En marge du symposium international sur le dialogue interreligieux et interculturel qui se tient à de Ouagadougou , Afrkipresse a approché Albert Tévoédjrè (88 ans). De février 2003 à février 2005, représentant spécial de l’ex-Secrétaire général des Nations Unies Koffi Annan, dans la cadre de l’application des Accords Kléber dits Linas-Marcoussis, ce diplomate, titulaire d’un doctorat en sciences économiques et sociales et licencié d’histoire donne sa vision actuelle de la Côte d’Ivoire.
12 ans après avoir exercé en Côte d’Ivoire, en pleine crise politico-militaire pour le compte des Nations-Unies, quel souvenir gardez-vous de ce pays ?
Un excellent souvenir ! Je suis heureux que les choses s’arrangent maintenant , mais il y’a toujours un effort à faire. Le plus important aujourd’hui, c’est que la Côte d’Ivoire est debout. Il prend sa place d’acteur important sur le continent, dans la politique, africaine et dans l’unité africaine. Et surtout dans la reconnaissance de l’identité africaine.
Vous parlez d’effort à faire, pouvez-vous être plus précis ?
Il y a des gens qui ne sont pas encore tout à fait intégrés dans le processus de réconciliation, il faut y arriver. Mais je suis sûr que les autorités ivoiriennes comme les acteurs de la société civile s’attèlent à cela. Et c’est cela le rôle des médiateurs.
Vous faites allusion à qui lorsque vous affirmez qu’il y a certains qui ne sont pas encore intégrés dans le processus de réconciliation?
L’affaire Gbagbo, Mme Gbagbo, c’est clair que tout le monde y pense ; le président de la république, les acteurs de la société civile, les partis politiques etc. Ne nous voilons pas la face. Il faut arriver à ce que tout ce monde là deviennent acteurs majeurs d’une Côte d’Ivoire qui fonctionne bien.
Vous avez évoqué l’affaire Gbagbo et Simone Gbagbo. Ils sont, aujourd’hui, tous deux en prison : le premier à la Cour pénal international (CPI) et la deuxième à l’école de gendarmerie d’Abidjan ? Avez-vous envisagé un tel scénario un jour, pour la résolution de la crise ivoirienne ?
Tout était envisageable, y compris ceux qui n’étaient pas au pouvoir et qui sont au pouvoir aujourd’hui. Aujourd’hui, tout le monde pense à une Côte d’Ivoire qui fonctionne avec tout le monde. J’en ai parlé avec la plupart des acteurs politiques ivoiriens. Et je pense que tout le monde s’attèlera à ce que la réconciliation soit absolument effective. Continuons de travailler…(…) Le conseil que je pourrais donner à tous les acteurs de la scène politique ivoirienne, qu’ils soient de l’extrême droite ou de l’extrême gauche, est que nous devons tout faire pour nos enfants, pour que la Côte d’Ivoire soit un pays majeur dans la coopération africaine et dans la coopération internationale. Je suis sûr que nous arriverons bientôt à ce que les uns et les autres arrivent à créer la surprise. Une grande surprise pour la Côte d’Ivoire à devenir un pays majeur dans la région, pour la bonne coopération.
Que répondez-vous à ce que pense une partie de l’opinion internationale qui affirme que l’Onu est, en général au cœur des drames dans un certain nombre de pays, avant donner l’illusion d’éteindre le feu ?
L’Onu a réussi en Côte d’Ivoire , puisqu’elle est partie en laissant un pays au moins en paix, en fonction.
Quand on prend le génocide rwandais… en RDC, avec Patrice Lumumba…et en Haîti . Dans le cas haïtien, l’ancien Secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-Moon a même présenté des excuses officielles de l’Institution, au sujet de la responsabilité des Nations unies pour son rôle dans l’épidémie de choléra qui a fait plus de 9 300 morts en dans ce pays, depuis 2010. Il s’était exprimé en créole, en français et en anglais, devant l’assemblée générale des Nations unies
C’est une opinion qui a besoin d’être un peu plus éduquée. Il faut que nous arrivions à cela aussi. Je ne peux pas faire le procès de l’Onu étant donné que moi-même, j’en suis un acteur. L’Onu est un acteur majeur dans la coopération. Sans elle, vous voulez quoi, un vide ?
Claude Dassé