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    Exclusif : ‘’Aux ordres de la Fifa, la Caf gérée depuis Zurich ‘’ selon Constant Omari (ex intérimaire )

    Exclusif : ‘’Aux ordres de la Fifa, la Caf gérée depuis Zurich ‘’ selon Constant Omari (ex intérimaire )
    Publié le
    Par
    Adou Mel
    Lecture 20 minutes

    Ex-président de la Fédération Congolaise de Football (FECOFA), ex-1er vice-président puis président intérimaire de la Confédération Africaine de Football, Constant Omari Selemani a été également membre du Conseil de la FIFA et vice-président de cette institution. Il a été aussi des années durant, membre de plusieurs commissions de la FIFA.

    Retiré de la gestion des affaires du football depuis le 18 juin 2022 après un an de suspension par la FIFA de toute activité footballistique tant nationale qu’internationale assortie d’une forte amende, Constant Omari autrefois surnommé « L’homme fort de la CAF », sort de sa réserve à la faveur de cette interview exclusive qu’il a accordée à Afrikipresse.fr à Kinshasa en marge des 9èmes Jeux de la Francophonie. 

    Loin de vivre en ermite, Constant Omari, connu pour ses coups de gueule, suit de près l’évolution du football sur le continent. De son

    passage à la FECOFA à sa suspension par la FIFA en passant par ses nombreuses années passées à la CAF et à la FIFA, il parle sans prendre de gants, et lâche que la Confédération africaine de football est gérée depuis l’étranger, depuis le siège de la Fifa. Ambiance !

    Regard sur les jeux de la Francophonie à Kinshasa  

    Afrikipresse.fr : Que devient Constant Omari ?

    Constant Omari : Avant toute chose, permettez-moi de présenter mes condoléances au peuple ivoirien qui vient de perdre un des piliers de la politique ivoirienne ayant marqué son temps, en la personne du président Henri Konan Bédié (NDLR : l’entretien a eu lieu le mercredi 2 août 2023, 24 heures après le décès). 

    Pour répondre à votre question je dirais que je suis chez moi au bureau. Au-delà du football, je suis ingénieur civil en construction ferroviaire et pendant que j’étais au football, je prestais toujours au sein de la Société Nationale Commerciale des Transports et Ports devenue l’Office Nationale des Transports et Ports. J’ai pris ma retraite depuis le 31 janvier 2023. Pour le moment, je suis dans le consulting en ce qui concerne la matière liée à l’ingénierie, l’ingénierie de construction ferroviaire. Je suis notamment dans le projet de construction d’un métro à Kinshasa, bref je suis dans l’ingénierie maintenant.

    Votre pays la République Démocratique du Congo accueille depuis le 28 juillet 2023 les 9èmes Jeux de la Francophonie. Qu’est-ce que cela vous fait de voir ce rendez-vous se tenir à Kinshasa ?

    Je suis heureux autant que beaucoup de Congolais que le pays puisse accueillir ces festivités qui marquent les Jeux de la Francophonie. Au-delà de cela, c’est un rendez-vous de la jeunesse francophone à Kinshasa avec comme avantages certaines infrastructures de qualité dont vont hériter les sportifs congolais. C’est la fête de la jeunesse africaine et cela fait plaisir de revoir des amis et tous ces étrangers chez nous. C’est un pas de la diplomatie politique de notre pays. Vous savez que la diplomatie sportive intervient pour beaucoup dans tous les pays. Vous n’avez qu’à voir l’engouement avec lequel beaucoup de pays souscrivent pour organiser des compétitions de tous genres ;  donc je suis heureux.

    Vous avez passé plus de 30 ans dans la gestion du football dont un peu plus de 20 au haut niveau. Quel est le secret de cette longévité ?

    Il y’a l’indépendance d’esprit, la loyauté envers les amis et les collègues, la persévérance, la vision, la rigueur et le combat sur l’indépendance et le développement du football en Afrique conçu par les Africains et exercé par les Africains eux-mêmes. Ce sont tous ces éléments qui ont permis ma longévité.

    Un interim important dans sa vie

    Premier Vice-président puis président de la FECOFA, vous avez été vice-président de la CAF puis président intérimaire sans oublier que vous avez été membre du Conseil de la FIFA. Comment avez-vous géré l’intérim du président Ahmad Ahmad ?

    Je pense que cet intérim a été un moment important de ma carrière de dirigeant au plus haut niveau de la CAF et de la FIFA. A la FIFA, j’ai commencé comme membre de la Commission de Discipline pendant des

    années, puis responsable de la Commission de Sécurité, inspecteur des Stades avant de passer au Comité Exécutif. J’ai été parmi les deux représentants africains pour les différentes réformes de la FIFA en 2015, après la crise qui a vu partir le président Blatter et ensuite, le Comité Exécutif ayant été mué en Conseil  de la FIFA, je me suis retrouvé au Conseil et parallèlement quand mon frère et ami Ahmad a connu sa suspension, j’ai exercé les fonctions de premier vice-président et président intérimaire de la CAF par conséquent vice-président de la FIFA. Je pense que ce sont des moments palpitants. Après, je suis parti et c’est ce que j’appelle un peu la page noire parce que je voudrais que mes frères et collègues qui sont à la CAF aujourd’hui comprennent une chose : ce qui s’est passé et qui continue à se passer dans la politique par rapport à certaines puissances étrangères qui pensent que l’Afrique doit toujours continuer à servir de marche-pied, de réservoir, de chien couchant à leurs ordres, c’est la même chose qui se passe dans le football. Et c’est cela mon regret.

    Les vraies raisons des reproches subis et les dessous des sanctions

    Parlant de regret on peut dire que vous êtes parti de la CAF par la petite porte puisque vous avez subi une suspension assortie d’une forte amende. Avec du recul quelle appréciation faites-vous de cette suspension et de cette affaire qui on fait grand bruit à l’époque ?

    Commençons par le chef d’accusation. Il m’a été reproché en tant que président de la commission de négociation avec Lagardère d’avoir négocié la révision du contrat en défaveur des intérêts de la CAF et de là, il a été supposé qu’il y a eu cas de corruption. Dans le fond, il n’en était pas ainsi parce qu’on avait deux groupes qui négociaient. Moi j’étais le président de la grande commission qui négociait la partie politique et la partie financière était négociée par le l’ancien Secrétaire Général de la CAF, Abdel. Nous, nous avons, partie politique, obtenu tout ce dont nous avions besoin à savoir réduction du contrat…Par contre, la partie financière avait négociée que la CAF puisse payer à Lagardère 7 millions de dollars par le fait que Lagardère nous a rétribués à notre demande les droits de retransmission terrestre en Afrique sub-saharienne. Nous en tant que commission politique nous n’avions pas tous ces éléments et quand ils ont fait signer à l’ancien président Ahmad cet avenant, nous n’étions pas au courant. Et le FEDA avait constaté que l’avenant avait été signé avant que nous concluions tous nos travaux, mon collègue du Maroc, Faouzi et moi nous avons démissionné de la commission pour marquer notre réprobation. Et Gianni Infantino à travers sa police politique qui est la Commission d’Ethique a mené des investigations mais n’a rien trouvé de compromettant. Elle nous a demandé de lui faire parvenir nos numéros de compte bancaire sur 3 ans mais moi j’en ai apporté sur 5 ans. Elle n’a pas trouvé de mouvements de fonds entre Lagardère et mon compte. Et comme Gianni et sa police politique tenaient coûte que coûte à m’exécuter pour des raisons que je vais vous expliquer, ils sont allés trouver qu’après une des réunions à Paris, j’étais resté quatre jours supplémentaires. J’étais souffrant, j’avais des rendez-vous médicaux et pendant que j’allais payer mes factures à l’hôtel, on avait trouvé que Lagardère avait tout payé puisque nous avions eu la réunion. Et ensuite, quand j’arrivais à Paris et qu’on m’envoyait le chauffeur me chercher à l’aéroport pour me déposer à l’hôtel, ils ont estimé que c’étaient des libéralités. Je leur ai dit que ce n’était pas des libéralités puisque eux, quand ils arrivaient au Caire c’est ce que nous faisions pour eux. Mais comme pour eux, il fallait tous les moyens pour m’exécuter, ils ont apprécié cela comme des libéralités. J’ai demandé une évaluation de ces libéralités qui s’élevaient à 66.444 euros (NDLR : plus de 43 millions de F CFA) que j’ai payés,  donc j’ai remboursé. Mais comme je vous l’ai dit, ils voulaient à tout prix m’exécuter. Quand j’ai senti qu’on allait vers la décision de la Commission d’Ethique de me condamner à une année, j’ai pris la décision de démissionner et d’ailleurs c’est deux ou trois semaines après que cette sanction est tombée. J’ai estimé que si j’étais resté je serais président aujourd’hui parce qu’entre temps, il n’y a pas eu d’élections. Mais j’ai estimé que c’était dégradant et tout petit de la part de Gianni qui estimait que qu’on devait être sous ses pieds. 

    Gianni Infantino indexé

    Maintenant, que devons-nous comprendre dans tout cela ? Et c’est là l’origine des problèmes que j’ai avec Gianni. Il a peur de toute résistance, de toute opinion contraire, il a peur d’avoir en face de lui des gens qui n’acceptent pas ses ordres, et son approche par rapport à l’Afrique. J’étais victime de cela. D’ailleurs avant moi, il y avait d’autres collègues victimes de cela. Il a voulu nous imposer certaines réformes, personnellement j’ai refusé, il a estimé que même si Ahmad partait et que je restais à la CAF, ses réformes n’allaient pas passer. Il voulait, entre autres, nous imposer l’organisation d’une CAN toutes les quatre années, nous nous sommes presque bagarrés sur le dossier de la candidature du Maroc parce qu’il voulait faire éliminer cette candidature au premier degré, ce que j’ai refusé parce que je voulais que les deux candidatures aillent en Assemblée Générale. Et le troisième dossier sur lequel je n’étais pas d’accord avec lui, c’était l’arrivée de Motsepe à la tête de la CAF. Il m’en avait parlé, je lui ai dit droit dans les yeux que je n’étais pas d’accord. C’est un homme d’affaire qui n’a pas le temps de s’occuper du football africain. Même son club, ce n’est pas lui qui le gère mais un Comité qu’il a mis en place. J’ai dit que la CAF avait besoin d’un président hyper présent, actif pour pouvoir gérer et passer le moment difficiles que traverse la CAF. Il est arrivé ici à Kinshasa, il a réussi à embrigader les politiques pour avoir la caution de me liquider. Je n’en ai pas fait une affaire. Mais la leçon est qu’aujourd’hui, et à l’unanimité,  tous les collègues que j’ai laissés là-bas ont découvert la véritable farce. Gianni avait besoin de l’Afrique à genoux, sous ses bottes, un Comité Exécutif qui ne peut pas lever le doigt, il impose ce qu’il veut. Le Secrétaire Général est devenu hyper puissant et ne respecte même plus le Comité Exécutif et c’est cela la difficulté. Tout simplement parce que Gianni était en contradiction fragrante avec l’UEFA. Il avait peur avant les élections que l’UEFA ne puisse lui imposer un autre candidat d’où, il fallait avoir les 54 voix africaines et pour ce faire, il a sillonné l’Afrique, il a essayé d’embrigader de nombreux chefs d’Etat. Certains ont mordu, d’autres non et la conséquence aujourd’hui, personne ne lève le doigt au Comité Exécutif, tout le monde répond amen, c’est cela la situation aujourd’hui.

    Peur et inquiétude pour l’avenir

    Avec ça, n’avez-vous pas peur pour l’avenir du football africain ?

    Moi, j’ai peur, parce que le football africain doit redevenir africain et être géré par des Africains. On a estimé qu’en Afrique il n’y a plus de compétences et que ces compétences devraient venir de Suisse et de partout. Pourtant, il y’a des compétences en Afrique. Et il est grand temps que nous nous approprions notre football et c’est en cela que je rends hommage à Issa Hayatou. En aucun moment, il ne permettait aucune ingérence de la FIFA dans la gestion de la CAF. Mais aujourd’hui, la CAF est gérée à partir de Zurich, c’est quelque chose que je ne peux pas accepter. En tant qu’Africain, je me suis battu pour l’indépendance et la souveraineté de la CAF et ce sont des choses qui me chagrinent. Je suis de près ce qui se passe mais que voulez-vous ?

    Le procès des normalisations

    Après le Cameroun, les Iles Comores, il y a eu la Côte d’Ivoire, la Guinée et maintenant la RD Congo votre pays placé sous normalisation sans compter la récente suspension du Zimbabwe et du Kenya. Comment expliquez-vous ces mouvements dans le football africain orchestrés par la FIFA et qu’on ne voit nullement dans d’autres confédérations ?

    Ce sont des normalisations au fond pour chercher à imposer des gens qui lui souhaitent une obéissance. Je prends le cas de la RD Congo. Quand j’étais président, on avait commencé la réforme sur la révision sur les statuts. Il y a un ami, un frère africain noir suisse qui était venu pour travailler avec un Français, à la demande de la FIFA sur la révision des textes, lesquels textes avaient été conduits en 2007 par la FIFA avec feu Slim Aloulou et à l’époque Veron était dans la commission aussi. Ils ont estimé que ces textes n’étaient plus à jour et qu’il fallait les mettre à jour. Nous avons tout finalisé et nous étions engagés vers les élections. Mais comme l’objectif n’était pas seulement les élections mais il faut éradiquer tous ceux qui ont travaillé avec Omari à la base, alors ils ont imposé ce Comité de Normalisation. Les gens étaient prêts tout comme les textes et nous n’attendions plus que le calendrier pour aller aux élections mais ils l’ont imposé. J’ai même compris qu’il y avait des contradictions entre la CAF et la FIFA. La CAF voulait s’approprier ce dossier alors que la FIFA a estimé que c’est elle qui devait le faire. Chez vous en Côte d’Ivoire, ils voulaient imposer un candidat qui était de son obédience mais cela n’a pas marché. Au Cameroun c’est la même chose. 

    En RD Congo, on a embrigadé les politiques du pays pour qu’il y ait un candidat qui selon eux, sera en intelligence avec le pouvoir mais au fond c’est leur candidat à eux. J’estime que ces normalisations deviennent des armes politiques. Ici, en RD Congo, il n’y a eu aucune situation qui pouvait amener les gens à la Normalisation tout simplement parce que Gianni tient à avoir toutes les grandes fédérations africaines entre ses mains et maitrisant ces fédérations, il sait qu’il a la CAF. C’est cela le véritable problème. Sinon, il y a eu quel développement ? Parlons des fonds alloués aux fédérations. Ce qui me choque, c’est qu’on veut faire croire à des chefs d’Etat qu’on donne des fonds uniquement à ces fédérations alors que toutes les fédérations au monde bénéficient des mêmes droits et des mêmes montants. Si on donne un million de dollar à la Côte d’ivoire pour le projet GOAL ou le projet Forward, c’est le même montant qu’on donne aux États-Unis donc ce n’est pas une faveur, et le faire croire aux gens est une aberration. Autre chose qui me choque, c’est quand on vient dire aux Africains ‘’ j’ai décidé, il faut que l’Afrique ait 9 places ‘’ mais ce n’est pas une faveur de Gianni. Nous avons participé à la prise de cette décision lors de la commission de réforme de la FIFA en 2015. C’est à cette date que nous avons posé le problème de la représentation de l’Afrique au niveau de la Coupe du Monde. Nous avons beaucoup bataillé pour obtenir les 9 places. Alors, il ne faut pas qu’on vienne dire un beau matin aux Africains que c’est un cadeau, non c’est un droit. Et même quand on dit que c’est un droit quelle est la proportionnalité par rapport à l’Europe ? L’Afrique est toujours en dessous parce que nous, nous avons posé un problème d’équilibre. Nous sommes 54 associations nationales même s’il est vrai que le football européen est plus développé que le nôtre mais la pondération doit être revue. Avant, nous étions à 4 ou 5 places pour 54 pays alors que l’Europe avait 14 à 16 pour 54 pays avant de devenir 55 pays. Nous avons estimé qu’il fallait un équilibre parce que l’Afrique produisait autant de joueurs qui marquaient de leur temps important le développement du football en Europe. C’est un combat de longue haleine que nous avons commencé depuis 2015. Il était question d’une dixième place à négocier en barrage avec le champion de l’Océanie.

    Aujourd’hui quels sont vos liens avec les présidents ou anciens présidents de fédération ?

    Les liens sont restés courtois car vous savez que le sport, c’est la famille. Quand on est dans le football, on tisse aussi des liens cordiaux et personnels et il y a de nombreux présidents de fédération avec lesquels j’ai gardé de très bonnes relations. De temps en temps, nous nous appelons et nous rigolons un peu. Même quand on n’est plus aux affaires, il faut avoir un regard par rapport au développement de notre football.

    Devons-nous nous attendre à un rebondissement, ou à un retour  du président Constant Omari ?

    Aujourd’hui je ne suis pas dans le schéma de rebondissement. Je suis l’observation de ce qui est en train de se passer et que j’estime en train de dériver. Les gens tissent du mauvais coton et nous verrons avec soit ceux qui sont aux affaires soit avec certains anciens, comment impulser une nouvelle dynamique en amenant les gens à comprendre qu’il est grand temps que le football revienne sur les rails africains, c’est très important. C’est un ras-le-bol. La FIFA doit rester comme un organe faîtière du football mondial, gestionnaire au plus haut

    niveau mais elle ne peut pas s’ingérer. Et ce qui se passe pour l’Afrique, malheureusement  ne se passe pas pour le CONMEBOL, l’AFC, l’OFC et la CONCAF. Pour l’UEFA n’en parlons pas, on ne peut même pas oser y aller alors qu’en Afrique c’est comme si on est sur un tapis sur lequel on est en train de marcher et on pense que l’Afrique doit continuer de subir. Je dis non, il faut rapidement s’affranchir de ce genre de tutelle. Nous sommes suffisamment adultes et il y a des compétences. On ne peut pas nous imposer un modèle de développement qui ne cadre pas avec notre sociologie africaine, le développement de l’Afrique doit se faire par les Africains suivant les conceptions africaines. Il y a des normes et des repères auprès desquels nous devons par moments nous conformer. On ne peut pas venir nous imposer ces tendances, je m’insurge contre ces pratiques.

    Le retour de la RD Congo sur le podium du football africain et mondial

    Cinquante ans après son dernier sacre à la CAN, la RD Congo n’a plus rien gagné aussi bien chez les seniors que chez les jeunes dans toutes les catégories. À quand le réveil de la RD Congo ?

    Vous avez posé une question très importante. En 1974, c’était le sommet du football congolais, nous avons dégringolé tout simplement parce que les efforts qui nous ont amenés au sommet en 1974, n’ont pas été soutenus d’une manière rationnelle. Il n’y a pas eu de relève préparée, les infrastructures n’ont plus suivi par rapport au développement démographique de la jeunesse sportive et par rapport aux impératifs de développement du football qui avait d’autres exigences sur le plan des infrastructures. Et lesquelles infrastructures devaient permettre à la jeunesse de pouvoir développer ses aptitudes physiques et sportives, cela n’a pas suivi. Deuxièmement, il n’y a pas de politique sportive de suivi soutenu. À l’époque, j’étais beaucoup plus jeune, l’ancien président Mobutu mettait énormement de moyens dans le football et les équipes étaient tout le temps en stage. Je me rappelle que notre équipe nationale était en stage deux à trois fois par an au Brésil. Il y avait aussi de grandes équipes qui venaient ici, il y avait ces échanges, le pouvoir d’achat de la population le permettait. Aujourd’hui, qu’on ne se le cache pas dans nos pays, les clubs vivent dans la poche de leurs présidents. Maintenant, il y a une nouvelle effervescence où on veut réhabiliter des infrastructures, ces réhabilitations seront indispensables au service de base de développement. Ensuite, il faut une bonne politique. Il y a eu des États Généraux du sport chez nous, j’y avais participé en tant qu’expert, nous avons émis un certain nombre d’idées, des résolutions ont été votées, nous attendons leur mise en pratique et si cela est suivi et qu’il y a un bon sponsoring, je pense que le football congolais va repartir. D’ailleurs, vous observez un éveil au niveau de l’équipe nationale A. Au moment je partais, notre championnat était le 5ème en Afrique. Ce qui fait que quand nous remportions le CHAN,

    c’était l’expression des championnats locaux donc nous avions un bon championnat qui donnait de bonnes équipes et observez nos clubs comme Tout Puissant Mazembe, AS Vita Club…Mais maintenant, le championnat n’a pas eu lieu cela fait un ou deux ans que nous sommes en train de balbutier, où le championnat ne se joue pas, l’équipe nationale est animée par des jeunes qui viennent de l’extérieur qui font de bons résultats actuellement. Mais si ces résultats ne sont pas soutenus par une base pérenne, nous allons nous retrouver avec une équipe nationale qualifiée qui monte mais qui a une base aléatoire.

    La RD Congo n’a jamais organisé de CAN. Pourrons-nous voir votre pays accueillir cette compétition sous peu ?

    Je ne suis pas dans le secret des politiques mais je pense que ça deviendra une obligation. Pour cela, il faudrait avoir des infrastructures. En ma qualité de 1er vice-président de la CAF, j’ai beaucoup eu à travailler avec les équipes de la CAF sur le nivellement des infrastructures du Cameroun et vous avez vu les infrastructures qui ont été mises à la disposition des sportifs camerounais. Ce  sont des infrastructures de mon point de vue de qualité. Tant que nous n’aurons pas ce genre d’infrastructures, nous ne pourrons pas espérer organiser une CAN. La première des choses, c’est de construire des infrastructures aux normes et aux standards internationaux. On met les moyens organisationnels avec une stratégie et une vision claires en ce moment, nous pourrons arriver à mobiliser des fonds pour organiser ce genre de compétitions.

    Il viendra à la Can 2023, en janvier 2024 si, hommage au président Alassane Ouattara

    De son côté, 40 ans après, la Côte d’Ivoire va organiser sa deuxième CAN. Qu’est-ce que cela vous inspire et est-ce que vous y serez ?

    J’y serai si je suis invité pour tout ce que j’ai été pour la CAF et pour l’Afrique. Si je suis invité par la Côte d’Ivoire bien sûr. Parce que je sais que la CAF ne va pas m’inviter. Il y a un antagonisme tel que les gens ne tiennent même plus compte de ceux qui ont travaillé pour le football africain, c’est comme si on vient de recréer la roue. Maintenant, pour la Côte d’Ivoire que j’ai beaucoup fréquentée et que je connais, c’est une aubaine parce que vous avez la chance d’avoir à la tête de votre pays, un chef d’État qui a une vision claire. Il a voulu quelque chose et les infrastructures ont suivi. La dernière fois j’étais en Côte d’Ivoire et j’étais surpris. Vous avez un modèle de développement intégré et bien pensé. On m’a dit que tous les stades sont déjà prêts. Connaissant le peuple ivoirien, comme un peuple qui sait bien accueillir ses invités, connaissant l’hospitalité de ce peuple, je pense et j’ai la ferme conviction que ce sera l’une des plus belles CAN et non la plus belle CAN. Je félicite vos autorités pour tous les efforts consentis parce que je sais que ce n’est pas facile de mobiliser autant de fonds pour ce genre d’infrastructures et l’essentiel c’est l’héritage. Et l’héritage c’est la jeunesse ivoirienne qui va bénéficier de ces infrastructures de qualité qui n’aura plus de raison de ne pas se développer. Je crois que tout est à l’honneur de votre chef de l’Etat et je souhaite une très bonne CAN à la Côte d’Ivoire. Si je suis invité par la Côte d’Ivoire, j’y serai mais si c’est la CAF, non.

    Entretien réalisé à Kinshasa par Adou Mel

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