Ancien membre des Forces spéciales du groupe de sécurité de la présidence de la république (Gspr) sous Laurent Gbagbo de 2000 à 2011, le cyberactiviste Peter 007 agressé à Paris dans la nuit du vendredi 20 mai 2016, a été joint au téléphone le 24 mai 2016 par Afrikipresse.fr.
Dans la nuit du 20 mai 2016, vous avez été victime d’une agression, pouvez-vous nous expliquer les circonstances des faits ?
D’abord je voudrais vous signifier que ce n’est pas la première agression dont je suis victime, ici à Paris. Il s’agit de la deuxième. La première fois, j’avais eu un souci avec Stéphane Kipré (l’un des gendres de l’ex-président ivoirien, Gbagbo, et président du parti politique, Union des nouvelles générations -UNG- : Ndlr) qui avait envoyé son chauffeur qui le conduisait avant que je n’arrive pour également le conduire. Il s’appelle Agbré Frank, connu sous le pseudonyme de Faucon. Stéphane Kipré avait envoyé ce dernier à la tête d’un groupe de jeunes pour me tabasser. C’était en novembre 2014. Lorsqu’ils sont arrivés, ils m’ont tabassé et ils m’ont tout volé, ils sont même allés avec ma voiture.
Et tout cela s’est passé où ?
Cela s’est passé ici à Paris, à la Courneuve. Ils m’ont séquestré de 22 heures à 4 heures du matin. Et lorsqu’ils étaient en train de me passer à tabac, il a même appelé Stéphane Kipré qu’il m’a présenté en vidéo conférence qui m’a dit : « calmes-toi, je ne suis pas dans tes trucs-là, donc il faut arrêter ce que tu as commencé». Je n’ai publique cette agression, suite aux conseils de la police et de mon avocat. Selon eux, si je faisais du tapage autour de cette première agression, Stéphane Kipré pourrait fuir la France de peur d’être arrêté. Cela dit, vous savez qu’ici Europe avec la Police, les enquêtes et autres ce n’est pas facile. Tout le monde prend son temps mais un matin, le problème sera réglé. Depuis ce jour, ce chauffeur qui m’a agressé et qui ne travaille plus avec Stéphane Kipré était en cavale parce qu’il etait recherché par la police. Je l’ai retrouvé le 15 mai dernier, par hasard dans un restaurant. Lorsque je l’ai vu, j’étais tellement surpris et heureux que je suis sorti des lieux avec des amis qui étaient en ma compagnie pour appeler la police. Lorsqu’il a constaté nos faits et gestes, il est également sorti du restaurant avec les personnes qui l’accompagnaient pour me présenter des excuses. Pendant qu’on discutait, l’une des personnes avec lesquelles j’étais m’a arraché mon portable parce qu’il ne voulait pas que j’appelle la police qui le recherche depuis 2014.
Stéphane Kipré qui est selon vous le commanditaire de votre première agression ainsi que de la deuxième, réside pourtant en France avec une adresse connue de tous. Que dit donc la police française vis-à-vis de ce dossier ?
Suite à la première agression avec comme commanditaire Stéphane Kipré, suite aux révélations de son ex-chauffeur, j’ai aussitôt publié une vidéo sur les réseaux sociaux que vous avez suivie. C’était pour dire à Stéphane Kipré : «tu m’as déjà fait agresser une première fois et tu veux le faire une seconde fois. Là, je sais des choses sur toi que je vais révéler à tout le monde ». Raison pour laquelle j’ai fait une première vidéo que j’ai appelée ‘’Saison 1’’ que vous avez certainement visionnée. Je suis d’ailleurs en train de préparer la ‘’saison 2’’. (…) J’accuse Stéphane Kipré parce que son chauffeur que j’ai interrogé le 15 mai dernier m’a demandé de faire attention parce qu’il était l’auteur de la première agression et qu’il y a quelque chose qui se prépare contre moi. Et voici que dans la nuit du 20 mai dernier, comme vous le savez, j’ai été à nouveau agressé.
Avez-vous eu le temps d’échanger avec Faucon, auteur présumé de votre agression ?
Non ! Nous n’avions pas eu le temps d’échanger réellement mais c’est lorsque les uns et les autres me demandaient pardon à la sortie du restaurant, parce qu’on ne voulait pas que je fasse appel à la police, qu’il m’a fait tous ces aveux.
Le mercredi 24 mai, vous étiez dans un commissariat de police. Qu’est-ce qui a été décidé par la police française concernant ces affaires répétées d’agression ?
En présence de mon avocat, j’ai porté une plainte comme la loi me l’autorise et c’est d’ailleurs cet homme de droit qui va suivre le dossir de près. Tous ceux qui sont concernés dans cette affaire répondront de leur acte. Ici, c’est la loi, c’est tout. Ce n’est pas au bled où les gens font ceux qu’ils veulent.
Qu’est-ce que, selon vous, Stéphane Kipré vous reproche ?
Vous savez, j’ai certes été son chauffeur mais, j’ai eu le courage de dire à Stéphane Kipré qu’il est mauvais devant tout le monde parce que je suis un monsieur qui n’a pas peur. Je lui ai dit qu’il est méchant et je vais lui montrer qu’il l’est effectivement. Je sais beaucoup de choses sur lui parce que j’ai été son chauffeur. Il veut me faire taire parce qu’en tant que son ancien chauffeur, je sais beaucoup de choses sur lui.
Que savez-vous par exemple sur lui ?
Vous le saurez dans les prochaines vidéos. Vous saurez beaucoup de choses. Et je ne vais accuser personne. Ici, c’est l’Europe et mon avocat m’a donné beaucoup de conseils. Il y a des choses qu’on peut donc dire sans accuser directement qui que ce soit. Dans tous les cas, préparez-vous à une très grande ‘’bombe’’ qui va secouer le pays et je ne pense même pas qu’après, Stéphane Kipré aura le courage de rentrer à Abidjan, si d’ailleurs, il en a la possibilité.
Si donc on vous suit, pouvons-nous penser la chose suivante : comme Paris n’est pas comme le bled au pays, vos agresseurs ainsi que le commanditaire seront traduits devant la justice française ?
J’ai déposé ma plainte et c’est seule la Justice qui sait quel jour les entendre. Mais ce qui est certain, chacun d’eux sera entendu. Et là, on saura si on doit les condamner ou pas.
Vous avez parlé de votre prochaine vidéo que vous avez baptisé “saison 2”. De quoi sera-t-il question dans cette production qui sera bientôt diffusée sur les réseaux sociaux ?
(Éclats de rires) Je vais parler de tout ! De tout ce que je sais, je sais beaucoup de choses. Même du financement de ceux qui ont voulu rentrer au pays après l’arrestation du président Gbagbo. Je vais vous donner pas mal d’informations. Beaucoup de révélations !
Pouvez-vous nous en citer une ?
Si j’en cite maintenant, j’aurai tout dit.
Mais c’est justement la raison pour laquelle nous vous appelons d’Abidjan ?
Mes révélations vont d’abord partir de ceux qui ont financé les militaires après l’arrestation du président Gbagbo, jusqu’à autre chose. Je vais révéler qui a fait ceci ou cela. Il y a beaucoup de choses que je vais mettre au grand jour.
Quels sont ceux qui ont financé les militaires ? Et pour quel but ?
Je ne peux pas vous le dire maintenant. Je vous ai donné un aperçu, je ne peux pas tout vous dévoiler maintenant !
Que répondez-vous à vos détracteurs qui vous qualifient de “vendu” ?
J’ai combattu Alassane Ouattara auprès du président Gbagbo et lorsque je suis allé à Abidjan, c’était pour régler le problème de mes collègues. Certains ont pensé que lorsque je suis allé à Abidjan, c’était dans le but de “vendre” Stéphane Kipré ou certains de mes collègues, alors que j’avais été invité par les autorités qui ont payé mon billet d’avion et la résidence où j’ai séjourné. J’y étais dans le but de régler le problème de mes collègues. Ils sont en exil avec la ferme envie de rentrer au pays, mais ils n’ont ni l’assurance, ni cette force de franchir le pas. Il faut les y encourager. Et même au-delà des militaires, il y a aussi des anciens ministres et de hauts cadres qui ont envie de rentrer également. Il faut donc les aider à rentrer. C’est de cela que je suis allé discuter avec les autorités ivoiriennes. Aujourd’hui, je suis la voix de ceux qui sont en exil.
Quand vous vous proclamez la “voix de ceux qui sont en exil” avec le soutien du pouvoir d’Abidjan, n’est-ce pas une façon de mettre de l’eau au moulin de ceux qui estiment que vous êtes un “soldat qui a trahi les siens”, d’autant plus que vous n’êtes pas un haut gradé de l’Armée ivoirienne pour mener une action de retour des militaires exilés ?
C’est vrai je ne suis pas un haut gradé, mais c’est moi qui ai eu le courage de m’élever pour dénoncer tout cela. C’est vrai nous avons combattu ce pouvoir mais il est temps qu’aujourd’hui, on arrête de nous entredéchirer. Car même si aujourd’hui le président Laurent Gbago était condamné à 20 ans de prison, nous n’allons pas passer 20 ans de notre vie dehors. C’est de l’intérieur qu’on peut mieux aider la cause de la réconciliation et du président Gbagbo (…) Ceux qui disent que je fais partie de ceux qui ont vendu le président Gbagbo n’ont pas d’arguments, parce que je suis avec le pouvoir d’Abidjan pour apporter assistance à ceux qui sont dans le besoin. Ce n’est ni avec Bédié, ni avec Affi ou Mamadou Koulibaly que nous allons discuter de ces questions-là. Quand on discute avec ce pouvoir, on dit tu es vendu donc j’accepte de l’être. Si cela peut aider mes frères à rentrer aux pays.
Par Claude Dassé