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    Crise de la dette grecque : les 10 erreurs de l’Eurogroupe

    Crise de la dette grecque : les 10 erreurs de l’Eurogroupe
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 5 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    Face à l’impasse des négociations entre la Grèce et ses créanciers, le premier ministre grec Alexis Tsipras se tourne vers son peuple pour qu’il se prononce par voie référendaire sur les réformes et propositions de l’Eurogroupe.

    L’ancien Directeur Général du Fonds Monétaire International (FMI), Monsieur Dominique Strauss Kahn a publié la liste des erreurs commises par le FMI et les créanciers européens, dans un texte intitulé “apprendre de ses erreurs “.

    Sans être dans le sillage du patron du FMI, économiste de renom avec son argumentaire financier , il n’est pas de trop d’appeler l’attention de l’opinion publique sur les dix erreurs (10) suivantes de l’Eurogroupe :

    1. La première erreur de l’Eurogroupe est de n’avoir pas compris que la Grèce est un pays européen souverain. Elle a démocratiquement choisi de confier son destin à un gouvernement qui a fait de la lutte contre l’austérité imposée par l’Union Européenne, le thème principal de sa campagne électorale. Entre la volonté du peuple contre l’austérité, l’humiliation, la soumission honteuse et le diktat du FMI et des créanciers européens, Alexis Tsipras a choisi son camp, celui des salariés et des retraités, dans un contexte européen de la montée du nationalisme, du populisme, de la haine contre une Union Européenne technocratique et jalouse de ses principes de rigueur budgétaire, d’austérité, de désendettement sous les fourches caudines du FMI;

    2. La seconde erreur est de mal connaître le profil, la typologie, la méthodologie, la personnalité, le style, le parcours estudiantin et frondeur du Premier Ministre grec. Le principal facteur de succès de la haute négociation est la connaissance en hauteur et en profondeur ou la maîtrise de la science du comportement du négociateur d’en face, du général au particulier et dans les moindres détails permettant d’anticiper avant coup, de se positionner dans la proposition réaliste, d’atténuer les risques d’échec des pourparlers, en ayant toujours en tête que la fatigue est le parfum de la réussite, la souffrance est la clé de la délivrance et l’effort est l’ascenseur qui aide à gravir les étages de difficultés vers le compromis acceptable, à la satisfaction des parties en négociation;

    3. La troisième erreur est de trop se focaliser sur les termes techniques qui ne sont plus à la portée de l’entendement et de la compréhension du peuple grec asphyxié financièrement et lessivé dans sa dignité , au bord de la survie et sans horizon (dette, déficit public, rigueur, austérité, plan d’aide etc); en oubliant que la crise de la dette grecque constitue une crise de souveraineté nationale vers le défaut de paiement d’un pays aux conséquences imprévisibles, exploitables et instrumentalisables au sein de l’Union Européenne par les indignés, les partis populistes, d’extrême droite et d’extrême gauche pour faire une tâche d’huile;

    4. La quatrième erreur est de n’avoir pas tiré les enseignement du passé de la construction par étape de l’Union Européenne. Dans l’histoire de sa construction, l’Allemagne qui est aujourd’hui le modèle vertueux de l’austérité et le moteur de la croissance européenne, a bénéficié par le passé d’annulation de dette. L’Union Européenne s’est construite sur le principe du compromis sans ingérence extérieure du FMI. Il faut éviter que la Grèce soit le berceau du populisme dans la zone Euro.

    5. La cinquième erreur est d’avoir laissé filer la dette astronomique de la Grèce à hauteur de 322 milliards d’Euros (176% du PIB) dont 1,6 milliards d’Euros accrochés dans les livres du FMI sans que l’Eurogroupe ne mesure le ratio de solvabilité et ne circonscrive l’incertitude de remboursement, en réduisant et sécurisant tous les risques émergents du défaut de paiement et de la sortie de la Grèce de la zone Euro;

    6. La sixième erreur est de minimiser le rapprochement de la Grèce à la Russie , qui en embuscade se frotte les mains et est prête à venir au secours pour éloigner le pays de l’Union Européenne , l’accueillir à bras ouvert dans le giron russe après avoir perdu l’Ukraine;

    7. La septième erreur est de ne pas comprendre à temps que la crise de la dette grecque peut avoir un effet domino sur les maillons faibles de l’UE comme l’Espagne et le Portugal qui peut durement éprouver l’Union Européenne en terme de vent de panique sur les places financières, les banques vers la faillite des établissements et une sortie probable de la zone euro si la fronde populaire contre l’austérité s’amplifie et les taux d’emprunt augmentent;

    8. La huitième erreur seraient l’inflexibilité et l’intransigeance de l’Eurogroupe face au retrait massif d’argent des banques qui pourrait couler le système financier grec et au défaut de paiement inéluctable. L’Eurogroupe devra prendre au sérieux l’une des solutions de Dominique Strauss-Khan, à savoir la restructuration de la dette grecque. L’ancien Directeur Général du FMI sait de quoi il parle, en sa qualité de promoteur et créateur d’une banque d’affaires internationales spécialisée dans le conseil aux sociétés et entrepreneurs, pour leur développement stratégique international, leur financement, la restructuration de leurs dettes, les acquisitions et cessions d’entreprises;

    9. La neuvième erreur est d’avoir perdu quatre (4) mois de négociations entre la Grèce, le FMI et l’Eurogroupe sans tirer les leçons de la crise financière de 2008 aux États Unis d’Amérique et de ses impacts négatifs sur l’économie mondiale;

    10. La dixième erreur serait pour l’Eurogroupe de ne pas sortir par le haut en acceptant la perche qui lui sera tendue par les chefs d’État des pays membres de l’Union Européenne qui devront faire preuve de dépassement et de volonté politique pour qu’un accord de la dernière seconde soit possible avec la Grèce.

    Ils devront être flexibles et imaginatifs avec responsabilité, pragmatisme et lucidité pour sortir du goût du pourrissement du bras de fer avec le premier ministre grec Alexis Tsipras qui dans son coup de poker n’envisage pas de se plier au chantage et à l’ultimatum. Les négociations doivent reprendre pour éviter le pire pour la Grèce en terme de défaut de paiement, pour l’Union Européenne et la Zone Euro en terme d’image négative avant qu’un intrus au poids financier de première grandeur ne s’érige en donneur de leçons au secours de la Grèce. Les pays n’ont pas d’amis mais des intérêts.

    Laurent Maurice Kouakou
    Chroniqueur Expert Consultant

     

     

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