Afrikipresse
    Politique

    Élections du 2 septembre 2023 – Au-delà La Mé, région du Premier ministre Patrick Achi, enjeux pour le Rhdp, le Pdci, le Ppaci et les indépendants 

    Élections du 2 septembre 2023 – Au-delà La Mé, région du Premier ministre Patrick Achi, enjeux pour le Rhdp, le Pdci, le Ppaci et les indépendants 
    Publié le
    Par
    Wakili Alafé
    Lecture 7 minutes

    Au-delà du cas d’école de La Mé, région du Premier ministre Patrick Achi, quels sont les enjeux des élections du 2 septembre 2023 en Côte d’Ivoire ?

    Derrière une question simple « Qui peut l’emporter aux élections régionales de 2023 dans la Région de La Mé ? » se pose en réalité, pour les grands partis politiques ivoiriens, une question plus importante : quelle est leur véritable implantation dans une région qui, à elle seule, résume toutes les évolutions de la scène politique ivoirienne ?

    État des lieux dans la Mé à partir des élections de 2010

    Aujourd’hui, le RHDP dirige la région. En 2010, au premier et au second tour, le camp Laurent Gbagbo avait largement battu le Rhdp, simple coalition électorale à l’époque. 

    Le camp Gbagbo a par la suite déserté le processus électoral. À partir de 2011, Patrick Achi, certes dans le cadre du RHDP, mais toujours PDCI, s’est fait élire. Était-ce une victoire par défaut, comme la victoire du RHDP à Yopougon ? 

    En effet, il a suffi à Yopougon du retour de Laurent Gbagbo allié au PDCI pour faire tomber Kafana à Yopougon, même si le député sortant avait accru son suffrage. 

    Au même moment, le retour des pro-Gbagbo dans La Mé n’a pas empêché Patrick Achi et le Rhdp d’y remporter les législatives de 2021. 

    En 2018, Patrick Achi avait été accusé de n’avoir pas osé rompre clairement avec le Pdci avant l’élection, alors que, dans le Gontougo, Adjoumani avait gagné avec clarté en s’affirmant RHDP. 

    La position de Patrick Achi, en 2018, ne souffre pourtant d’aucune ambiguïté : à Treichville, dans La Mé, la question du parti unifié se posait entre Rdr et Pdci. Rien n’était tranché. Achi, Amichia et d’autres espéraient alors encore parvenir à convaincre le président Bédié d’adhérer au parti unifié. Personne ne souhaitait la rupture d’avec le PDCI, mais une Renaissance du parti au sein du Rhdp.

    Clarification depuis 2019, après les locales de 2018

    Depuis 2019, après l’élection de 2018, les choses sont devenues, électoralement, plus claires, la rupture avec Bédié étant actée. Pleinement ! C’est donc une élection qui va permettre de peser et mesurer la véritable implantation de RHDP, du PDCI et du parti de Gbagbo dans la Mé. 

    Les références sont 2010, avec la victoire du camp Gbagbo, et 2018, avec la victoire du RHDP dans des conditions particulières largement documentées. 

    Le contexte de 2023 

    En 2023, c’est une nouvelle page de l’élection régionale qui s’écrit dans la Mé. Comment évaluer le poids électoral de Patrick Achi dans la région ? Chaque époque apporte une réponse différente. La présence de Patrick Achi au gouvernement sous Gbagbo n’avait pas suffi dans une région favorable au Fpi, le parti au pouvoir. Dans la période suivante, le FPI avait boycotté les élections. Aujourd’hui, tous les partis participent aux élections régionales de 2023. C’est donc un véritable test pour le RHDP, le PDCI, le mouvement de Gbagbo.

    La progression du RHDP, parti unifié, est une réalité, dans l’ensemble du pays à première vue. 

    Anne Ouloto avait été battue de justesse par feu Banzio en 2013. Elle a ensuite gagné en 2018, dans une compétition avec le Pdci. 

    Alors quel sera l’impact, dans le Cavally et dans le Guémon, du retour des pro-Gbagbo dans le jeu électoral ? 

    Quant aux candidats indépendants, dont certains avaient pu profiter de l’absence des pro-Gbagbo, seront-ils aussi nombreux que par le passé et feront-ils recette, lorsque les trois principaux partis présenteront un ou une candidate dans une commune, dans une région ?

    Depuis Houphouët 

    La Mé est réputée pour être une terre rebelle, s’opposant même à Houphouët-Boigny. Le multipartisme a permis au le Fpi d’y effectuer un début de percée. On se souvient qu’un élève y avait été tué, devenant le visage de la démocratie et de la liberté. Les années passées par Gbagbo au pouvoir ont consolidé cette impression au profit du Fpi.

    Aujourd’hui, le Rhdp peut-il tirer profit de sa présence au pouvoir, ou bien le retour du camp Gbagbo dans le jeu électoral peut-il bouleverser la donne et renvoyer Achi et le Rhdp dans l’opposition au niveau de la région ?

    Au plan national, en mars 2021, le Rhdp avait conservé sa majorité au parlement dans un contexte difficile de post boycott actif de la présidentielle de 2020. 

    Laurent Gbagbo était certes absent physiquement , toutefois il existait un embryon de PPA CI avec EDS.

     ​2 ans après cette élection, deux ans après le retour de Laurent Gbagbo, va-t-on assister à un basculement dans la Mé et dans les régions qui étaient autrefois des fiefs « gbagboïstes » ?

    Comme pour toutes les élections locales, municipales, départementales ou régionales, la personnalité des leaders et cadres régionaux compte. Mais, il faut tenir compte du fait suivant : la capacité du Rhdp de Ouattara à élargir sa base électorale. 

    Un enjeu national

    En 2010, au premier  tour de l’élection présidentielle , le candidat Ouattara avait obtenu 1 481 091 voix, soit 32, 07 %. En 2015, Ouattara a obtenu 2.618.229  voix, soit 83,66% ; en 2020, il recueille 3 031 483 voix, soit 94,27 %. En 2020, il n’a pas bénéficié du soutien du Pdci, soutien qu’il avait en 2015. Cela ne l’a pas empêché de poursuivre sa progression en voix et suffrages dans un contexte non fortement concurrentiel. 

    Après le bilan des législatives de 2021, les élections concurrentielles de 2023 pourront être un baromètre pour mesurer la progression d’ensemble du Rhdp et l’impact de la gouvernance Ouattara sur le pays après 12 ans de règne et après deux crises : la crise sanitaire de la Covid 19 et la guerre en Ukraine. Quel est l’impact électoral des investissements, des engagements, et de la transformation visible de la Côte d’Ivoire , dans un contexte d’élections ouvertes et concurrentielles. 

    2023 dessine-t-il le paysage électoral de 2025 ? 

    En présentant des candidats dans toutes les communes et toutes les régions, le Rdhp se donne les chances d’être le premier parti en termes de suffrages. Alors la majorité attendue du Rhdp sera-t-elle absolue ou relative ? Les suffrages additionnés du Pdci et du PPA, qui ne présentent pas des candidats partout, dépasseront-ils ceux du Rhdp ? La tâche s’annonce difficile pour Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo; même si rien n’est gagné pour le Rhdp. 

    L’indicateur qui doit intéresser au soir du 2 septembre 2023, c’est le nombre de voix obtenues par chaque parti, ainsi que le taux de participation. Seront mesurées ainsi la capacité de mobilisation des partis politiques et leur implantation. Même s’il s’agit d’une élection régionale, 2023 concerne la totalité du corps électoral, comme les législatives et la présidentielle, ce qui inclut les votes de l’étranger. 

    Les municipales ne concernent que les villes, une partie de l’électorat, sans les villages et sous-préfectures. Les élections régionales de 2023, au-delà de l’implantation locale des candidats. Elles constituent donc pour le Rhdp, le Pdci et le Ppa (peut être aussi les dissidents et indépendants) un véritable test national qui permettra de mesurer le poids de chacun.

    Le cas du Fpi 

    Le Fpi présente un cas particulier. L’ancien parti de Gbagbo, qui est en partenariat avec le Rhdp pourrait – en dehors du Moronou pour le moment – ne pas disposer de suffrages propres et n’être pas comptabilisé dans les statistiques à de tirer de dessiner une esquisse de la carte électorale et des perspectives de 2025 à partir des résultats des régionales de 2023. 

    Dans le contexte actuel, Bédié et Gbagbo, séparément ou alliés, incarnent-ils une alternance crédible à la gouvernance Ouattara ? Bédié et Gbagbo, s’ils veulent être candidats en 2025, auront à surmonter des dissensions internes au Pdci ou dans la sphère des pro-Gbagbo. Quant au RHDP, si Ouattara n’est pas candidat en 2025, le parti verra s’ouvrir, en interne, une guerre de succession. Et pour faire partie des favoris pour l’après Ouattara, une large victoire d’un candidat dans son fief régional, reste un avantage compétitif, même si cela ne suffit pas pour devenir la figure totémique de l’unité de la famille politique, Rhdp. Du côté du de l’opposition, en particulier du camp Gbagbo , certaines victoires ou défaites seront scrutées. 

    Wakili Alafé

    Réagir à l'article

    Publiés récemment

    Éliminatoires CAN 2025 : Les remplacements payants de Faé qui offrent la victoire aux Éléphants face à la Zambie.

    Éliminatoires CAN 2025 : Les remplacements payants de Faé qui offrent la victoire aux Éléphants face à la Zambie.


    3è Salon des collectivités territoriales : Amadou KONÉ expose les attentes des élus locaux et des populations

    3è Salon des collectivités territoriales : Amadou KONÉ expose les attentes des élus locaux et des populations


    L’Afrique accusée du réchauffement climatique : Des organisations de journalistes africains expriment leur désaccord

    L’Afrique accusée du réchauffement climatique : Des organisations de journalistes africains expriment leur désaccord


    Football – Éliminatoires CAN 2025 : La Côte d’Ivoire face à la Zambie mais toujours en pensant à 2012

    Football – Éliminatoires CAN 2025 : La Côte d’Ivoire face à la Zambie mais toujours en pensant à 2012


    Religion : Yamoussa Coulibaly partage sa vision avec les responsables de la communauté musulmane de Koumassi

    Religion : Yamoussa Coulibaly partage sa vision avec les responsables de la communauté musulmane de Koumassi


    Alliance des États du Sahel : l’histoire d’un isolement

    Alliance des États du Sahel : l’histoire d’un isolement



    À lire aussi