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    Explosif ! Réponse à Amoa Urbain : vous n’êtes pas Zola, ni La Fontaine , vous niez encore à Ouattara son identité ivoirienne

    Explosif ! Réponse à Amoa Urbain : vous n’êtes pas Zola, ni La Fontaine , vous niez encore à Ouattara son identité ivoirienne
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 24 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    Ci-dessous une réponse explosive adressée au professeur Amoa Urbain, ainsi que la lettre retentissante qui fait l’objet de cette réponse. Même si le « collègue » enseignant n’a pas souhaité que son identité soit révélée, nous avons publié le texte compte tenu de son grand intérêt. Bonne lecture en espérant que le Professeur Amoa Urbain acceptera de poursuivre le débat d’idées.

    Cher Enseignant pro-Gbagbo,

    J’ai lu avec une grande attention la Lettre que vous avez adressée au Président de la République. En vous plaçant sous le bouclier protecteur, apparemment neutre et objectif, d’un « débat hautement intellectuel dans un style ainsi choisi » (je vous cite), vous voulez sûrement faire oublier l’extrême violence de vos propos. La rhétorique de la politesse et de la suggestion ne parvient pas à masquer une posture partisane : vous êtes, sans oser le dire explicitement, pro-Gbagbo, ce qui est votre droit.

    La démocratie ne doit pas entretenir l’illusion du consensus : c’est au contraire l’affrontement des idées, dans un cadre démocratique, qui permet le plein épanouissement de la démocratie, mais aussi le progrès économique et social. Il est bon, pour la démocratie, qu’il y ait, à côté de la majorité, une opposition capable d’apporter la contradiction.

    Je vais vous faire un aveu : je me réjouis du retour dans l’assemblée nationale du Fpi. Je vais vous faire un autre aveu : je regrette que le Fpi n’ait que 3 députés, ce qui ne correspond pas à son influence réelle dans le pays.

    Je suis convaincu qu’aucun parti politique, aucune ethnie et aucune région ne peuvent prétendre représenter à eux seuls la Côte d’Ivoire, idée que vous semblez partager, lorsque, appelant à la démission du Président de la République, vous écrivez : « une bonne partie de la population ivoirienne saluerait cette décision par un tonnerre d’applaudissements ».

    Tout le côté approximatif et partisan de votre démonstration apparaît dans le « une bonne partie de la population ivoirienne ». Soyez précis : quel pourcentage de la population (1/3 ? 50 % ? 80 % ?) Quelle ethnie (les Bété ?) ? Quelle région (le Sud contre le Nord ?) Quelle religion (les Chrétiens contre les Musulmans ?) En habile politicien, vous restez dans le vague et vous vous autoproclamez porte-parole des Ivoiriens d’.

    Avant de poursuivre plus précisément l’analyse de votre lettre, je suis frappé par l’accumulation de références historiques et culturelles, mal assimilées, et la somme de petites perfidies que vous délivrez toujours sous le sceau de la politesse et de la déférence, avec parfois un fond d’ironie. Vous ignorez sans doute que la perfidie est l’arme des faibles.

    Mais, revenons sur votre appareil historique et culturel, qui mélange les références à l’Occident, plus précisément à la France, où vous avez sûrement étudié, et à l’Afrique. Ces références, vous les avez puisées dans des manuels scolaires du type « La culture et l’Histoire pour les Nuls ». J’en veux pour preuve l’utilisation artificielle d’Emile Zola et de l’Affaire Dreyfus, mais aussi la lecture approximative de La Fontaine et de sa fable « Le Lion et le Moucheron ».

    J’imagine, quand même, que vous savez que votre Lettre n’a pas l’épaisseur du « J’accuse » d’Emile Zola et que vous-même, vous n’êtes pas un grand moraliste du XXIè siècle, comme La Fontaine l’était au XVIIè.

    En utilisant comme argument d’autorité Zola et La Fontaine, en y ajoutant la référence à un proverbe populaire, en parlant de « trois leçons de sagesse » qui « s’appliquent parfaitement à l’actualité et à l’histoire politique de la Côte d’Ivoire », vous reprenez cette méthode vieille comme le monde : ne rien dire de concret, avancer masqué et faire juger le Président de la République par La Fontaine, Zola et la morale populaire.

    Je passe sur les leçons de sagesse que vous empruntez à la culture Mossi, ce peuple d’Afrique de l’Ouest, et à la psychologie de l’enfant. Encore ce mélange de culture africaine et de scientisme. Dans le procès à charge que vous instruisez contre Ouattara, je suis surpris que vous n’utilisiez que la psychologie. Pourquoi ne pas avoir convoqué la psychiatrie, comme dans les procès staliniens ?

    Décidément, vous aimez cette accumulation de références hétéroclites qui vous servent de socle à une argumentation partisane, mais qui ressemblent beaucoup à ces châteaux de sable que construisent les enfants.

    Si je passe sur la somme des petites perfidies qui nourrissent votre argumentaire, je pointe cependant des accusations graves : d’abord, l’accusation portée contre le Chef de l’Etat de crimes de guerre (« les labyrinthes obscurs d’une mort brutale en masse et en cascade savamment orchestrée par vos soins ») ; ensuite, la volonté d’entretenir une violence de tous les jours (« C’est aussi vous (….) qui avez instrumentalisé (…) « mutins » ou « microbes » et que vous voulez diaboliser sans remords ») ; enfin, l’utilisation de la crise du cacao comme écran de fumée pour masquer la dilapidation des deniers de l’Etat (« Le cacao de nos parents planteurs, qui, dans nos villages et nos campagnes jouissent d’une gouvernance de proximité pilotée avec intelligence par une chefferie dite traditionnelle digne et encore très respectée, n’y est donc pour rien »).

    Votre ignorance de la situation de la filière cacao et des mécanismes qui régissent les cours des matières premières me fait dire que vous n’êtes pas professeur d’économie.

    Ce couplet sur le cacao est en réalité un modèle de rhétorique fallacieuse destinée à rallumer la guerre de l’« ivoirité » :

    a) vous vous faites le chantre de la vraie Côte d’Ivoire (« nos villages et nos campagnes) et le porte-parole des Ivoiriens de souche (« nos parents planteurs », « une chefferie dite traditionnelle et encore très respectée », « gouvernance de proximité ») ;

    b) vous niez à Ouattara son identité ivoirienne. Vous reprenez la rhétorique identitaire utilisée en France par le Front national, ainsi que l’opposition entretenue par le populisme entre les « patriotes » et les « mondialistes » : ne parlez-vous pas des « forces armées loyales (…) qui ont défendu la patrie » ?

    Plus j’avance dans la lecture de votre Lettre, plus j’en découvre les mécanismes de fabrication. Un paragraphe m’a frappé par ce qu’il sous-entend et le statut qu’il vous donne. Ce qu’il sous-entend : la Côte d’Ivoire vit sous le joug d’une dictature sanguinaire. Le statut qu’il vous donne : celui de héraut et, peut-être, futur martyr de la liberté.

    Lisons attentivement ce paragraphe : « Et si mes propos venaient à vous choquer, vous me feriez tuer peut-être, mais peut-être pas ma liberté d’expression ni mes idées qui, déjà, parcourent le monde ; à ma suite, vous en feriez tuer d’autres et vous nous y avez, déjà, si éloquemment habitué mais jamais vous ne pourriez faire tuer toutes les Ivoiriennes et tous les Ivoiriens qui vous observent et vous regardent dans le silence de la peur, de la terreur et de l’horreur. Merci à vous pour cette danse simiesque et macabre ! »

    La métaphore animale, « danse simiesque », est un classique de la rhétorique fasciste (rouge ou brune : il s’agit de renvoyer l’adversaire à la sphère animale.

    Arrive le tour de magie partisan qui vous permet de passer d’un Gbagbo injustement déféré par l’ONU à la CPI à un Ouattara qui mériterait d’être envoyé à La Haye : « Que choisir entre la Grande honte qui vous ferez partir de la Côte d’Ivoire pour la Haye, peut-être, et une Petite honte qui s’appellerait « démission », quoique l’une n’empêche pas l’autre ? »

    Nous arrivons au véritable objectif de votre Lettre, dont j’admire la construction destinée à mettre en valeur cet objectif : la démission d’Alassane Ouattara.

    Vous écrivez, au début de la Lettre (2èmephrase : « l’heure de la démission a sonné » ; vous écrivez à nouveau, au milieu de la Lettre, le mot « démission », mis en valeur par les guillemets : vous écrivez, enfin, dans votre dernière phrase, avant la formule de politesse convenue, une dernière fois le mot « démission » (« Dieu fasse que, malgré tout, par démission peut-être (mais quand et comment ?), vous puissiez jouir d’une bonne fin de mandat !).

    La question « quand et comment ? » vous permet d’introduire l’idée d’une urgence (quand ?) et d’une démarche qui s’appuierait sur le droit constitutionnel (« comment ?). S’il n’est pas question pour vous de respecter le calendrier électoral, vous recherchez une légitimité constitutionnelle

    Après la stratégie du boycott qui a échoué, la ruse de la politique que vous incarnez est celle de la démission du Président et l’installation d’un gouvernement de transition : décidément, les élections démocratiques vous font peur. Il est vrai que Gbagbo est resté 10 ans sans organiser l’élection présidentielle.

    Le fil conducteur de votre Lettre est bien le mot « démission ». Ce que l’opposition n’a pu obtenir, depuis 2010, par les urnes (vous oubliez la stratégie mortifère du boycott des élections et la division du Fpi), vous conduit à demander la démission du Président de la République voulue, – et je reconnais là votre très grande honnêteté intellectuelle -, par une partie seulement de l’opinion.

    Lorsque je parle d’« honnêteté intellectuelle », je vous demande d’y voir un peu de perfidie. Vous voyez, je n’hésite pas à utiliser cet argument des faibles pour me mettre à votre niveau.

    Nos compatriotes auraient tort de prendre votre Lettre comme un simple devoir de rhétorique rédigé par un étudiant besogneux de sciences-po., un peu naïf et idéaliste, drapé dans les plis du drapeau ivoirien. Il s’agit d’un véritable manifeste politique qui se nourrit d’un esprit partisan et sectaire, imbibé de haine.

    Vous écrivez, en parlant des jeunes et du Président de la République : « vous avez offert des machettes non pour travailler dans les plantations mais pour tuer des Ivoiriennes et des Ivoiriens (…). Vous leur avez remis des fusils pour leur apprendre à détruire les biens des citoyennes et des citoyens, mais surtout, des vies humaines ».

    Vous n’êtes pas un simple enseignant qui parlerait au nom de la société civile, vous appartenez aux « noyaux durs » d’une opposition pro-Gbagbo. D’ailleurs, vous ne dites rien de la situation de la Côte d’Ivoire entre 2000 et 2010, un pays sinistré à cette époque, infréquentable, effacé de la scène internationale. Vous ne parlez pas du redressement du pays entre 2011 et 2017. Vous ne reconnaissez pas au Président Ouattara le mérite d’avoir remis la Côte d’Ivoire dans le calendrier normal des élections.

    Vous le savez, en brillant intellectuel que vous êtes, la démocratie, la République, mais aussi l’économie, sont des constructions de tous les jours. La Côte d’Ivoire traverse aujourd’hui des zones de turbulences. Le pouvoir peut-il s’exonérer de toute responsabilité ? Bien sûr que non. La gestion de la crise des mutins est le symbole même d’une gestion approximative. La crise du cacao témoigne de la nécessité de diversifier l’économie ivoirienne. Un million d’emplois ont été créés, ce n’est pas suffisant.

    Quant à la démission de Ouattara, propagée par la rumeur sur les réseaux sociaux, rassurez-vous, le Président de la République n’a jamais songé à démissionner. Il a traversé des épreuves plus dures.

    Rassurez-vous aussi, il ne sera pas candidat en 2020. Pour paraphraser ce que disait de Gaulle en 1958, puisque vous aimez les références historiques, Ouattara pourrait dire : « Pourquoi voulez-vous qu’à 75 ans, je commence une carrière de dictateur ? »

    Il appartient à la classe politique ivoirienne, majorité actuelle et opposition, de préparer sereinement 2020. Malheureusement, votre Lettre ne contribue pas à installer ce climat de sérénité qui permet le plein épanouissement du débat démocratique. J’en veux pour preuve le relatif succès qu’elle rencontre uniquement dans le cercle des pro-Gbagbo.

    Les Ivoiriennes et les Ivoiriens ne comprennent plus ce climat de haine que vous continuez à entretenir.

    L’heure de la prise de conscience et des responsabilités a sonné pour chacun d’entre nous. Etes-vous du côté des démocrates ou de celui de ceux qui pensent que le seul problème de la Côte d’Ivoire est le maintien du Président de la République au pouvoir ? Etes-vous du côté de ceux qui voudraient imposer cette « transition démocratique » par un coup d’Etat militaire ?

    Il est temps de vous reprendre, cher collègue, si vous voulez préserver sur cette terre d’Eburnie, que vous prétendez défendre, la réconciliation nationale et la paix civile.

    Lisez avec plus d’attention les grands moralistes du XVIIè siècle que sont La Bruyère et La Fontaine, lisez aussi avec plus de précision Pascal, dont vous n’avez pas bien compris la métaphore du « roseau pensant », fréquentez plus régulièrement le texte des « Pensées » pour y puiser des leçons de sagesse politique et de vie. Méditez cette phrase de Mandela : « J’ai découvert ce secret : après avoir gravi une colline, tout ce que l’on découvre, c’est qu’il reste beaucoup d’autres collines à gravir. » La roue de la Côte d’Ivoire remonte, depuis avril 2011 une colline. Voulez-vous la faire chuter en arrière, alors qu’une autre colline se profile en 2020 ?

    Permettez-moi de vous donner un dernier conseil, si vous projetez d’écrire une autre Lettre : lisez le livre de la philosophe Chantal Mouffe, « L’Illusion du consensus ». Vous y apprendrez que la démocratie est, par nature, conflictuelle, et qu’elle se nourrit de débats contradictoires. En revanche, elle est menacée par tous ceux qui, comme vous, courent dans le couloir étroit de l’intolérance.

    Je vous prie d’agréer, cher collègue, les salutations respectueuses d’un enseignant républicain.

     

    Landry KZ, Paris, Abidjan.

     

    Post-scriptum – Je voudrais revenir sur deux points qui montrent que vous regardez Ouattara comme un imposteur :

    1) Nous seulement vous niez à Ouattara son identité ivoirienne, mais vous lui niez toute compétence. Vous dites qu’il n’a été que le « Directeur général adjoint » du FMI et Premier ministre « sous le parapluie de S.E.M. Félix Houphouêt-Boigny.

    2) Vous parlez aussi de trahison, lorsque Ouattra, qui vient d’être élu, choisit de ne pas s’installer à Yamoussoukro. Vous écrivez : « Méchanceté, mensonge ou ingratitude ? » Etait-il urgent, en avril2011, de s’installer à Yamoussoukro pour l’Etat ? Ce transfert se justifie-t-il ?

    A l’imposture que vous dénoncez, s’ajoute le mépris : « Pitié pour ce grand technocrate », écrivez-vous. Vous essayez de faire de l’humour en jouant sur les mots « émergence », « immersion », « noyade ». Humour de potache ? Non. Cet humour transpire la haine pour un homme : Ouattara, d’avril 2011 à 2017, n’aurait rien accompli pour son pays. Vous attendez, en parlant de Ouattara de façon ironique, sa « propre émergence ». Vous espérez en réalité sa « totale et définitive immersion voire noyade politique à l’horizon 2020 ». Ouattara ne sera pas candidat en 2020. Si le RHDP ne remporte pas la présidentielle de 2020, c’est parce que les Ivoiriens auront choisi l’alternance politique. Pourquoi cette métaphore de « noyade politique » qui n’existe que dans votre imaginaire partisan ?

    ………………………

    Amoa Urbain à Ouattara : «  Vous avez donné un coup de pied à Houphouët»

    Excellence, Monsieur le Président de la République,

    Permettez- moi, d’entrée de jeu, de préciser que la présente lettre ouverte n’a pas pour objet de venir auprès de Votre Excellence pour quémander ou solliciter un poste. Permettez- moi de vous dire que vous semblez avoir atteint le summum de vos performances au sommet de l’Etat et que, par conséquent, l’heure de la démission a sonné : ce serait un acte de courage et de bravoure. Une bonne partie de la population ivoirienne saluerait cette décision par un tonnerre d’applaudissements, cette fois-ci, sans que vous le quémandiez comme vous le fîtes le 1er mai 2017 au Palais présidentiel. Une partie du peuple de Côte d’Ivoire attend de vous une démission, sinon le trésor par vous, amassé en Eburnie, sur cette terre de nos ancêtres qui pleurent sur vous, ne servira que pour votre défense au soir de votre « très brillante et illustre» carrière politique de guerres fratricides aux relents d’«ingouvernabilité».
    Comme vous l’avez compris, je voudrais ici engager un débat hautement intellectuel dans un style ainsi choisi et ce n’est pas un jeu d’enfant. En pareilles circonstances, un proverbe mossi nous donne la leçon de sagesse suivante : quand deux couteaux se battent, le coq et la poule se tiennent loin du champ de bataille. C’est aussi le lieu de rappeler que certaines études sur la psychologie de l’enfant indiquent qu’il est important d’accorder à un enfant qui pleure peu, autant d’attention qu’à un enfant qui pleure sans cesse.

    Excellence, Monsieur le Président de la République,

    Au moins trois leçons de vie nous interpellent tous en ces heures chaudes et, comme Emile Zola dans l’Affaire Dreyfus, je ne saurai observer un silence qui pourrait nous être tous fatal. La première consiste dans l’idée que nul n’a éternellement le monopole de la violence. La seconde pourrait se résumer en ces termes : qui crache en l’air la tête levée au ciel, finit tôt ou tard, par recevoir le crachat projeté par lui-même, en plein visage. Quant à la troisième, elle prend sa source dans la célèbre fable de La Fontaine intitulée : « Le lion et le moucheron », rappelant ainsi que toute victoire est éphémère et que l’Humain doit se laisser, pour éviter l’humiliation, habiter par l’humilité. Ces trois leçons de sagesse s’appliquent parfaitement à l’actualité et à l’histoire politique de la Côte d’Ivoire.

    Excellence monsieur le Président de la République,

    c’est bien vous qui, pleurnichant et gémissant toujours loin d’ici et souventes fois à partir des chaînes des Radios et Télévisions internationales, avez humilié toute la classe politique de la Côte d’Ivoire y compris Monsieur Henri Konan Bédié, en faisant croire qu’elle n’était pas suffisamment compétente pour la gestion des affaires publiques et que vous appreniez si vite que vous pourriez la supplanter en un laps de temps. C’est encore vous qui, tout en affirmant que nous avions toutes les compétences pour conduire un jugement honorable en Côte d’Ivoire, avez, tout de même, laissé se poursuivre le procès de S.E.M. Laurent Gbagbo à la Cour Pénale Internationale. Et c’est aussi vous, vos sponsors et peut-être sûrement une partie de vos adversaires politiques d’alors, qui avez instrumentalisé les jeunes que nous appelons tous honteusement « mutins » ou « microbes » et que vous voulez diaboliser sans remords. Pardon à vous jeunes qui avez sacrifié vos études et votre jeunesse pour les intérêts d’un individu en quête permanente de vengeance et bonjour Dame Ingratitude ! Puissent ces jeunes retenir hélas! que même avec des centaines de milliards encore, vous ne sauriez leur rendre cette noble partie de leur enfance et de leur jeunesse gâchée pour vous suivre dans les labyrinthes obscurs d’une mort brutale en masse et en cascade savamment programmée par vos soins. C’est donc vous qui, toute votre vie, devez les payer et non l’Etat de Côte d’Ivoire. Le cacao de nos parents planteurs, qui, dans nos villages et nos campagnes jouissent d’une gouvernance de proximité pilotée avec intelligence par une chefferie dite traditionnelle digne et encore très respectée, n’y est donc pour rien. Et si par malheur pour vous, vous faites faire le contraire, sachez que plus jamais la paix, ici-bas, ne vous habitera car les forces armées loyales (gendarmerie, police, douane, agents des eaux et forêts et autres militaires) qui ont défendu la Patrie ont, elles aussi, droit aux butins de guerre.
    Les fonctionnaires et les entreprises privées qui ont subi les affres des pillages, aussi. Vous voyez, à présent, qu’il ne s’agit plus d’un Sud qui serait venu d’un Océan inconnu pour assassiner un Nord en provenance du Sahara et vice versa, ni de Soldats chrétiens venus du Vatican contre des soldats musulmans en partance pour la Mecque. Et encore une autre leçon de sagesse: le mensonge à beau courir un an, la Vérité le rattrape en un jour.

    Excellence, Monsieur le Président de la République,

    rappelez-vous que vous avez été Directeur général adjoint au FMI (et vous nous l’avez déjà trop souvent rappelé d’ailleurs) mais que vous n’étiez pas Directeur Général ; que vous avez été Premier Ministre mais sous la très haute autorité de S.E.M Félix Houphouët- Boigny à qui vous avez, fort gentiment, donné un coup de pied au lendemain de votre élection à la Magistrature suprême, non seulement en ne vous installant pas à Yamoussoukro comme vous l’auriez-vous-même annoncé mais en signant, au Conseil des Ministres du 18 janvier 2012, une Ordonnance pour dissoudre la structure créée en 2002, chargée de coordonner les activités du transfert des institutions de la République, d’Abidjan à Yamoussoukro, dénommée : « Programme Spécial du Transfert de la Capitale à Yamoussoukro ( PSTCY)». Méchanceté, mensonge ou ingratitude ? A présent, vous êtes, et vous semblez l’oublier, le Président d’une grande nation qui somnole peut-être, mais qui ne dort pas, et vous voilà, face à l’ingouvernabilité et ployant vous-même sous le poids des mutineries orchestrées en amont par vous-même. A présent, ce sont vos compétences managériales et vos valeurs humaines intrinsèques qui sont, ici, sollicitées et non la culture de la haine ni un triomphalisme de meeting, et c’est encore là où le bât blesse ! A présent, et vous êtes sans doute le seul à pouvoir nous le dire, quels sont donc aujourd’hui, votre vraie ligne politique et votre plan de gouvernance pour votre propre parti politique, pour la Côte d’Ivoire et pour votre propre « émergence », ou peut-être votre totale et définitive immersion voire noyade politique à l’horizon 2020 ? Pitié pour ce Grand technocrate élégant et rigoureux, exceptionnellement coopté pour venir redresser l’économie ivoirienne d’alors, que l’on admira en vous… sous le parapluie de S.E.M. Félix Houphouët- Boigny!
    Et si mes propos venaient à vous choquer, vous me feriez tuer peut- être, mais peut- être pas ma liberté d’expression ni mes idées qui, déjà, parcourent le monde ; à ma suite, vous en feriez tuer d’autres et vous nous y avez, déjà, si éloquemment habitué mais jamais vous ne pourriez faire tuer toutes les ivoiriennes et tous les ivoiriens qui vous observent et vous regardent dans le silence de la peur, de la terreur et de l‘horreur. Merci à vous pour cette danse politique simiesque et macabre !

    Excellence Monsieur le Président de la République,

    Que choisir entre la Grande honte qui vous ferait honteusement partir de la Côte d’Ivoire pour la Haye, peut-être, et une Petite honte qui s’appellerait : «démission» quoique l’une n’empêche pas l’autre?

    Et puisque, aux jeunes qui sont allés à votre école et que vous diabolisez sans honte aujourd’hui vous avez offert des machettes non pour travailler dans les plantations mais pour tuer des ivoiriennes et des ivoiriens, remettez- leur des machettes et apprenez- leur à cultiver des champs ! Et puisque vous leur avez remis des fusils pour leur apprendre à détruire les biens des citoyennes et des citoyens mais surtout, des vies humaines, redonnez- leur des fusils et apprenez-leur à défendre et à protéger la Nation ivoirienne et ses richesses ! Et puisque le maniement professionnel des armes est un métier, et que tous ne pourront y réussir, dé-diabolisez-les et faites ouvrir pour eux et pour tous ces jeunes en quête d’emplois, des Centres régionaux de civisme et de formation professionnelle, d’éducation populaire et de Corps de Volontaires pour la Paix et la Reconstruction nationale dont le pilotage serait assuré par des jeunes cadres qualifiés et compétents que pourraient accompagner nos meilleurs retraités riches d’expériences encore valides et capables d’enseigner avec intelligence la Côte d’Ivoire aux ivoiriens et aux amis de la Côte d’Ivoire.

    Et puisque votre règne aura été fortement marqué par un esprit de haine, d’injustice et de désordre un parfait indicateur d’échec, même sur le terrain de l’économie, peut-être pourriez-vous retenir que pillage n’est pas synonyme de croissance et que le développement intégral et humain, sans une parfaite connaissance de l’histoire des peuples, sans fondement culturel et sans une claire conscience de sa responsabilité, n’est qu’illusion et dérision. Enfin, monsieur Alassane Dramane Ouattara (ADO) et non « AO !» (Alassane Ouattara), une interjection de désolation dans certaines langues ivoiriennes, retenez et retenez-le bien : quand dans une cour royale – mais ce n’est pas le cas ici – les Sages, les Conseillers et les devins lâchent sous la dictée des oracles au Roi, c’est que, et il faut vous en souvenir, le Ciel sur la personnalité qui exerce le pouvoir est gorgé de nuages sombres et d’une pluie diluvienne chargée de malédictions. L’esprit de nos ancêtres vous observe. Nous aussi. Souvenez-en et que vive « Ma Côte d’Ivoire qui ose et qui gagne! »

    Et si après avoir lu la présente lettre ouverte vous vous demandiez encore pourquoi en juin 2016 j’ai osé observer malgré les menaces de vos balles assassines, loin de tout parti politique, une grève de la faim de trois jours au pied de la Basilique Notre Dame de la Paix de Yamoussoukro, je vous répondrais que cela n’aura été qu’un acte de prévention de conflits et que l’effet recherché était loin de vous inviter à me proposer, comme pour m’humilier ou me corrompre, une somme de 2,000,000 FCFA (deux millions de francs CFA). J’ose croire que dans votre propre conscience d’humain, donc de «roseau pensant » comme l’écrit Pascal au XVIIème siècle, vous n’ignorez tout de même pas que je pèse un peu plus que cela et que sans doute aurais-je davantage pesé si j’avais reçu une infime partie de votre triste et célèbre onction accordée à un seul de vos mutins adulés et choyés qui, souvenez-vous en, reviendront incessamment à la charge avec d’autres armes, pour davantage interroger votre conscience hélas !déjà si chargée de mille et une lueurs de sang. Dieu fasse que, malgré tout, par démission peut- être (mais quand et comment ?), vous puissiez jouir d’une bonne fin de mandat !

    À Votre Excellence, monsieur le Président de la République, ma parfaite et très respectueuse considération.

    Urbain AMOA Directeur du Festival International de la Route des Reines et des Rois- Abidjan

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