Le discours du président de génération peuple solidaire (GPS), Soro Kigbafori Guillaume, prononcé le vendredi 1er janvier 2021 depuis son lieu d’exil continue de faire réagir. Ce qu’en pense, le journaliste ivoiro-canadien, Jean-Marie Vianney depuis le Canada.
« Je voudrais, quelle que soit la situation à venir, dire que (GPS) doit maintenir le cap de l’engagement contre le 3e mandat. Le dialogue politique qui s’instaure en Côte d’Ivoire, nous l’avons souhaité il y a plusieurs années déjà, en professant le pardon et la réconciliation. Que nous y participions ou pas, l’essentiel est que la Côte d’Ivoire soit au-devant et au cœur de nos actes » . Tel est un extrait du discours de Guillaume Soro prononcé le 1er janvier 2021 depuis son lieu d’exil.
« Vue du Canada, l’allocution de fin d’année 2020 de Guillaume Soro rentre dans la tradition des bilans et des messages de fin d’année qui sont adressés par les leaders à leurs bases. Pour nous ici, ce message rentre dans la droite ligne avec une volonté de rassurer ses partisans et de positionner son mouvement dans la dynamique de cette nouvelle année 2021.
Dans son message de dix-neuf minutes et huit secondes le président Soro, revient sur les évènements du lundi 23 décembre 2019 qu’il qualifie selon ses mots du début de la terreur pour les ivoiriens; l’attaque du quartier général de son mouvement, les braquages subits par les membres de son parti, les arrestations arbitraires et son exil.
Il revient aussi sur le 3e mandat selon lui illégal et illégitime du président Alassane Ouattara, qui est pour lui une atteinte et une violation de l’article 55 de la constitution de son pays. Il a également rappelé avoir prévenu les ivoiriens lors de son dernier discours comme président de l’assemblée nationale de ce qui arrive actuellement en Côte d’Ivoire. Le président Soro de son exil a voulu rassurer et donner de l’espoir à ses partisans et consolider son leadership à la tête de son mouvement et surtout avec la volonté de leur dire (ses partisans) de ne pas baisser les bras et de demeurer optimistes quant à l’avenir.
Malgré le fait qu’il considère son mouvement comme jeune dans l’arène politique ivoirienne, il croit que la situation actuelle et les épreuves que vit le GPS sont un passage obligé pour se donner un certificat de crédibilité, de mieux structurer le mouvement avec les nominations de certains cadres de son mouvement au cours de l’année qui commence. Il considère les moments que vit son pays comme des moments de confusions politiques; des moments d’interrogations; entre la démocratie et la dictature; mais trouve nécessaire le dialogue politique pour amorcer les changements non sans présenter son mouvement comme victime des attaques et intimidations de toutes sortes de la part des partisans du régime Ouattara.
En plus d’être revenu sur la situation sanitaire mondiale avec la Covid 19 et son impact au sein de son pays avec un nombre de perte de vie considérable, il minimise le fait de comparer la Côte d’ivoire à certains pays au monde. En outre, il redemande aux ivoiriens de ne pas baisser les bras et de continuer à exercer les mesures barrières en vigueur pour ne pas se contaminer et faire baisser le taux de progression et de propagation de la pandémie.
Pour Guillaume Soro, sauvegarder la démocratie dans son pays passe par la stabilité, l’arrêt de museler l’opposition, la fin du règne de l’arbitraire, le retour des opposants en exil et le combat contre la confiscation du pouvoir autour du 3e mandat du président Alassane Ouattara.
C’est un Guillaume Soro affecté par le poids de l’exil, un leader seul et solitaire mais téméraire qui veut garder le cap et qui voudrait continuer de jouer un rôle majeur dans l’avenir et la destinée de son pays. Il parle d’amour, de vérité, de justice et de sagesse : condition sans détour à la paix en citant Jean Paul Sartre dans les Damnés de la terre ‘’la vie de l’homme est son affaire, il peut en faire un gâchis ou une œuvre d’art’’.
En somme, Guillaume Soro parle-t-il de lui-même? Comment se prendre en main en dehors de sa base? De son Pays? De son mouvement GPS? Comment s’assurer que dans son exil, il sera capable de mesurer les avancées de sa révolution citoyenne? Autant de questions qui interpellent tous, lui y compris et à méditer durant toute l’année 2021 » analyse le journaliste ivoiro-canadien Jean-Marie Vianney.
Philippe Kouhon