Qui peut contester que le bilan de la décennie Ouattara est riche de promesses ? Il ne s’agit pas, une nouvelle fois, de dresser la liste des voyants de l’économie qui sont tous passés au vert depuis 2011. L’économie n’est pas un but en soi, ni la finalité de l’action politique. Elle n’est qu’un moyen pour assurer des conditions de vie meilleures, lutter contre la pauvreté, créer des emplois, permettre l’accès de tous à des services de base.
Formé au moule du FMI, disposant des appuis et de la confiance des bailleurs de fonds, mobilisant les ressources de l’Etat pour investir dans des infrastructures économiques, le Président Alsace Ouattara a permis à la Côte d’Ivoire de redevenir le fer de lance de l’économie de l’Afrique de l’Ouest. Alors qu’il avait disparu des écrans radar de la communauté internationale, le pays rayonne à nouveau à l’international, multipliant et diversifiant ses partenaires.
Au plan politique, les institutions ont été consolidées et toutes les élections se sont tenues aux dates prévues. Si l’on compare aux années Bédié et aux années Gbagbo, la Côte d’Ivoire a retrouvé une grande stabilité politique.
Tout a-t-il été réussi ? A l’évidence non. La Côte d’Ivoire est un pays riche dans lequel un Ivoirien sur deux vit sous le seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec 750 fcfa par jour, moins de 1,1 euro.
L’économie consolidée, la stabilité politique retrouvée, le Président Alassane Ouattara annonce, en mars 2020, qu’il ne sera pas candidat à l’élection présidentielle du 31 octobre de la même année, désignant son successeur, Amadou Gon Coulibaly, qui sera plébiscité par le Rhdp.
La disparition brutale d’Amadou Gon Coulibaly en juillet 2020 va modifier la donne politique. Soucieux de préserver les acquis de son bilan, animé par la volonté de préserver l’unité du Rhdp, Alassane Ouattara accepte le sacrifice d’être candidat à l’élection présidentielle.
L’opposition, prenant prétexte de cette candidature, choisit la voie du boycott de l’élection, prônant la désobéissance civile, lançant un appel à l’insurrection.
Sur TV5Monde, on assiste à une interview surréaliste, celle du Secrétaire générale du Pdci refusant de parler du programme de l’opposition et sautant sur sa chaise comme un gnou en criant « Election illégale ! Election illégale ! ».
Comprenant très vite qu’elle a très peu de chances de remporter l’élection présidentielle, l’opposition avait choisi
la voie de la radicalisation.
La stratégie de Bédié, Affi N’Guesan et Soro est alors celle du chaos. Mais, que représente Bédié ? Un ancien président de la République dont l’action à la tête du pays, de 1993 à 1999, n’a pas laissé un grand souvenir. Il sera d’ailleurs chassé du pouvoir par un coup d’Etat.
Quant à Affi N’Guessan, incapable de s’imposer au Fpi, soumis aux injonctions des GOR (« Gbagbo Ou Rien »), le voici obligé d’épouser la cause d’une opposition hétéroclite, dont les membres se sont toujours trahis ou fait la guerre.
Soro, interdit de candidature par la justice, ne peut s’emparer du pouvoir que par le glaive. Il est soupçonné d’avoir fomenté un coup d’Etat.
Bédié, Affi (il a été le Premier ministre de Gbagbo) et Soro ont toujours exercé le pouvoir dans une atmosphère de chaos, de désordre et de faillite économique, jouant sur l’exclusion de l’autre.
Personne n’oublie la stratégie du chaos mise en œuvre par Bédié avec le concept d’« ivoirité ». Qui peut croire que Affi représente une alternative politique sérieuse ? Qui peut faire confiance à Soro pour construire une paix intérieure durable et gérer les deniers publics ?
On s’aperçoit que Soro n’a jamais rien construit de par lui-même, il a toujours eu le talent de s’inviter dans le nid des autres, des alliés provisoires qu’il a toujours fini par trahir.
Le voici qui cherche à apparaître comme un parangon de vertu, appelant à sauver la démocratie des griffes du prétendu dictateur Alassane Ouattara. Affi va jusqu’à parler d’un « nouvel Hitler des lagunes ».
Lorsqu’on pose la question de savoir « de quelle stratégie Bédié, Affi et Soro sont-ils le nom » , la réponse est évidente pour tous les observateurs et la communauté internationale : le chaos.
Affi, qui décidément ne comprend pas qu’il est instrumentalisé par Bédié, Gbagbo et Soro, réitère les mêmes griefs contre Ouattara et appelle la communauté internationale au secours !
Pour Affi, le 1er novembre 2020 marque le début de la seconde phase de la lutte. Avec quelle chance de renverser un président démocratiquement élu ? Aucune.
Un seul danger pour Ouattara et le Rhdp : l’ivresse de la victoire et la confusion entre le pays politique et le pays réel
La réélection d’Alassane Ouattara n’est pas une surprise. Le scrutin s’étant déroulé dans le calme sur l’ensemble du territoire, même si l’on doit noter quelques incidents graves très localisés, cette réélection n’enlève rien à la légitimité du président élu.
Le pays politique a donné raison à Alassane Ouattara et au Rhdp contre l’opposition. Réélu, le Président Alassane Ouattara se retrouve face au pays réel confronté à une réalité économique, sociale et sanitaire.
Le Président Alassane Ouattara est beaucoup trop intelligent pour oublier le pays réel. Sa victoire est autant due à la qualité de son bilan, à l’image qu’il véhicule et qui rassure, qu’à la désorganisation et à la faiblesse de l’opposition.
Saura-t-il opposer à la stratégie du chaos de Bédié, Affi et Soro, le projet d’une Côte d’Ivoire solidaire telle qu’il l’a annoncé dans son programme électoral ?
Justice Konan