Doumbia Major est le président du CPR, le congrès panafricain pour le renouveau et également du groupement politique « le renouveau démocratique », membre de l’opposition. Il intègre depuis le mercredi 20 janvier 2021, la commission centrale de la CEI, en charge des élections en Côte d’ivoire, en remplacement de Mme Henriette Lagou.
Désigné par la plateforme des groupements politiques composée de GP paix, AID et Renouveau démocratique, il juge incorrect pour l’image de la CEI et pour l’image de notre système démocratique, que de laisser croire qu’un poste de l’un des commissaires résulte d’une nomination. Prolixe et moins avare des débats politiques, Doumbia Major est désormais contraint à un devoir de réserve. Mais avant, il a accepté d’accorder une interview exclusive à votre média préféré, Afrikipresse.
Afrikipresse : Comment avez-vous appris votre nomination à la commission centrale électorale indépendante ?
Doumbia Major : Il faut faire observer d’entrée que je n’ai pas été nommé par une autorité politique quelconque, ni par la CEI comme certains tentent de le faire croire . Certains même ont déjà commencé à laisser croire que c’est un poste de récompense. Il n’en n’est rien.
J’ai été désigné par les trois groupements de l’opposition que sont : GP paix, AID et Renouveau démocratique : je n’ai pas été nommé, ni par le gouvernement encore moins par la CEI dont ma désignation ne fait pas partie des attributions. Après la désignation par les partis politiques, le Président de la République signe le décret et c’est ainsi pour tous les commissaires.
Lorsque Mme Lagou Henriette m’a informé de son intention de démissionner pour être candidate à Daoukro, je me suis positionné sur le poste qui revenait de droit soit à moi ou à monsieur Zadi Djédjé. Ce dernier étant candidat pour les législatives à Gagnoa, le poste me revenait de droit, vu que j’avais renoncé à aller aux législatives à Abobo et que je voulais avoir une autre expérience politique cette fois non plus comme acteur, mais comme faisant partie des arbitres.
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Je vais donc apprendre à mieux maîtriser le processus électoral, à côté des aînés et personnalités expérimentées que sont le président Kuibert et ses collaborateurs. Je crois que notre génération doit avoir l’humilité d’apprendre aux côtés des aînés et ne pas chercher à sauter les étapes.
Quelle a été la position du CPR, votre parti politique jusque-là dans toutes les revendications de l’opposition et surtout concernant la CEI?
Mon parti c’est le CPR, le congrès panafricain pour le renouveau et le groupement que je préside est le renouveau démocratique.
Nous sommes une opposition républicaine qui se démarque clairement de l’opposition identitaire qui instrumentalise la haine ethnique et xénophobe comme moyen de conquête du pouvoir. Nous parlons des problèmes des ivoiriens , nous n’incitons pas la haine contre des personnalités à l’instar de certains partis politiques qui sont dans l’opposition comme nous.
C’est nous qui parlons d’adressage, de numéro identifiant unique , de réforme du système de santé, de gratuité de l’école, de bancarisation obligatoire , de subvention de l’électricité et de l’eau, de retraite paysanne, de revenu minimum vital, de non cumul, de déclaration obligatoire des ressources etc… C’est d’ailleurs nous qui sommes à l’initiative du parrainage citoyen.
Que représente votre intégration dans cette structure en charge des élections en Côte d’ivoire ?
Être membre de la CEI c’est accepter d’être parmi les sages et faire le choix d’être l’un des sages de son pays. C’est faire le choix de la neutralité, c’est choisir de sortir de la compétition politique pour jouer le rôle d’arbitre. Ce qui implique équité, justice et sens de l’égalité.
Être membre de la CEI, c’est faire le choix d’une posture à la fois de renonciation et d’ingratitude : c’est renoncer à se défendre soi-même contre les attaques parfois méchantes, gratuites et diffamatoires dont on peut être victime, et c’est renoncé e aussi à défendre son propre camp politique, même quand celui ci est malmené dans le jeu du marketing et de la communication politique.
C’est faire le choix d’être ingrat par devoir vis à vis de son propre camp et de ses alliés politiques qui vous ont désigné, car il s’agit de trancher dans le sens du juste et du vrai, même contre son propre camp.
Il faut être conscient d’une chose qui fonde l’autorité du sage qu’on a choisi de devenir en fuyant le vacarme, la controverse, l’adversité et la compétition politique, c’est qu’en étant commissaire de la CEI, on ne s’appartient plus et on appartient plus à un camp politique. On fait désormais partie des sages statutaires du pays, et il faut faire en sorte que notre comportement soit en adéquation avec ce statut social formel. Il faut donc se comporter comme un sage.
C’est pourquoi je voudrais dire ceci à mes amis et à ceux de mon camp politique : je ne suis plus des vôtres. N’attendez de moi aucun propos ou acte de faveur.
Et je voudrais rassurer ceux qui ont été mes adversaires politiques en leur disant ceci : je ne suis plus votre adversaire, je n’ai plus de camp politique, je ne fais plus partie du jeu politique, mon camp désormais, c’est la vérité , c’est la justice, c’est la paix en Côte d’Ivoire.
Un dernier mot ?
Que Dieu bénisse et veille sur la Côte d’Ivoire et qu’il donne à chacun des membres de la CEI, la compréhension du sens de son statut et de son rôle social.
Note de la rédaction : Pour rappelle, Doumbia S. Major est docteur en sciences du langage. Il est l’unique spécialiste en Côte d’Ivoire en textométrie et en Analyse automatisée des discours (Aad).
Titulaire également d’un Master en marketing politique de l’Université Paris-Est et d’un Master en ingénierie de projets de développement de la même université, Dr Doumbia Major est rattaché aux Laboratoires Textopol et Ceditec de l’Université Paris-Est.
Enfin Dr Doumbia Major est le Président directeur général et fondateur de Phœnix group international, structure dont FranceBurotik et Phœnix communication sont des filiales.
Propos recueillis par Philippe Kouhon