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    Côte d’Ivoire : le message de tous les évêques que  Marcellin Kouadio voulait noyer avec son one man show 

    Côte d’Ivoire : le message de tous les évêques que  Marcellin Kouadio voulait noyer avec son one man show 
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    Tout le monde parle de l’homélie de Monseigneur Marcellin Kouadio. Très peu de gens parlent du message de l’ensemble des évêques qui est ainsi noyé, alors qu’il est dense et qu’il se veut ferme et critique, dans le bon ton.

    Dans son homélie à l’issue de la 123e Assemblée plénière des évêques de Côte d’Ivoire, Monseigneur Marcellin Kouadio a tenté de dire son ressentir, ou de traduire avec ses mots à lui, la déclaration des évêques de Côte d’Ivoire, à l’issue de leur réunion. Ci-dessous le message qui engage l’ensemble des évêques , et qui semble avoir été noyés par la sortie de Monsieur Marcellin Kouadio.

    “MESSAGE DE LA 123ème ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DE LA CECCI :

    « LA PAIX, NOTRE BIEN COMMUN À BÂTIR ENSEMBLE »

    Chers compatriotes,

    « Que le Seigneur de la paix vous donne lui-même la paix en tout temps et de toute manière! » (2Th 3,16)

    Au regard de l’histoire du salut, la paix apparaît comme l’une des dimensions essentielles de la Bonne Nouvelle que l’Église a mission d’annoncer. En effet, la mission qui consiste à bâtir un monde de paix et de concorde, signe de l’avènement du Règne de Dieu, engage l’Église au plus profond d’elle-même et dans toutes ses composantes. Dès lors, en tant que communauté de foi et institution sociale, elle est investie d’une mission propre, nécessaire et distincte à accomplir en ce qui concerne la recherche de la paix.

    En conséquence, l’Église, à la suite du Christ, est chargée d’œuvrer sans cesse en faveur de  la paix. Ce ministère constitue l’une de ses tâches premières et sa caractéristique la plus éminente. Eu égard à ce noble ministère, l’Église et ses pasteurs se sentent interpelés chaque fois que des hommes font peser sur le monde des risques de conflits, capable d’engendrer des discordes et des divisions entre les fils et les filles d’une même nation. 

    Cette mission est d’autant plus justifiée que « les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur ».

    Aussi, Nous, vos Archevêques et Évêques, vos guides spirituels de l’Église Catholique en Côte d’Ivoire, fidèles à notre mission prophétique de veilleurs, voulons adresser ce message d’apaisement aux fidèles du Christ ainsi qu’à tous les habitants de la Côte d’Ivoire.

    1. Le constat d’une montée de tension à la veille des élections locales

    Dans quelques mois auront lieu les élections locales en Côte d’Ivoire. Ces élections ont valeur de test pour l’élection présidentielle de 2025 car la plupart des partis politiques y est engagée. En prévision de ces élections, les différents états-majors se préparent ainsi que les institutions chargées de les organiser. 

    Mais au regard de la tension qui commence à monter déjà, Nous, vos Archevêques et Évêques, sentons comme un impérieux devoir d’appeler toutes les filles et tous les fils de notre pays à la retenue et à la modération.

    C’est le lieu de saluer tous les efforts en faveur de la paix : la création d’un ministère de la réconciliation nationale, le dialogue politique entre le gouvernement et les partis politiques, les caravanes de la paix, les prières pour la paix, etc. Ces acquis permettent aujourd’hui à notre pays de connaître un climat de paix relative. Cette paix constitue un environnement favorable pour le développement.

    Cependant, cette paix demeure fragile dans la mesure où « la paix, ce n’est pas seulement le silence des armes ». De fait, les crises successives que notre pays a connues au cours de ces dernières décennies (2002, 2011, 2020) ont laissé des plaies profondes qui ont du mal à se cicatriser. Nous nous en faisions l’écho en ces termes, lors de notre Assemblée de janvier 2020 à Korhogo :

    « Au sortir de la crise post-électorale de 2010, les autorités étatiques s’étaient fixé pour priorité́ la réconciliation et s’étaient engagés à ressouder le tissu social déchiré́. Ce grand chantier avait suscité ​ un immense espoir… Malheureusement, les ressentiments ont ressurgi, entre autres, les conflits intercommunautaires qui se sont soldés par des pertes en vies humaines. Ces conflits ont montré́ combien les cœurs ne sont pas encore apaisés et que tout peut exploser à tout moment ».

    Aujourd’hui, peut-on oublier tous nos compatriotes morts ainsi que toutes les autres victimes de ces différentes crises ? Dès lors, il est de la responsabilité de tous et de chacun de mettre tout en œuvre pour ne plus que le sang de nos concitoyens coule à nouveau. Cela passe par un engagement collectif à travailler ensemble pour éviter tout ce qui serait de nature à nous replonger dans la spirale de la violence avec ses conséquences désastreuses.

    Il est clair que l’objectif que nous devons tous rechercher, c’est le bien de la Côte d’Ivoire et de ses habitants. Car le pouvoir n’est pas une fin en soi. Il en résulte une interpellation pour tous à emprunter le chemin de la décrispation politique et sociale pour que les élections locales qui pointent à l’horizon se déroulent dans le calme, la quiétude et la paix ; toutes choses utiles pour la stabilité, le développement et le bien-être des populations.

    Pour garantir cette paix sociale, gage d’un développement harmonieux, intégral et inclusif, il est impérieux d’organiser des élections transparentes, justes et paisibles.

    2. Appel à œuvrer ensemble pour la paix

    Dans le souci de préserver notre bien commun qu’est la paix, et au regard de la tension perceptible dans notre pays à la veille des élections locales qui approchent, il nous semble urgent, à Nous, vos Archevêques et Évêques, de vous lancer cet appel :

    – Au peuple de Côte d’Ivoire

    Chers compatriotes, la Côte d’Ivoire est un bien inestimable pour nous tous. Nos aînés nous l’ont légué en héritage. Nous devons à notre tour transmettre ce bien aux générations futures. Travaillons donc à éviter tout ce qui pourrait compromettre la paix et l’avenir de cette « terre d’espérance ». Pour ce faire, évitons toute forme de violence afin de garantir à tous et à chacun une paix durable, gage d’un développement profitable à tous.

    – Aux jeunes

    Chers jeunes, vous êtes l’avenir de ce pays. Nous sommes conscients des difficultés qui sont les vôtres. Cependant, nous vous demandons d’être vigilants et de ne pas vous laisser instrumentaliser par vos leaders politiques.

    – Aux gouvernants

    Chers gouvernants, comme vous le savez, il n’y a pas de paix sans justice. Il vous revient donc d’œuvrer pour une justice équitable, condition sine qua non pour la paix, préalable à tout développement. Dans ce sens, nous vous encourageons à créer les conditions favorables au bon déroulement des élections à venir en vue d’une paix réelle et durable entre les fils et les filles de ce pays.  

    – Aux leaders de partis politiques

    Chers leaders politiques, la finalité essentielle de votre engagement, c’est l’intérêt supérieur de la nation ivoirienne et de tous les habitants de la Côte d’Ivoire. Au regard de l’horizon qui commence à s’assombrir à l’approche des élections locales, et en prévision de l’élection présidentielle de 2025, Nous vous appelons à l’apaisement et à la retenue. Évitez donc toute instrumentalisation de vos militants, surtout les jeunes. N’oubliez pas que « le plus important dans les joutes électorales n’est pas le triomphe éphémère. Le plus important est ce qu’on fait pour le bien commun : le service de tous… Car la victoire de la démocratie, c’est d’abord et avant tout, et après tout, la victoire de la non-violence et de l’acceptation dans l’humilité et la sérénité de la défaite ».

    – Aux guides religieux

    Nous, guides religieux, de par notre mission, nous sommes des guetteurs. Nous sommes appelés à être des hommes et des femmes de paix, d’unité, et de justice. La dimension prophétique de notre mission est indéniable. Dans l’exercice de notre ministère, soyons des artisans de paix par nos paroles et nos actions, afin que la nation ivoirienne redevienne ce havre de paix qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être. Travaillons donc à une véritable cohésion sociale dans tout le pays.

    – Aux Médias

    Aux hommes et femmes de médias, votre mission première est d’informer et de former nos concitoyens. Cette mission doit s’exercer dans la vérité et dans l’équité. Nous vous prions d’éviter toute forme d’instrumentalisation des médias qui serait dommageable à la paix et à la quiétude de nos populations.

    – À la Communauté internationale

    Votre mission auprès de nos pays doit se réaliser dans le respect de la dignité de nos peuples et de leur liberté souveraine. En effet, comme le martelait le pape François lors de sa récente visite apostolique en République Démocratique du Congo, « ce pays et ce continent méritent d’être respectés et écoutés, ils méritent espace et attention : Retirez vos mains de la République démocratique du Congo, retirez vos mains de l’Afrique ! Cessez d’étouffer l’Afrique : elle n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser. Que l’Afrique soit protagoniste de son destin !»

    Conclusion

    Chers compatriotes,

    Le respect de la mémoire de nos compatriotes morts au cours des crises successives que notre pays a connues nous oblige à tout mettre en œuvre pour éviter à notre pays une autre guerre. C’est dans cet esprit que, lors de notre Assemblée plénière à Agboville en 2019, nous lancions cet appel : « Tous, désarmons nos cœurs, nos bouches et nos bras, car il y va de la vie de notre nation… Acteurs politiques, jeunes, hommes et femmes de médias, guides religieux : Évitons-nous une autre guerre ». 

    Que par l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, Notre Dame de la paix, son Fils Jésus-Christ, le Prince de la paix, accorde à chaque habitant de ce pays d’être un véritable artisan de paix.

    Vos Pères Archevêques et Évêques de Côte d’Ivoire.”

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