Plusieurs versions des faits qui ont occasionné la mort de deux personnes hier à Bloléquin circulent sur les réseaux. Voici la vérité.
Le motocycliste du nom de Sio Kehé comme nombreux jeunes de la région transporte chaque jour des passagers qui quittent la ville vers les villages et vis versa.
Ce samedi 17 février, il est 11h lorsque Sio Kehe sur sa moto avec une dame qu’il transporte vers son campement, est stoppé au corridor CIB sur l’axe Bloléquin-Guiglo, par un homme en tenue. Ngoran Guy dit Guyzo, MDL de la gendarmerie nationale de Côte d’Ivoire détaché à Bloléquin lui réclame la rente par passage du corridor de 1000fcfa (1,50 euros). C’est bien le montant à payer, sorte de raquette longtemps dénoncée depuis l’unification des deux armées et la fin de la crise postélectorale en 2011.
« Le jeune a dit au gendarme qu’il paiera à son retour vu qu’il n’avait pas encore encaissé l’argent du voyage. Les deux plaisantaient au début. Le gendarme a dit au jeune, mais si tu ne paies pas, tu vois cette arme que j’ai, le jeune à son tour dit au gendarme, ton arme ne me fait pas peur.
En voulant lui montrer l’arme en question et certainement n’ayant pas mis la protection, le doigt a touché la gâchette et le coup malheureux est parti, tuant le jeune.
Voilà comment la foule qui était à côté s’est ruée sur lui. Il disait ne me tuer pas, c’est un accident. Je n’ai pas voulu tuer le jeune. Mais la foule n’a pas souhaité l’entendre raison, le ruant de coup de gourdin, briques, pierres jusqu’à ce que mort s’en suive » raconte une femme qui vendait des beignets près du lieu de l’incident.
Anne Ouloto ramène le calme.
Arrivée à Bloléquin hier aux environs de 20h, la ministre et cadre du Cavally, Anne Ouloto a visité des locaux de la gendarmerie à l’entrée de la ville, saccagés et incendiés.
Elle a ensuite échangé avec la chefferie et les différentes associations de jeunes chez le chef central, rencontre qui s’est poursuivie tard dans la nuit et qui a pris fin ce dimanche.
« Fin de rencontre avec les jeunes et les chefs. Engagements pris pour mettre un terme aux hostilités après des échanges très difficiles. Une visite et la présentation des condoléances est en cours à la cour familiale du jeune guéré tué par le gendarme », a appris un journaliste d’Afrikipresse ce dimanche autour de 10h.
Selon une source sur place, plusieurs dons ont été faits, des prises en charges des blessés et les frais de morgue. La somme de un million a été offerte. Ce qui a permis de ramener la sérénité dans la ville qui était sous tension avant son arrivée.
Observations
Outre la bavure ou la thèse de l’accident, c’est le lieu d’interpeller les autorités compétentes afin de mettre fin à ce type de raquette qui parfois dégénère en bagarre, voire mort d’homme, entre les forces de l’ordre et les usagers.
Les forces de l’ordre sont des fonctionnaires de l’État qui perçoivent un salaire et qui ont pour mission de protéger les populations. Mieux, il est inacceptable qu’une arme qui est déjà visible donc en position de dissuasion ne soit pas protéger et utilisé en cas de légitime défense.
Le jeune avait-il une arme pointée sur le gendarme au moment des faits ? Si non alors pourquoi le gendarme a utilisé son dernier recours alors qu’il n’en avait pas besoin ?
Enfin, il est urgent que les comportements des civils changent face à ce type de cas. Seule la justice est autorisée à dire le droit et à prononcer des sentences. Se faire justice sois même est punissable en droit.
Philippe Kouhon
