L’inamovible président de la CAF, Issa Hayatou a été battu par Ahmad Ahmad à l’élection du président de la CAF ce jeudi 16 mars 2017 à Addis-Abeba en Ethiopie à l’occasion de l’assemblée générale de cette institution. Le nouveau président de la CAF, le Malgache Ahmad Ahmad a obtenu 34 voix contre 20 pour le Camerounais Issa Hayatou qui a passé 29 ans à la tête de cette institution.
L’élection de Ahmad s’explique par la volonté des associations nationales membres de rompre avec le passé et de donner une nouvelle vision à l’institution. Après donc 29 ans de règne sans partage, Issa Hayatou s’en va.
Réactions de journalistes africains
-Adam Khalil (Côte d’Ivoire) ”L’institution prenait des allures de grand royaume”
Avec le départ de Issa Hayatou, c’est un monde qui s’effondre. C’est pour emprunter le titre d’un célèbre roman. Mais, ne cherchons pas des noises parce qu’Issa Hayatou a beaucoup apporté au développement du football africain. La seule chose qui gênait, c’est que l’institution prenait des allures de grand royaume autour d’un seul chef au pouvoir depuis des décennies. L’arrivée de Ahmad va apporter certainement de la fraîcheur à la CAF. Sa jeunesse, sa fougue sont des atouts. Mais, il doit faire attention pour ne pas piquer le virus de ces grandes institutions qui sont gérées généralement à distance par des lobbys et groupe d’intérêts financiers. La CAF n’a plus besoin d’affairistes. C’est pourquoi, il faut faire des audits de gestion de cette institution. La CAF a besoin d’hommes compétents pour gérer le football africain. Ahmad a le profil. Sa première mandature court jusqu’en 2021, date à laquelle la Côte d’Ivoire va organiser la deuxième CAN de l’histoire. La Côte d’Ivoire peut donc profiter du premier mandat de Ahmad.
– Jean Pierre Esso (Cameroun) ”Ahmad a séduit les délégués”
L’élection du malgache Ahmad avec 14 voix d’avance est une mini surprise car il ne partait pas favori contre le président sortant de la CAF Issa Hayatou. En poste depuis 1988, le camerounais briguait un 8e mandat. Ahmad à pu séduire les délégués qui souhaitaient le changement à la CAF et qui étaient préoccupés par le problème de la périodicité de la Coupe d’Afrique des Nations. La tournée africaine de Gianni Infantino n’était pas innocente…On a l’impression qu’il travaillait pour que Hayatou parte. Sans oublier que la COSAFA s’était organisée derrière Ahmad
-Salif Diallo (Sénégal) ”Les membres voulaient le changement’
La défaite de Issa Hayatou est une grosse surprise en ce sens qu’il est au pouvoir depuis 1988 , donc qu’il connait les rouages de l’institution. Hayatou a réalisé des choses importantes à la tête de la Caf mais il s’avère que les associations membres veulent le changement. Ahmad est au Comité Exécutif de la CAF depuis 10 ans donc il connaît aussi le système. Maintenant, il y’a des projets et il doit pouvoir les réaliser.
-Sawadogo Lassiana (Burkina Faso) ”La démocratie a eu lieu”
Je voudrais dans un premier temps saluer cette démocratie qui a eu lieu au sein de la CAF à Addis Abeba. Cette nouvelle de la défaite du président Issa Hayatou est une grosse surprise pour le monde du football tant l’on était arrivé à croire qu’il était quasi impossible de déboulonner Issa Hayatou en poste depuis 29 ans. Cette victoire du malgache est aussi une leçon de sport pour tous les amateurs. Croire à son projet et aller jusqu’au bout de ses rêves. Après avoir vécu la Remontada historique du FC Barcelone le 8 mars dernier, nous vivons un 16 mars avec le tremblement de terre d’Addis-Abeba. La cure de jouvence débutée à la FIFA est passée par à la CAF. Il faut malgré tout rendre un hommage mérité au Camerounais pour son action à la tête du football africain. Affaibli par la maladie, Hayatou pourra s’offrir une retraite méritée. Il faut à présent que le Malgache apporte ce qu’on attend tous à la CAF pour de mettre au diapason du mouvement mondial avec surtout une nouvelle équipe de dirigeants.
-Kader Guilavogui (Côte d’Ivoire) ” C’est la fin d’un règne”
La défaite d’Issa Hayatou sonne la fin d’un règne qui a duré près de 3 décennies. Forcément, dans ces conditions, on est gagné par l’usure malgré les avancées notables constatées au niveau du football africain depuis son accession à la CAF en 1988. Cette défaite de Hayatou marque aussi et surtout la volonté claire des présidents de fédérations de voir les choses évoluer autrement. Ce qui, nous l’espérons, va ouvrir de nouvelles perspectives pour le bonheur du football africain. Si à la surprise générale le nouveau président a réussi à rallier plus de 30 présidents de fédérations à sa cause, c’est bien parce qu’il a un plan et une vision futuriste pour le développement du football africain. Il en reste plus qu’à espérer que cette nouvelle équipe dirigeante ne reste pas sur les acquis du président sortant. Mais qu’elle aille au-delà.
-Baba Cissouma (Mali) ”Hauatou était sûr de sa chose”
La défaite de Issa Hyatou est une grosse surprise puisque personne n’aurait parié sur cela. Chaque chose ayant une fin, peut-être que Hayatou a trop tiré sur la corde. À mon avis il n’a pas fait de campagne. Il était sûr de sa chose. Ahmad avait le soutien de la FIFA qui a roulé pour lui. Il y a également l’Afrique Australe qui a fait front contre Hayatou. Mais cela dit, c’est une bonne révolution parce le score est éloquent. Les urnes ont parlé c’est donc un président légal et légitime.
Propos recueillis par Adou Mel