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    Côte d’Ivoire : 3 millions de voix pour Ouattara ou les clés pour comprendre le scrutin

    Côte d’Ivoire : 3 millions de voix pour Ouattara ou les clés pour comprendre le scrutin
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 7 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    À jours J-11 de l’élection présidentielle du 25 octobre 2015, et 4 jours après l’ouverture de la campagne la tension est dans les camps. Certains adversaires du président sortant et candidat, hésitent encore, quand ils ne retirent pas en cours de route. Pendant ce temps en plus de sa campagne, Alassane Ouattara, qui est toujours le président en exercice et le garant de la sécurité des Ivoiriens, doit aussi faire face à des défis et menaces d’ordre sécuritaire, sans oublier les incertitudes qui planent, comme pour toute élection, sur les résultats du scrutin du 25 octobre prochain, qui n’est pas du tout plié, contrairement aussi bien à des allégations propagandistes du camp Rhdp, que des critiques radicales d’une partie de l’opposition.

    Plusieurs types de menaces existent encore , ou peuvent faire jour d’ici le 25 octobre 2015. Dans les état-major politiques, les uns s’en remettent à Dieu et aux prières , tandis que d’autres rêvent toujours d’une grande révolte populaire à la Burkinabè , pour tout balayer et tout changer. Une sorte de grand soir, qui permettra alors de tout recommencer à zéro , en mettant hors jeu Ouattara et les autorités actuelles.

    Des intentions putschistes et destabilisatrices sont même prêtées à d’anciens Fds en exil, ainsi qu’à quelques miliciens infiltrés à Abidjan. Des informations parvenues aux services ivoiriens , dans le cadre de l’opération de sécurisation de l’élection dénommée «Aube Nouvelle».

    De leur côté des partisans du diplomate Amara Essy , conduits par Docteur Prao Séraphin veulent occuper les rues à partir du 15 octobre 2015, jusqu’à la satisfaction complète des revendications de leur candidat, en vue de son retour éventuel dans le processus électoral.

    Cette manière de faire peut constituer une tentative de perturbation du scrutin.

    Toutefois supposons que toutes ces menaces avérées ou virtuelles soient totalement jugulées , maîtrisées et neutralisées, est-ce pour autant que les équipes de campagne du candidat du Rhdp doivent dormir sur leurs lauriers?

    En vérité, les acteurs de la campagne du candidat Ado, devront s’atteler à mobiliser l’électorat et à faire face à d’autres types de menaces sur le taux de participation. Des menaces susceptibles d’entacher la victoire d’Alassane Ouattara.

    Ceux qui n’iront pas voter quoi qu’on fasse

    Les irréductibles pro Gbagbo ou rien ne sont pas prêts à lâcher prise. Agissant en fonction des appels de la Haye, ou quelques fois d’Accra, ces irréductibles cherchent à comptabiliser le taux de participation pour revendiquer des chiffres – du désert électoral – alors qu’ils n’ont même pas encore appelé officiellement au boycott de l’élection. Certains se cacheront peut être pour violer les consignes, pour voter Affi par exemple si on leur demande de voter Banny ( ce qui est considéré comme de la provocation par les purs et durs) , mais il se trouvera toujours des pro-Gbagbo pour tenter de spéculer sur le rejet et l’impopularité de Ouattara, au vu du taux de participation. Comme le taux de participation n’a aucune incidence sur la validation du scrutin contrairement à d’autres pays, les équipes du Rhdp, apprend-t-on, ont déjà apprêté la riposte au niveau des réponses, avec l’argument du faible suffrage obtenu par Laurent Gbagbo lors de l’élection définie comme calamiteuse par lui-même, de 2000.

    Ceux qui boudent ou traînent les pieds au Rhdp

    Au Rdr, il y’a des gens qui disent que l’affaire est pliée, que c’est déjà gagné. Au point d’oublier peut-être d’aller retirer leurs cartes d’électeurs, au point étalement peut-être d’oublier d’aller au vote. On dira simplement «oublier» pour ceux qui sont de bonne foi. Il y’a des boudeurs qui n’oublieront pas, mais qui voudront volontairement boycotter le scrutin pour faire baisser le taux de participation. Ils souhaitent certes que le candidat Ouattara gagne , mais ajoutent que ce sera sans eux afin que le staff de campagne prenne conscience qu’ils sont mécontents. Ils refusent de croire que leur mobilisation en faveur d’un vote massif sera mieux récompensée et plus entendue que leur boycott éventuel.

    Au Pdci-Rda, il s’agira de voir combien de personnes pourraient se mettre en marge de l’Appel de Daoukro, et de l’engagement personnel du président Bédié dans la campagne. Il s’agira également de voir l’impact des candidatures d’Essy Amara, Banny et Kkb sur l’électorat. Au delà des estimations, des sondages, le 25 octobre chacun fera son choix. Une donnée qui maintient tout le monde dans l’incertitude, et rend bien glorieux le jeu démocratique, quoi qu’on en dise.

    3 millions de voix pour Ouattara

    C’est fort de tous ces risques : absence d’enjeu, absence de candidats de poids, boycott des Gbagbo ou rien, menaces sécuritaires, grogne au sein du Rhdp ….., etc que des débats au sein des équipes du candidat Ouattara ont permis d’évoquer les objectifs de victoire à atteindre : réaliser une victoire au premier tour avec au moins trois millions de voix, quel que soit le taux de participation . C’est à dire qu’Alassane Ouattara doit avoir au moins trois millions de voix au soir du 25 Octobre 2015.

    Au cours des échanges certains membres de l’équipe de campagne et de mobilisation ont estimé qu’il n’y avait pas lieu de se mettre de pression, et qu’il convenait d’accepter tous les résultats qui sortiraient des urnes, l’essentiel étant de garantir la victoire.

    Les autres ont aussitôt rétorqué que le devoir de l’équipe de campagne était de se fixer des objectifs, et de se donner les moyens pour les atteindre en poussant les électeurs à sortir massivement.

    Si pour les premiers, même avec deux millions de voix, on pouvait applaudir la réélection de Ouattara, pour les seconds , il est totalement impératif d’obtenir plus de voix qu’au second tour de l’élection de 2010, au cours de laquelle le candidat du Rhdp avait obtenu 56% des voix, soit 2,4 millions.

    Ainsi Ouattara devrait pouvoir obtenir autour de trois millions de voix, selon les tenants d’une victoire éclatante face aux tenants d’une victoire simple et simpliste, qui disent que même si le candidat faisait 100% par exemple, ses détracteurs auraient toujours quelque chose à dire.

    Pour s’assurer d’ailleurs d’une vraie et incontestable victoire, un autre groupe de partisans de Ouattara rêve même d’un scénario à la Chirac face à Lepen.

    2 tours souhaités comme fermer la bouche à tous

    « Contrairement à ceux qui parlent d’une victoire au premier tour, nous pourrions arriver au second tour, comme Chirac face à Lepen, avec la victoire de Chirac au score soviétique de 80%. Cela va fermer la bouche à ceux qui parlent de scrutin truqué et voilé. Bon, c’est vrai qu’il ne faut pas tenter le diable, mais dans le cas ivoirien, un second tour n’est ni dangereux ni périlleux pour Ouattara. C’est même mieux qu’une victoire prévisible au premier tour, et pouvant être considérée comme de la tricherie», commente Yaya Traoré un cadre pro-Ouattara, qui estime qu’il faut un taux de participation oscillant entre 50 et 65 % ( ce qui serait selon lui, une performance extraordinaire dans le contexte actuel) , pour que son candidat réalise dès le premier tour, l’objectif de trois millions d’électeurs et de personnes ayant adhéré à sa vision.

    Rien n’est encore joué

    En 2010 chaque camp criait victoire, et les jeux ne semblaient pas faits totalement, même si plusieurs sondages et quelques analystes et observateurs ( et non des moindres) donnaient Laurent Gbagbo favori. Cette année, des candidats jettent l’éponge et abandonnent, sous prétexte que les jeux sont déjà faits, que le scrutin est biaisé et saboté.

    N’est-ce pas un mépris pour le suffrage universel que de penser que le 25 octobre 2015, les électeurs se déplaceront pour rien?

    Ne s’agit-il pas d’une imposture que de pretendre que la Cei, la Cedeao, l’Union africaine, l’Onuci, l’Union européenne, les diplomates accrédités dans notre pays sont tous en intelligence avec Ouattara, pour spolier les ivoiriens de leur expression dans les urnes ?

    Et pourtant tant de menaces et tant d’incertitudes planent encore sur l’issue des résultats qui sortiront des urnes.

    Même si très peu parient un second tour, ( alors que celui qui lance un tel défi au loto ou dans un concours de pronostic, peut devenir un milliardaire ) , tout porte à croire que le destin de chaque candidat ne sera manifestement joué que dans la journée du 25 octobre 2015.

    Contrairement aux candidats qui se sont retirés, n’est ce pas cela que Charles Konan Banny a perçu.

     

    Ainsi tout en maintenant son appel au dialogue, il ne retire pas sa candidature, et est convaincu qu’en cas de vote protestataire massif , il sera bien difficile, comme cela fut impossible pour Goodluck Jonathan au Nigeria, pour le président Ouattara et la Cei, de tripatouiller les résultats.

    En politique, comme en football particulier ou en sport en général , l’arbitre a beau être partial et partisan, mais rien ne peut contre le talent de la meilleure des équipes.

     

    Charles Kouassi

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