Pascal Affi Nguessan annonce un sit-in de protestation le 5 octobre prochain. Cette annonce suscite des interrogations sur les motivations de l’homme du Moronou : de quoi a-t-il vraiment peur ?
Comment prouver qu’il n’est pas en deal avec le pouvoir Ouattara, sans toutefois se démettre de la tête du Fpi , ni demander pardon à ses détracteurs après avoir avoué qu’il se serait trompé et qu’il aurait été abusé par un Ouattara qui ne peut pas changer et avec lequel le débat démocratique n’est pas possible selon les positions des ” Gbagbo ou rien” ?
Tel semble être l’enjeu des positions actuelles de Pascal Affi Nguessan qui espère à travers sa posture incarner l’audace et le courage politiques que revendiquent tous seuls les Gbagbo ou rien.
Dans le même temps , Affi Nguessan espère fédérer le plus grand nombre de mécontents de tous les camps , contre le projet de nouvelle constitution.
Alors que ses détracteurs au sein du Fpi gèrent le ministère de la parole et ne sont pas autorisés – par la justice ivoirienne – à entreprendre d’actions , Affi Nguessan met à profit les opportunités que lui offrent la reconnaissance de sa légalité par les autorités ivoiriennes pour contester les initiatives en cours.
Mais ne tire-t-il pas trop sur la corde ? N’est-il pas en train de scier l’arbre sous lequel il est assis ? Pourquoi a-t-il choisi de se mettre une pression inutile avec des stratégies hasardeuses et infructueuses : états généraux , commission consultative pour rédiger la constitution, contestation d’une procédure qui va pourtant s’achever par un référendum dont l’issue reste malgré tout incertaine ? Pourquoi récuser le fait de donner la parole au peuple à travers un référendum, et donner le sentiment que le peuple est immature ?
Le président du Fpi ne pouvait-il pas faire le choix du NON , et se donner mobiliser les moyens pour mobiliser le maximum de personnes , contre la nouvelle constitution ? Comment peut-il penser qu’un “simple sit-in pacifique” , et non un vrai blocus du parlement peut faire reculer Ouattara LE 5 octobre 2016 ? Ou bien pense-t-il que le 5 octobre 2016 sera un jour d’une insurrection comme celle d’Octobre 2014 qui avait emporté Compaoré , après le saccage du parlement à Ouagadougou ?
Entrant dans le cadre d’un schéma insurrectionnel et de la carte de la révolte populaire ( comme lors de la grogne contre les factures d’électricité ) , les postures actuelles d’Affi N’guessan tendent à sortir du cadre démocratique normal et sont vouées à l’échec.
Le gouvernement ivoirien, à défaut d’interdire purement et simplement son sit-in, pourrait bien mettre en place d’autres mesures de rétorsions à son égard.
Ce qui est attendu d’Affi Nguessan est bien de prendre son bâton de pèlerin pour expliquer son refus de la nouvelle constitution , au delà des positions de principe qui n’emportent pas adhésion de tous , sur le mode opératoire .
En se servant du prétexte de la nouvelle constitution pour poser et régler plusieurs problèmes à la fois , en s’en prenant aux questions de principes sans avoir regardé dans le détail les 184 articles de la nouvelle constitution qui pourraient bien donner matière à débat , Pascal Affi Nguessan pourtant apprécié pour son grand flair politique, semble être en train de se fourvoyer cette fois-ci , sans être pourtant totalement assuré du soutien des “Gbagbo ou rien”, au moment où la rupture pourrait devenir irréversible avec le camp Ouattara qui n’est pas dupe sur le fait qu’il n’est pas le meilleur des alliés , même s’il avait fait le choix résolu de le soutenir contre les autres , dans la guerre des héritiers de Laurent Gbagbo.
Charles Kouassi