La victoire n’est pas totale et n’est qu’une simple bataille de gagné dans le grand combat qu’elle mène pour obtenir des conditions plus rassurantes à ses yeux, dans le cadre de la présidentielle ivoirienne à venir, mais à Abidjan la Coalition nationale de l’opposition (Cnc), est déjà attendue au tournant, notamment sur sa réaction à la posture adoptée par le chef de l’État ivoirien. Décryptage.
Avec la revendication des États généraux de la République ( EGR) à sa sortie de prison, le Fpi et Pascal Affi N’Guessan avaient prêché dans le désert. Leur requête était tombée dans les oreilles de sourds, alors qu’en ce moment là c’est un Fpi encore soudé et pas tout à fait désuni comme actuellement, qui était en face du chef de l’État ivoirien.
Concernant ces EGR, le chef de l’État ivoirien avait laissé entendre qu’il s’agissait encore de bavardages , et que le pays avait davantage besoin de se mettre au travail que de discuter.
Mais voici qu’avant même d’avoir reçu la lettre de la Cnc qui ne lui est pas encore parvenue , le président ivoirien calme le jeu , et autorise le ministre d’État Jeannot Ahoussou Kouadio à poursuivre le dialogue avec l’ensemble de l’opposition y compris la Cnc qui existe depuis seulement quelques mois, et qui à ce titre n’a pas pu prendre part aux autres phases du dialogue politique.
La Cnc , selon des analystes, peut assurément avoir des raisons d’estimer qu’elle est insatisfaite pour n’avoir pas obtenu de discuter directement avec le chef de l’État lui-même.
Néanmoins d’autres analystes assurent que le processus qu’engagera Ahoussou Jeannot pourrait être un prélude , et une manière de déblayer le terrain pour une prochaine rencontre avec le chef de l’État ivoirien, tout en lui évitant d’avoir l’impression qu’il a agi sous la pression , ou sous la menace.
C’est en cela que ces analystes estiment que la Cnc a glané des points, et qu’elle devrait se frotter les mains en attendant de savoir ce que pourra peser l’ex Premier ministre Ahoussou. En clair, il ne serait pas judicieux, selon cette façon de voir, que la Cnc reste dans des préalables, et exigent d’avoir par exemple à discuter avec le chef de l’État lui-même.
Les analystes rappellent à ce propos que le même type de préalable et de conditions de la part du Fpi, relativement à la libération de l’ex président Laurent Gbagbo, qui avait plombé le dialogue inter ivoirien.
La coalition ne s’est pas encore réunie pour préparer une réponse à la sortie de M Ouattara, mais des pistes sont envisagée.
Ainsi l’on apprend que même si elle n’envisage pas la politique de la chaise vide, la Cnc pourrait se faire représenter par des seconds couteaux, et non par son président Charles Konan Banny , qui refuserait de prendre en compte la qualité d’ex Premier ministre d’Ahoussou Jeannot et le fait que ce dernier soit son voisin direct à la Cocody -Rivera- Beverlly Hills.
Par ailleurs, la Cnc pourrait ne pas apprécier le mode opératoire consistant à recevoir en groupe et ensemble, toutes les composantes de l’opposition ivoirienne, alors qu’elle a réclamé un dialogue direct.
Des analystes assurent pourtant que cette façon de faire, pourrait donner l’occasion à l’opposition de présenter un front uni et de parler d’une même voix.
Du côté du Rhdp, l’on évoque l’exemple guinéen avec le récent accord obtenu.
« Le président Conté n’a pas eu à discuter matin midi et soir avec Dalein Diallo, et Sidya Touré. Il y’a eu des négociations et des discussions. Les leaders de l’opposition étaient souvent présents eux-mêmes, face à des ministres de Condé, mais cela n’a pas empêché qu’un accord soit trouvé», explique un pro-Ouattara qui pense que le moment venu, le chef de l’État ivoirien jouera sa partition, d’autant plus que c’est lui même qui avait, au cours d’un conseil des ministres informé qu’en septembre, il rencontrerait l’opposition.
La balle est dans le camp de l’opposition à qui Alassane Ouattara a refilé ( en donnant l’air d’une reculade ou l’air d’avoir cédé) la pression qu’il subissait ces derniers temps avec les appels persistants à la discussion de la part de la Cnc : le chef de l’État n’a rien lâché dans le fond, mais il donne l’impression d’avoir tant concédé.
Au delà du principe générale de la discussion , ne revient-il pas à l’opposition qui est la demanderesse pour parler le jardin judiciaire , de présenter des propositions concrètes de conditions transparentes , à ses yeux , de la tenue du scrutin à moins d’opter finalement pour un boycott ?
Un boycott toujours soutenu par ceux qui disent que les dès vont vraiment pipés, et qui pensent qu’il est encore possible à la Cei, de voler et détourner une éventuelle victoire de l’opposition, alors que ce serait la voie ouverte à une autre crise postélectorale au détriment cette fois, du président Alassane Ouattara. En clair, l’opposition Cnc, tout en maintenant la pression, a un beau coup à jouer.
Charles Kouassi