Les manifestations qui ont débuté en septembre 2020 suite au mot d’ordre du boycott de la présidentielle lancé par les partis politiques de l’opposition en Côte d’Ivoire se sont durcies le vendredi 30 octobre, veille du scrutin et principalement dans la région de Yamoussoukro (centre), mais dans l’ensemble elles n’ont pas pu perturber de façon solide le scrutin du 31 octobre 2020.
Vendredi 30 octobre 2020, il est 18heures lorsque nous arrivons à Yamoussoukro en provenance d’Abidjan pour Man dans le district des montagnes. Alors que les villes et villages jonchant l’autoroute du nord affichaient un calme plat, nous pouvons apercevoir dès l’entrée de la ville de Yamoussoukro, les traces (pneus brûlés, barricades) des manifestations du matin qui ont opposé les partisans du parti au pouvoir et ceux de l’opposition. Alors que nous tentons de traverser la ville par la voie centrale, nous voyons des cars de transports UTB HB encore immobilisés du fait des manifestations surtout aux différentes sorties en direction de Bouaké et Bouaflé.
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N’ayant pu atteindre la sortie par le quartier Morofé du fait de la présence des manifestants qui ont barricadé la voie, nous rebouchons chemin pour passer du coté de la basilique notre dame de la paix. Mais impossible d’avancer. De la sortie de Yamoussoukro au village de Zatta long de 15km, il nous a fallu un peu plus d’une heure de négociation avec les manifestants essentiellement composés de jeunes gens dont l’âge varie entre 15 et 30 ans pour passer les 40 barrages faits de troncs d’arbres. Gourdin, morceaux de bois et pour certains, machettes en main, ils imposent une fouille complète des véhicules sous l’œil impuissant des paassis aux abords de la routes. chaque barrage, en plus des fouilles il fallait donner un peu d’argent ( entre 500 et 1000 fcfa) aux jeunes qui vous abordent et vous convainc de ce qu’ils n’ont pas mangé ni bu depuis 7heures du matin, le temps passé à empêcher les véhicules de traverser leurs différents villages. Après avoir passé au moins 30 barrages, nous sommes dépassés par un cortège de pompe funèbre qui visiblement n’a pas trop subi de calvaire. Nous nous engouffrons dans le cortège et réussissons à passer le village de Zatta, le dernier à ériger les barrages sur l’axe Yamoussoukro-Bouaflé via la A6.
La suite de la circulation restera fluide jusqu’à Man dans le district des montagnes (ouest) en traversant les villes de Bouaflé, Daloa, Duekoué, Bangolo et Logoualé.
Nous serons confrontés à un tout dernier obstacle sur l’axe Man-Semien au niveau du village de Fagnampleu à 10 km de Man où un baobab a été abattu à la scie, empêchant l’accès au village de Fagnampleu, le dernier village Dan (Yacouba) avant d’entrer dans le département de Facobly en passant par Douimbly et Zouatta, la localité où nous partions. Finalement nous réussissons à contourner l’arbre en passant par la brousse avec l’aide des jeunes venus des villages de Douimbly et Zouatta qui nous attendaient. Partis d’Abidjan à 16h, nous sommes arrivés dans le village de Zouatta vers 2h du matin après près de 650 km de trajet.
Philippe Kouhon depuis le grand ouest