Six ans après leur entrée sur la scène politique et qui fait suite à la chute du pouvoir de Laurent Gbagbo, des résistants ivoiriens, comme on les appelle, jettent un regard sur leur mouvement. Ils se nomment Zap Krasso, Willy Bla, Christine Zékou et Abel Naki pour ne citer que ceux là. Ici le décryptage de Abel Naki.
Étant dans la diaspora, plus précisément en France, nous avons appris avec désolation ce qui se passait en Côte d’Ivoire, après les élections présidentielles de 2010. Nous avons tous été scandalisés de savoir le palais présidentiel de notre pays bombardé sans que la communauté internationale ne dise mot. La souveraineté de la Côte d’Ivoire lui avait été arrachée par l’action militaire engagée par la France de Nicolas Sarkozy.
Poussés par notre orgueil patriotique, notre attachement aux valeurs de la République et aux principes de l’indépendance et de la démocratie; nous avons, avec le CRI-Panafricain spontanément pris nos responsabilités ici en Europe, et nous avons étendu nos actions partout pour dénoncer l’injustice et pour la restauration de l’image du Président Gbagbo, mais surtout pour l’éclatement de la vérité.
Car le président et son défunt régime avaient été victimes d’une vaste campagne de dénigrement médiatique à l’échelle mondiale. Nous avons mené bien de marches, meetings et autres conférences en Europe et même aux USA, devant la maison blanche.
Aujourd’hui, 6 ans après, nous regardons dans le rétroviseur et nous voyons que la lutte que nous avons menée jusqu’ici a bien porté des fruits, même si malheureusement, il y a des points négatifs à relever.
Des querelles intestines, interminables ont très souvent eu raison de notre lutte. Vous pouvez vous même le constater ! Des batailles de leadership se sont incrustées entre les différents leaders qui menaient cette lutte ici.
Entre 2011 et 2014 en effet, la plupart des exilés qui étaient aux Ghana et autres pays voisins de notre pays ont émigré en France et cela a participé à la dislocation, voire à la dispersion des forces dans la diaspora.
Il faut le dire, ces points négatifs sont en réalité des choses auxquelles nous ne nous attendions forcément pas, tellement nous avions mis en avant notre amour pour la patrie et notre détermination à ramener la paix chez nous par l’éclatement de la vérité.
De plus, depuis la décision de la CPI de mener un procès en bonne et du forme pour cette affaire, la lutte a pris une nouvelle tournure, vu que le procès en question prendra plusieurs années.
Nous nous sommes donc posé la question de savoir : que faisons-nous pendant tout ce temps ?
Aujourd’hui vous remarquerez que les stratégies sont diverses et chacun tente de son côté ce qu’il pense être la solution meilleure. Mais la bonne nouvelle n’est malheureusement pas dans les prises d’initiatives solitaires. Par contre, nous sommes satisfaits lorsque nous savons qu’aujourd’hui, partout en Côte d’Ivoire et ailleurs dans le monde, le nom de Gbagbo ne soit plus associé à celui d’un bandit, un despote mais plutôt à celui d’un démocrate dans l’âme.
La vérité a été rétablie dans les consciences collectives. Nous sommes à l’étape du procès qui continue de faire des surprises. Il se déroulera sur plusieurs années certes. Mais nous restons confiants qu’à l’issu de ce procès, le président Gbagbo et le ministre Charles Blé Goudé seront relaxés. Il ne faut pas l’oublier. 6 ans après, le régime de monsieur Ouattara a démontré qu’il était incapable d’apporter le minimum aux ivoiriens, afin de leur permettre d’avoir une vie descente. En témoignent les grèves à répétition dans l’administration, dans l’armée, dans l’éducation, dans l’agriculture, le transport etc.
Depuis la diaspora, nous avons une oreille attentive sur les réalités des ivoiriens qui n’ont plus les moyens de s’offrir ne serait-ce que deux repas par jour. Les ivoiriens vivent dans la misère parce que la Côte d’Ivoire est en crise. Le régime Ouattara a échoué et c’est à nous, maintenant de proposer des solutions idoines afin de changer le destin des ivoiriens. C’est pourquoi je voudrais appeler toute l’opposition ivoirienne à réussir le sacrifice ultime en s’unissant véritablement, laissant derrière nous nos querelles personnelles, afin de pouvoir trouver l’adhésion et la confiance du peuple. C’est seulement à cette condition que nous pourrons changer le destin des ivoiriens. Sinon toutes autres initiatives solitaires seraient encore et encore vouées à l’échec.
Abel Naki, président fondateur du CRI Panafricain
Le titre et le chapeau sont de la rédaction de Afrikipresse