mode auxquels je suis toujours invité jusqu’à Abidjan en Côte d’Ivoire.
Comment avez-vous apprécié la mode en Guinée?
J’ai déjà beaucoup aimé le fait d’être en Guinée ici. On m’a bien accueilli. Donc, je remercie toute la population guinéenne pour l’accueil qu’elle m’a réservé. J’ai fait le défilé déjà à Conakry au Festival ManiFest où j’ai rencontré pas mal de jeunes créateurs guinéens. J’ai vu le travail de tout un chacun. J’ai vu la créativité, j’ai eu également des conseils à leur donner concernant la finition. Je trouve qu’il y a du talent. Je leur ai conseillé de faire plus de l’International. Ils ont fait des créations qui étaient bien appréciées à Conakry mais ce n’est pas sûr qu’à l’International, elles puissent intéresser parce qu’il y avait des touches particulières en Guinée. Donc, j’ai fait des conseils et j’ai demandé à ce qu’ils (les créateurs de mode guinéens, NDLR) fassent plus de l’International surtout s’ils veulent faire du prêt-à-porter. Le prêt-à-porter, si tu veux avoir quelqu’un comme Adama Dahico pour porter ta tenue, il faut le convaincre sur le style. Mais, si c’est du traditionnel guinéen, ce n’est pas sûr que cela puisse intéresser sinon j’ai trouvé vraiment du talent. La mode guinéenne, c’est super avec le tissu de la Guinée.
Comment avez -vous connu Mamadou Thug, l’initiateur du Festival International des Arts et du Rire de Labé?
C’est au Festival ManiFest qu’on s’est rencontré. Il m’a invité depuis le Burkina pour que je puisse venir au Festival. On a fait les coulisses ensemble, on a présenté sur le même podium. J’ai aimé ce qu’il avait fait et ce que j’avais fait aussi. On s’est parlé, on a discuté. J’ai décidé d’annuler mon voyage depuis Conakry pour venir à Labé, l’accompagner en tant que frère africain, et frère artiste. Et là même je vais rentrer par la route parce que j’ai épuisé mon billet. J’ai voulu simplement venir l’accompagner en tant que frère africain et frère artiste de l’Afrique.
Quelle remarque particulière faîtes-vous de cette première édition du FAR de Labé?
J’ai bien aimé l’initiative du Festival. Mais comme vous le savez, pour la première édition, il y a toujours des choses à régler. Dans l’ensemble, c’est bien passé. Je trouve que cela se passe bien, mais j’ai eu des conseils à lui donner. Pour une première édition, que cela soit Mamadou Thug ou n’importe qui, ce n’est toujours pas facile. Mais je trouve que l’initiative est déjà bonne parce qu’on découvre des talents même à travers ce festival. Il y a des gens qui vont s’inspirer et qui vont essayer de faire un truc pour aller de l’avant. Je trouve que c’est une belle initiative pour Mamadou Thug.
Aliou BM Diallo, à Labé
Festival des Arts et du Rire de Labé : les impressions du styliste burkinabè Salif Compaoré
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