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    Dah Sansan : l’appel de Daoukro, c’est l’arnaque politique du siècle

    Dah Sansan : l’appel de Daoukro, c’est l’arnaque politique du siècle
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 12 minutes
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    Dans une interview accordée à Afrikipresse, Dah Sansan, président national du Rassemblement des Jeunes républicains du RDR par ailleurs député à l’Assemblée Nationale se prononce sur la création d’une alliance PDCI-FPI, la réforme de la Commission Électorale Indépendante (CEI) et répond à Lida Kouassi.

    Que reprochez-vous à l’actuelle CEI et que pensez-vous de la décision prise par le gouvernement concernant la réforme de cette institution?

    Je ne reproche rien à l’actuelle CEI. Ce sont les partis d’opposition qui longtemps, ont critiqué cette institution qu’ils ne devraient même pas critiquer. La mise en place de la CEI est consensuelle, car elle réunit l’ensemble des forces vives de la nation depuis pratiquement 2005. Et lorsque le président Alassane Ouattara a pris les rênes du pouvoir en 2011, pour aller aux élections législatives de 2012, il y’a eu des réformes de la CEI pour prendre en compte toutes les aspirations de certains partis politiques qui n’y étaient pas. La CEI a évolué normalement comme une institution qui fonctionne correctement, et les reproches qu’on faisait, moi j’ai toujours jugé qu’elles n’étaient pas des critiques sérieuses.

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    Et jamais on n’a vu une institution comme la CEI être aussi à la hauteur. Je vous donne un exemple. Elle a organisé les élections municipales en 2013, sur toute l’étendue du territoire. À l’issue de ces élections, le secrétaire général du RDR, parti au pouvoir a perdu les élections et la CEI a proclamé les résultats de la défaite de ce dernier. Mais dites-moi pensez-vous que dans un régime du FPI, était-il possible de proclamer un tel résultat. Jamais ! Je ne pense pas ! Il n’y a pas une meilleure preuve que la CEI est totalement indépendante sous le régime du président Ouattara. Je peux donc dire qu’elle a considérablement évolué et prend en compte toutes les aspirations de la population.

    Malheureusement, les opposants en ont fait un fonds de commerce. L’intervention du président de la République le 6 août a été très attentive, et il a évoqué la nécessité d’analyser cette question de la CEI. Maintenant qu’il a pris un engagement assez clair sur cette question, nous demandons à cette opposition d’être plus responsable, de participer à la vie démocratique de la Côte d’Ivoire. Car, quand nous étions dans l’opposition, on faisait avancer la démocratie. Et cette opposition nous lui demandons de faire pareil en étant plus constructive.

    Que pouvez-vous dire à propos de la sortie du PDCI de la coalition RHDP ?

    C’est une position du président Henri Konan Bédié et en sa qualité que président légal du PDCI-RDA, nous respectons sa position. Cependant nous jugeons quand même que le président Bédié, avec son âge, et son expérience, devrait être un bon exemple et une source d’inspiration pour les Ivoiriens. Si à son âge, avec toute son expérience, il fait encore des jeux d’enfants, je suis vraiment désolé ! Les Ivoiriens n’ont pas d’autres choix que de prendre toutes leurs responsabilités.

    La sortie du PDCI, il faut le dire très clairement, ce qu’on appelle ‘’appel de Daoukro’’ en réalité c’était une arnaque. Et on ne s’est pas vite aperçu que c’était une arnaque politique du siècle. C’est quoi une arnaque. C’est lorsqu’on fait miroiter quelque chose à quelqu’un alors que ça n’existe pas. Il a été le premier à appeler à la création d’un parti unifié appelé ‘’PDCI-RDR’’. Et en tant qu’initiateur du parti unifié ‘’PDCI-RDR’’, qu’est-ce qui a changé pour que le président Bédié ne veuille plus de ce Parti unifié ? C’est parce qu’il veut simplement être le prochain président en 2020 et s’il avait cette idée en tête, alors, son appel de soutien à la candidature du Président Alassane Ouattara, était juste pour arnaquer les Ivoiriens.

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    Et puis, faire croire qu’il n’avait pas un intérêt alors qu’en réalité il voulait être président en 2020. Nous ne jugeons pas du tout cela sérieux mais, avec son âge et son expérience, nous le respectons. Je crois qu’il a beaucoup à donner à la Côte d’Ivoire. Le PDCI commandé par le président Bédié doit servir le pays. Et servir la Côte d’Ivoire, c’est s’inscrire dans l’orientation politique du Président Alassane Ouattara en 2020 et aussi, c’est revenir sur les valeurs-clés du père-fondateur de la nation. Ce n’est pas un jeu de cache-cache. La Côte d’Ivoire a 58 ans, et à cet âge, nombreuses années sont passées avec beaucoup d’expériences qui peuvent faire avancer le pays.

    Pensez-vous que le RDR pourra remporter l’élection présidentielle en 2020 sans son allié de poids qui est le PDCI ?

    Oui ! Laissez-moi vous dire que le RDR constitue et a toujours constitué la première force politique de la Côte d’Ivoire. Nous avons une base forte. Au RDR, nous sommes organisés et nous savons nous battre. Et je ne sais pas pourquoi les gens ont cette frustration. Celle de dire ou de penser que sans le PDCI, le RDR ne peut plus exister. Et cela est totalement erroné puisque c’est le RDR qui a donné de la force au PDCI. C’est encore lui qui l’a ressuscité. En 2001 ou en 2002, où était le PDCI ? Il n’existait presque pas. C’est le RDR dans son souci de rassembler toute la Côte d’Ivoire, et de revenir aux fondements du père Félix Houphouët-Boigny qui a jugé utile de faire le premier pas vers le PDCI pour le faire revivre.

    Le Président Alassane Ouattara arrive au pouvoir en 2011, c’est vrai, il faut le reconnaitre avec le soutien du PDCI au deuxième tour mais en politique, les alliances ne survivent que quand les conditions qui les justifiaient existent encore. Rien n’obligeait le RDR à continuer à exercer le pouvoir en 2011 avec le PDCI, si ce n’est la bonne foi du Président Alassane Ouattara. Car, c’est lui qui a décidé que le PDCI et le RDR se partagent exactement le pouvoir de 2011 et ce, jusqu’à ce jour. Lorsqu’on a des leaders comme ça, il faut faire très attention parce que nous au RDR on sait avoir tous les visages. Nous savons être très bons, nous savons aussi faire certaines choses que je ne vous dirai pas. Mais si le RDR a décidé de poursuivre son orientation, je vous le dis que nous avons les moyens pour atteindre notre objectif. Nous avons confiance en nous. Nous sommes dans une République démocratique et en démocratie, c’est la force du terrain qui compte. Il n’y a pas un seul village en Côte d’Ivoire sans un représentant du RDR. Contrairement au PDCI. Ce qui fait qu’il y a des localités où il n’a pas de candidat. Parce qu’il n’y a pas de représentant du PDCI là-bas.

    Quel est votre avis sur la création d’une alliance entre le PDCI et le FPI d’Affi N’Guessan ?

    A vrai dire, je me demande ce qu’Affi N’Guessan peut vouloir faire avec un « pneu réchappé ». Un « pneu réchappé », ce n’est pas moi qui l’ai dit, mais c’est Affi lui-même. C’est lui qui a dit que Bédié est un « pneu réchappé ». Donc si Affi N’Guessan estime pouvoir créer une alliance avec le « pneu réchappé », ça on ne peut qu’observer. Parce que je ne vois pas comment un « pneu réchappé » peut servir à la création d’une alliance. Je ne peux en aucun cas dire que la création de cette alliance est impossible parce qu’en politique tout est possible, il faut tout croire. Mais ça sera surprenant quand même de voir le PDCI que nous connaissons, le parti d’Houphouët-Boigny aller faire une alliance à n’importe quel prix.

    Et nous n’avons pas peur de cette alliance comme je l’ai déjà dit, le RDR est un parti fortement structuré. Avec les autres formations politiques telles que l’UDPCI, nous allons faire un rassemblement d’une bonne partie de la population qui croit aux valeurs de la nation Ivoirienne. Cela fait quelques jours que le ministre Adjoumani a signalé dans les journaux que cette alliance est une trahison au père-fondateur de la nation. Eh oui ! S’il y avait un autre mot plus fort que trahison, je l’utiliserais. Parce que si on veut vraiment conserver certaines choses, si on se réclame vraiment dans cet esprit du Président Houphouët-Boigny, il y a des choses qu’on ne doit pas faire. Le président Alassane Ouattara a posé des actes qui mettent les Ivoiriens ensemble, qui les confortent. Et n’importe quel Ivoirien qui veut le bonheur de la nation saura qui est Alassane Ouattara, un homme de paix et de réconciliation.

    Bientôt les élections locales, comment se préparent-elles au niveau de la jeunesse du RDR ?

    Très bien ! Déjà nous échangeons avec la jeunesse du RDR en particulier et celle du RHDP en général afin de leur donner des directives à suivre. C’est une jeunesse consciente et ambitieuse. Nous nous préparons pour ces élections pour que nous y sortions avec satisfaction.

    Face aux différentes tensions politiques, quel message voulez-vous adresser aux Ivoiriens ?

    En tant que président de la jeunesse du RDR et député à l’Assemblée Nationale, j’aimerais adresser à la nation, un message de discipline et de dévouement. Le Président de la République lors de son discours à la nation le lundi 6 août dernier avait abordé plusieurs sujets dont celui de transférer le pouvoir à une nouvelle génération et moi Dah Sansan, je crois à ses propos. Car il n’a jamais trahi. C’est un homme d’engagements, et de convictions. Il fait ce qu’il dit. Il ne parle jamais dans le vide. J’ai compris que quand les gens entendent parler de transfert du pouvoir à une nouvelle génération, ils pensent automatiquement à la jeunesse. Mais à quelle jeunesse ? Nous devons savoir qu’on ne peut transférer le pouvoir qu’à une jeunesse qui a beaucoup appris. Et la jeunesse qui a beaucoup appris, est celle qui a appris auprès du président Alassane Ouattara. C’est elle qui connaît parfaitement le fonctionnement de ce pays. Les générations qui n’ont pas beaucoup appris doivent pouvoir attendre.

    Quel est votre avis sur les propos tenus par le ministre Lida Kouassi ?

    Nous sommes à la veille des élections, le Président de la République vient d’annoncer des mesures importantes dont l’amnistie et la réconciliation. Au regard de tous ces éléments précités que nous jugeons aujourd’hui, cela suscite quand même une petite analyse du côté de la jeunesse. C’est de se rendre compte que cela ne sert à rien de se perdre dans des choses qui ne font pas avancer la nation. C’est aussi de faire observer à ceux qui ont bénéficié d’une clémence du Président de la République. Parce qu’une loi d’amnistie est une cause qui vient effacer une infraction, des condamnations. Lorsqu’un Président de la République décide lui-même d’être clément vis-à-vis de certains concitoyens, il faut bien qu’en retour les bénéficiaires s’inscrivent aussi dans le cadre du fonctionnement de l’État. Malheureusement, nous avons entendu certains bruits de l’opposition notamment de Lida Kouassi.

    J’ai bien envie de ne pas croire qu’il a pu adopter une telle attitude. Je n’ai pas envie de croire, mais les faits sont tellement visibles qu’on arrive à la conclusion qu’effectivement Lida Kouassi pense que la Côte d’Ivoire doit son unité à la division ethnique de telle sorte que si tu es Dioula tu n’as pas le droit de t’intéresser à la politique à Lakota, à Aboisso, à Agboville. Cette définition pour quelqu’un de sa trempe qui a été ministre d’État, c’est tellement loin de ce que c’est que la nation que c’est surprenant ! Parce que la nation c’est le vouloir vivre collectif. En distinguant ou en catégorisant les Ivoiriens tels que Lida Kouassi vient de le faire, il s’éloigne totalement de l’intellectuel qu’on pouvait penser avoir en face de nous.

    La Côte d’Ivoire ne peut pas s’accommoder par de telles divisions, des idées aussi vieilles que sa division en ethnie. Qu’on ne distingue pas les ethnies, les religions. Nous sommes dans une république. Les règles républicaines sont celles qui permettent à chaque citoyen de se sentir chez lui partout où il se trouve. Et c’est cela la nation. Mais si on doit revenir à un classement d’Ivoirien de Lakota, de Bouna, de Korhogo, d’Oumé et que ce sont les Autochtones qui doivent rester là-bas sans avoir la possibilité de s’intéresser à la vie politique, c’est suffisamment grave ! Il faut bien que ce monsieur revoie sa copie parce qu’on n’est même pas encore allé très loin. Je me rends compte que le chien ne change jamais sa manière de s’assoir. Donc on aura l’occasion de tirer les conséquences.

    Abran Saliho

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