Les Tchaman préparent dans les jours à venir, une grande cérémonie de purification d’Adjamé-village qui a été le théâtre de tensions entre des jeunes du village et des Forces de l’ordre le 25 juillet 2024, lors du déguerpissement du site pour le prolongement du 4è pont. Trois semaines après cet incident, les principaux leaders Tchaman se sont donné rendez-vous le dimanche 18 août 2024, à la résidence de Nanan Ernest N’koumo Mobio, le patriarche de ce groupe ethnique, par ailleurs ancien maire central de la ville d’Abidjan.
Au terme de cette réunion qui a duré plusieurs heures, il a été décidé d’une cérémonie de purification d’Adjamé-village, comme le veut la coutume, qui a été «humiliée». Ils ont appelé à «restaurer la paix dans les cœurs» afin de «poursuivre les discussions» avec les émissaires du chef de l’État qui n’ont jamais rompu les négociations avec «le doyen Nanan Ernest N’koumo Mobio », selon David Abouya, le porte-parole des Tchaman.
Le compte rendu du porte-parole des Tchaman
Faisant le point du conclave David Abouya a dit : « Nous restons ouverts à la discussion et au dialogue. Toutefois, ce qu’il faut retenir, c’est que nos traditions, bien que nous soyons en ville, ont la peau dure. Nous tenons à nos traditions. Dans les prochains jours, tous les Tchaman sans exception, nous allons nous retrouver à Abidjan-Adjamé qui est un village et non un quartier. Tous les Tchaman vont s’y retrouver pour faire ce qu’on appelle la purification, parce que des sites symboliques, des sites spirituels ont été profanés. Des trésors de familles ont été ensevelis et au-dessus de tout cela, il y a eu des morts. Nous en dénombrons six. Aujourd’hui, il y a encore des personnes qui sont dans des détresses spirituelles et physiques. Et pour cela, selon la tradition, nous allons tous nous retrouver ! Dès que la date sera connue, elle sera diffusée pour organiser une cérémonie traditionnelle de purification. Les autorités seront informées. Parce que ce genre de cérémonie ne peut se faire sans mobilisation des personnes des différents villages. Il était donc important que les autorités soient informées et que cela soit bien perçu et autorisé. »
Des chefs religieux vivement sollicités pour une prière œcuménique
La cérémonie de purification sera suivie par une prière œcuménique, avec l’apport des chefs religieux. « À l’issue de cette cérémonie traditionnelle de purification, les chrétiens seront appelés à se retrouver. Peut-être que le lendemain ou deux jours après, nous allons solliciter nos chefs religieux : Harris, Catholique et Méthodiste et nous allons nous retrouver pour organiser une prière œcuménique. Il faut apaiser les cœurs, il faut apaiser les âmes et reprendre les discussions avec les autorités, avec l’Etat. Lorsque chez les Tchaman on parle d’Adjamé, ça veut dire que c’est là où nous nous réunissons. C’est ainsi que les Bidjan ont Adjamé, les Songon ont Adjamé , les Kwè ont Adjamé. Adjamé est donc une capitale. Adjamé ne peut donc pas être banalisé. Adjamé a été bafoué, meurtri. Adjamé a été déchiré, Adjamé a été humilié. Nous allons nous employer autour de nos aînés, autour de nos cadres et les jeunes à restaurer la paix dans les cœurs, à restaurer la quiétude, à restaurer la bonne parole et le bon ton. Et que Dieu nous y aide », a conclu le porte-parole des Tchaman.
Claude Dassé