Jeune président du groupe parlementaire “Nouvelle Vision”, le député de Guiglo commune, Sérodé Gui Hervé dévoile, dans cette interview, ses ambitions à la tête du groupe. Il s’attarde sur, notamment, la question de l’emploi jeune.
Votre groupe parlementaire s’appelle “Nouvelle vision”. Que faut-il entendre par là ? Seriez-vous en rupture avec le passé ? Reprochez-vous des choses qui n’auraient pas été bien faite à l’ancienne législature ?
Pas que nous reprochons des choses à la législature passée que d’ailleurs, nous saluons pour le travail abattu. Et croyez-moi, nous mesurons l’immensité de ce travail. C’est une législature qui a pris fonction juste après que la Côte d’Ivoire est sortie de la grave crise qu’elle a connue 2011. Elle avait le devoir de doter le pays de lois fortes pour lui permettre de se relancer aussi bien sur le plan nationale qu’international. Et je puis vous dire , au regard de l’essentiel des textes adoptés que la législature passée n’a pas chômé. Donc parler de Nouvelle vision, ce n’est pas parce que nous reprochons quelque chose à l’ancienne législature. Encore moins que nous voulons créer une rupture avec le passé de façon générale. Il s’agit simplement de ce que nous voulons mettre l’accent sur le fait que les enjeux de notre temps diffèrent un tout petit peu du passé. Aujourd’hui, nous sommes quasiment à la porte de 2020 , et vous savez que le président de la République a promis de faire rentrer, à partir de cette date, notre pays dans l’émergence. Mais, l’émergence, elle ne se décrète pas. L’émergence, c’est le résultat de plusieurs efforts conjugués à tous les niveaux. Le président a lancé le projet de l’Ivoirien nouveau qui est l’Ivoirien qui a une nouvelle mentalité, un nouveau comportement plus citoyen, bref, l’Ivoirien qui met l’intérêt de son pays avant tout. C’est dans ce sens-là que nous parlons de Nouvelle vision. Une vision qui consiste à faire des propositions concrètes dans le sens d’accompagner le gouvernement dans ses efforts de reconstruction de notre nation. Nous nous proposons d’être une force de proposition. Ce sera, cap sur l’émergence.
Quelles sera votre priorité ?
Aujourd’hui, croyez-moi, la priorité des priorités reste la question de l’emploi jeune. Voyez-vous, toutes les crises que notre pays a connues jusqu’ici ont pour principales bases de départ la pauvreté et le chômage des jeunes. Si l’on parle de jeunes manipulés, c’est bien parce que ces jeunes-là n’ont pas de boulot , qu’ils sont à la merci du premier aventurier politique. Or, comme vous le savez certainement, les seuls emplois que garantissent un gouvernement, c’est ceux de la fonction publique. On est donc obligé pour résorber une telle question d’orienter les uns et les autres vers les initiatives personnelles, à savoir, l’entrepreneuriat. C’est cette idée que personnellement, j’ai promu au cours des meetings que j’ai animés durant ma campagne. L’État ne crée pas d’emploi. Il ne peut que créer des conditions favorables à la création d’emploi qui est assurée par les entrepreneurs et les entreprises. Donc, notre rôle, nous en tant que jeunes députés, est de faire en sorte que le gouvernement comprenne clairement les aspirations des jeunes. Parce que c’est nous qui vivons notre condition de jeune. Nous devons faire en sorte que certaines lois soient prises aussi bien pour faciliter la création d’emplois pour les jeunes que pour leur permettre d’entreprendre.
Un de vos collègues, l’honorable Kébé Mahamadou, député de Dakpadou-Sago dans la région de Sassandra, dénonce le fait que la recherche de solutions pour la question l’emploi jeune soit bien souvent laissée à des fonctionnaires , alors estime-t-il, que ceux-là, du fait d’avoir choisi la fonction publique, ne sont pas à même d’encourager les jeunes à l’entrepreneuriat. La question devait être laissée aux entrepreneurs et aux self-made-men , selon lui. Partagez-vous son point de vue? Etes-vous prêts dans le cadre de votre rôle de député à interpeller le gouvernement en ce sens ?
C’est une analyse que je partage entièrement. C’est vrai qu’en Europe, il y a Pôle Emploi qui épaule tant bien que mal l’État , ce qui permet quelques efforts et quelques résultats même si cela ne règle pas entièrement la question de l’emploi là-bas. Ici, il y a désormais l’Agence emploi jeune qui est une initiative du gouvernement. Mais, il serait intéressant et plus efficace qu’on y intéresse des entrepreneurs, des gens qui se sont réalisé dans le privé à l’image du collègue Kébé Mahamadou qui, aujourd’hui emploie plusieurs centaines de jeunes.
Seriez-vous favorable à une mesure prônant une légère exonération d’impôt en faveur des entreprises qui emploieraient plus de jeunes nouvellement diplômés ou non ?
Bien sûr. Et le président Alassane Ouattara le sait mieux que quiconque. En France, par exemple où j’ai été cadre dans une banque, lorsque vous employez des jeunes vous bénéficiez de quelques réduction au niveau des taxes. Mais, je souhaiterais un peu plus d’effort de la part de l’État . C’est de créer un mécanisme pour que les jeunes entreprises ne puissent pas être absorbées par le poids des taxes. Parce que croyez-moi, les entreprises se créent à longueur de journée. Allez au CEPICI et vous verrez ce que je dis. Mais, plus de 80% de ces entreprises ne vivent que le temps d’une saison de pluie. Et ce, bien souvent à cause de taxes. Donc, nous allons étudier la question, passer au peigne fin tous les textes en vigueur, et voir dans quelle mesure faire quelques propositions d’amélioration.
Le président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro a placé cette première année de la législature sous le signe de la réconciliation nationale. Pensez-vous que c’était nécessaire ?
Oh que oui !!! J’ai d’ailleurs personnellement bien apprécié ce discours du PAN. Parce qu’il est temps que les Ivoiriens tournent la page de la crise. Le pardon doit être une priorité existentielle pour nous. Je retiens cette phrase d’un des discours De Gaule qui disait que « la France n’a pas d’ami. Elle n’a que des intérêts ». Croyez-moi, seul l’intérêt de la Côte d’Ivoire doit compter pour chaque Ivoirien. Le président Guillaume Soro en axant son discours sur la question de la réconciliation met tout le monde en mission. Que vous soyez du parti au pouvoir comme dans l’opposition, il a mis tout le monde devant l’impérieuse nécessité de faire la paix.
Il n’exclut cependant pas le volet judiciaire. Il a demandé que les affaires en cours soient traitées avec diligence…
Bien sûr qu’il y a des cas qui nécessitent que la justice s’y intéresse longuement pour permettre que chacun comprenne bien ce qui s’est réellement passédans le pays durant ces années de crise-là. Mais, il y en a d’autres sur lesquels l’on peut rapidement passer, je crois que ce sont ceux-là que le PAN demande qu’ils soient traité avec diligence. Et pourquoi emboiter le pas au député Méambly Evariste, une loi d’amnistie pour ces cas-là.
Vous êtes député de Guiglo, une ville de l’ouest du pays qui a fortement été marquée par la crise qu’a connue le pays. Peut-on dire qu’aujourd’hui à Guiglo, les populations ont tourné la page ?
Il faut dire que les populations, en général, en Côte d’Ivoire ont tourné la page. C’est le cas à Guiglo et même dans le Cavally. Sauf que les gens ont des préoccupations existentielles auxquelles, je pense qu’il faut s’attaquer résolument. A Guiglo, par exemple, tout est à reconstruire. Vous avez le fait que la ville soit devenue presqu’inaccessible du fait de la vétusté du pont qui y mène. Ce qui impact considérablement la question de l’emploi des jeunes. Vu qu’aucune entreprise n’a envie d’aller s’installer dans ce genre de conditions. D’ailleurs, je veux profiter de votre micro pour inviter le chef de l’État à y faire un tour. Une visite d’État nous ferait le plus grand bien quand on sait que lorsque le président de la République se déplace dans une ville , le développement suit. Nous sommes dans une nouvelle dynamique de sorte que si certains actes et pas sont posés dans le sens du développement, il n’y a pas de raison que les populations ne continuent pas à se parler. Les populations de Guiglo attendent le président de la République.
Réalisée par Chris Monsékéla